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Fashion Week : Balmain peut rebondir malgré le vol de 50 pièces de sa collection printemps-été 2024, estiment des experts

Une cinquantaine de pièces de la collection que le styliste Olivier Rousteing, D.A. de Balmain, devait présenter lors de la Paris Fashion Week printemps-été 2024, le 27 septembre, ont été volées ce week-end. Une enquête a été ouverte et confiée à la police judiciaire de Seine-Saint-Denis.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5min
Balmain automen-hiver 2023-24 à la Paris fashion Week; le 1er mars 2023 (JULIEN DE ROSA / AFP)

En dépit du caractère inédit et "exceptionnel" du vol de 50 pièces de la collection Balmain 10 jours avant la semaine parisienne de la mode, il est réaliste de maintenir le défilé printemps-été 2024 et de refaire la collection, estiment les experts interrogés par l'AFP.

Y a-t-il déjà eu des précédents ?
Le vol en bande organisée réalisé pendant le transport de l'aéroport de Roissy au siège de Balmain, à Paris, dévoilé par le styliste de la maison Olivier Rousteing, est "exceptionnel", estime Serge Carreira, maître de conférences à Sciences Po, spécialiste du mode et du luxe. "Il peut y avoir des colis qui se perdent lorsqu'ils sont envoyés par un sous-traitant" mais le nombre de pièces volées est "impressionnant".

En 2011, le créateur américain Marc Jacobs s'était fait voler l'intégralité de sa collection dans un train entre Paris et Londres mais après le défilé.

Est-il réaliste de refaire la collection ?
"Je suppose que la maison a un plan B et c'est bien que le défilé n'ait pas été annulé. Il ne faut pas que ce genre de situation nous empêche d'avancer", estime Blenda Clerjon, directrice pédagogique à l'Institut français de la mode (IFM). "C'est impossible de ressortir 50 pièces telles que c'était mais ce ne sera pas de qualité moindre. Balmain a suffisamment de ressources pour trouver comment remplacer des pièces et rester dans le haut de gamme", poursuit-elle.

Serge Carreira souligne, pour sa part, que les modèles volés sont des prototypes, "l'aboutissement du processus" créatif et les patrons existants permettraient de refaire les vêtements. "La maison Balmain a des ateliers, ils ont des sous-traitants, un réseau d'artisans. En mobilisant le maximum de forces, il est possible de réaliser cela", estime-t-il.

Interrogée par l'AFP, la maison s'est contentée de maintenir le défilé à la date prévue : le 27 septembre à 20H.

Combien de temps faut-il pour développer une collection ?
Entre trois mois, pour les grandes maisons avec des rythmes rapides et de nombreuses équipes, et six à sept mois pour les plus petites maisons, selon Serge Carreira. "C'est un processus créatif évolutif, presque au fil de l'eau. Cela peut aller très vite si un modèle correspond immédiatement à ce que le créateur recherche. Mais il n'est pas rare qu'on décide d'apporter des modifications", en rajoutant les manches, changeant le tissu, allongeant ou raccourcissant..., explique-t-il.

À l'échelle d'une collection, que représentent 50 pièces ?
"C'est énorme, ce sont des heures et des heures de travail", souligne Blenda Clerjon en ajoutant qu'un défilé de prêt-à-porter présente en moyenne 65 looks. "Cela dépend de la nature de la pièce : une robe est égale à un look. Avec des vestes, pantalons, chemises ou mailles, on est sur deux ou trois pièces qui vont faire un look", détaille Serge Carreira. Il est difficile à dire si les pièces volées représentaient "20% ou 80% de la collection". Mais le nombre est "consistant".

Quel intérêt présentent ces pièces pour les voleurs ?
Pour Blenda Clerjon, "ce sont forcément des vêtements magnifiques, si on connaît les collections Balmain, il y a un savoir-faire sur les broderies, sur l'embellissement de la pièce". Mais ce n'est pas considéré comme une pièce Balmain "si cela n'a pas été présenté pendant la Fashion Week. Cela n'a pas de valeur", affirme-t-elle.

"Quand il s'agit de prototypes qui ont défilé et qui deviennent des pièces iconiques, elles ont une valeur extrêmement importante. Mais là, j'ai du mal à imaginer quelqu'un qui va chercher à faire énormément de promotion aux modèles volés", renchérit Serge Carreira. Si pour les bijoux volés, il y a la valeur de la pierre sur le marché noir, "la valorisation d'une broderie, c'est plus compliqué", ajoute-t-il. "Peut-être s'imaginaient-ils voler 50 paires de baskets facilement vendables sur les réseaux ?"

Est-il normal que les pièces soient arrivées par avion ?
"Cela ne me choque pas. Cela peut arriver de l'Europe comme cela peut arriver du sud de la France", souligne Blenda Clerjon. "Les pièces voyagent, elles bougent, on ne peut pas tout fabriquer à l'atelier à Paris. Parfois, pour gagner du temps, on le fait fabriquer en Europe".

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