Fashion Week masculine printemps-été 2025 : coups de coeur pour Louis Vuitton, Walter Van Beirendonck et Issey Miyake
Pour prolonger le plaisir de cette semaine masculine printemps-été 2025, voici expliquées, les collections de trois créateurs coups de cœur : Louis Vuitton, Walter Van Beirendonck et Issey Miyake.
Louis Vuitton : universalisme et diversité
Un an après son premier défilé sur le Pont-Neuf, le show de la troisième collection de Pharrell Williams pour Louis Vuitton s'est déroulé sous le symbole des drapeaux des Nations dans un haut lieu du multilatéralisme, le palais de l'Unesco - l'agence onusienne en charge de l'éducation, de la science et de la culture. Une vidéo du collectif Air Afrique avait annoncé la couleur : des enfants représentant la future génération de diplomates écoutant un discours de l'écrivain Aimé Césaire sur l'identité et l'universalisme : "en accord avec cet universalisme se trouve l'impératif de penser l'humanité unie". Intitulé Le monde est à vous, ce défilé voulait aussi symboliser l'union des LVERS, les amis de la marque, venus des quatre coins du monde.
Sur la musique d'un orchestre symphonique, le créateur américain a opté pour un show audacieux sur le thème de l'universalisme et de la diversité des couleurs de peau, des plus noires aux plus claires : les premiers mannequins noirs sont vêtus de noir, les métisses en marron, les Caucasiens en beige ou blanc avant un final multicolore pour une planète pour tous. Cette collection "célèbre les humains qui cohabitent sur terre" et "l'esprit d'union" avec des humains de "la même chair et du même sang", selon le communiqué de la marque. Côté silhouettes, des costumes de diplomate dont certains brodés aux fils d'argent, des bombers en cuir XXL capuche, un nouveau damier pixélisé bleu et vert superbe comme les couleurs d'une mappemonde et toujours des accessoires - casquette, lunettes, sacs et malles dont un sublime modèle monogrammé tout rouge.
Walter van Beirendonck : pop et enthousiaste
Créateur basé en Belgique, Walter van Beirendonck présente ses collections masculines depuis 1983. Il adopte, depuis toujours, une démarche stylistique originale entre artwear et inspiration ethnique à base de graphisme agressif et de couleurs flamboyantes avec en toile de fond un message politique. Ses défilés créatifs et excentriques font sensation à Paris et sont suivis par la profession, car ils racontent des histoires et interpellent l'opinion. Ainsi, pour l'automne-hiver 1995-96, les hommes couverts de latex de la tête aux pieds évoquaient des préservatifs géants et les ravages du sida. Utilisant le podium comme scène d'engagement politique, le créateur exprime, avec des créations – haut en couleur, fantaisistes et humoristiques – des idées fortes. Si les non-initiés se retiennent de rire, les journalistes et acheteurs savent, eux, qu'à travers ses collections, il parle des comportements vestimentaires comme des dérives de la mode ou des maux du monde avec cette approche ludique et faussement naïve.
Sa collection intitulée I have seen the future est, une fois de plus, un manifeste comme l'indique son communiqué : "Le monde explose et je rêve. Le monde explose et je suis heureux. Le monde explose et je danse. Dans le monde d’aujourd’hui, tout semble infiniment dramatique". Pour le créateur, dont le carton d'invitation arborait une figure ronde souriante, il est important de continuer "à trouver notre bonheur", de croire en tout ce que nous faisons d'où l'idée de prendre la figure du clown comme emblème : "Un personnage familier, heureux et triste, essayant d’unir les côtés opposés du cirque. (...) Charlie Chaplin et la silhouette d'un petit haut avec un énorme bas. Je n'arrêtais pas de fantasmer à ce sujet". Dans cette collection, le micro côtoie le maxi et le mini le grand pour deux modes opposées dans une palette de tons rose camaïeu et bleu ciel avec points 3D, patchs bombés, chaussures à pois. Un défilé de 40 mannequins avec un aperçu exclusif de la collection capsule G-Star RAW X Walter Van Beirendonck : "Cela fait des années que je réfléchis à des méthodes nouvelles et innovantes pour assembler des vêtements. G-Star et moi avons trouvé un moyen de développer des pièces sans couture. Les vêtements ont été collés ensemble et finis avec du ruban rouge. Un pur savoir-faire moderne et avant-gardiste." Et surtout une invitation à s'amuser et à sourire !
Issey Mikaye : dans le vent et poétique
Depuis 2018, à la Fashion Week, le couturier japonais privilégie sa ligne Homme Plissé, plus adaptée au style de vie d'aujourd'hui que sa ligne principale Issey Miyake Men. Avec sa technique de plis et sa matière infroissable et légère à séchage rapide, elle plaît aux hommes branchés affectionnant ce vestiaire facile à vivre. Au départ, la version féminine du plissé, destinée aux danseurs, fut produite pour le ballet The Loss of Small Detail en 1991 avant le lancement de la ligne en 1993. La ligne masculine a été lancée au Japon en 2013 et en France l'année suivante. Ce vestiaire moderne, urbain et sportif, est né de l’envie de créer des vêtements permettant une liberté de mouvement. Les recherches du designer Issey Miyake sur le plissage ont commencé en 1988. Son concept s’appuie sur le mouvement grâce au plissé qui apporte élasticité au vêtement, le confort avec une matière conceptuelle et technique et la modernité qui apporte une vision contemporaine.
Une collection Issey Miyake n'est jamais le fruit du hasard mais toujours celui de recherches poussées : présentée au Mobilier national, Homme Plissé Up, Up, and Away puise son inspiration dans le vent. "Une rencontre avec l’air en mouvement : Tout ce qui peut se sentir, se tenir et se mouvoir, Et lui donner forme" indique la maison. De l’utilisation de matières légères, au travail sur le volume des silhouettes, la conception et la fabrication de la collection ont été pensées pour faciliter la façon de porter des vêtements qui réagissent et prennent vie au gré des mouvements de l’air. Les mannequins défilaient au milieu d'une installation très poétique de Vincent de Belleval composée de structures blanches réagissant au vent. On a aimé plus particulièrement les vêtements de la série Kite qui s’inspirent d’un cerf-volant et peuvent être modulés grâce au système de fermeture à boutons. Le design des bretelles des manteaux et vestes courtes de la série Parachute ressemble, lui, au harnais d’un parachute pour que l’air circule lorsqu’ils sont portés et qu'ils gonflent. À noter une pratique ceinture intérieure qui permet de les rouler et les attacher, les rendant transportables.
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