L'unisexe est "naturel" : Charles de Vilmorin impose sa marque à la semaine de la haute couture
Le jeune couturier - issu de la famille Lévêque de Vilmorin - célèbre le premier défilé de sa marque pour la semaine de la haute couture à Paris. Après un bref passage comme directeur artistique de la maison Rochas, le couturier de 26 ans, qui présidera en octobre le festival international de mode à Hyères, se dit "soulagé" de n'en faire qu'à sa tête pour sa propre marque.
Le défilé, accompagné d'un pianiste live et qui se décline en trois actes, est une réflexion sur le processus de la création. La première partie, exclusivement blanche avec de grands chapeaux en forme de cygne, symbolise "la recherche". Dans la deuxième, on retrouve couleurs, imprimés, fleurs et grands volumes. Avant de conclure sur "quelque chose de sophistiqué et mature, plus construit et structuré", tout en noir.
"Si les autres ne le font pas forcément, il faut que je le fasse."
Dans ce vestiaire "unisexe", il y a des looks masculins "comme toujours dans ma démarche", dit Charles de Vilmorin, qui a reçu l'AFP dans le salon de son appartement-atelier encombré de pièces de la collection, tandis que ses jeunes collaborateurs étaient en train de coudre un manteau. La chose est commune pour les collections du prêt-à-porter, pour la grande majorité mixtes, sauf dans les grandes maisons comme Dior ou Vuitton qui ont un directeur artistique dédié femme et homme. Mais la haute couture, avec ses robes de soirée et talons vertigineux, était jusqu'ici un privilège des femmes.
"Si les autres ne le font pas forcément, il faut que je le fasse. Dans la vraie vie, il y a énormément d'hommes qui portent de la haute couture", souligne Charles de Vilmorin. Mettre les hommes en avant, "ce n'est pas une volonté de faire différemment, c'est une sorte de normalité, c'est extrêmement naturel pour moi". "L'unisexe veut dire qu'une pièce peut être portée par une femme comme par un homme. C'est plus une question de casting que de vêtement", enchaîne le styliste.
Aidé des étudiants de l'Institut français de la mode
Comparé à Yves Saint Laurent en raison de sa silhouette longiligne et de son visage fin, Charles de Vilmorin a un parcours riche et atypique. Il veut tourner la page de Rochas tout en reconnaissant que cette expérience était "très enrichissante". "J'y suis arrivé très tôt, sans trop d'expérience. C'était la meilleure école pour mettre les pieds dans le plat et apprendre comment construire une collection et la faire vivre après", raconte-t-il. Entrer dans une maison historique en perte de vitesse, et qu'il était censé dépoussiérer, "a été très stimulant, un peu plus compliqué vers la fin", admet-il. Sans s'interdire de travailler à l'avenir pour une grande maison, sans abandonner sa marque. "J'ai envie de grandir et je suis ouvert à toutes les propositions. (...) On peut aussi grandir dans le cadre d'une petite maison", dit-il.
Il travaille toujours avec des amis qui avaient participé à préparer les précédentes collections couture présentées virtuellement pendant le Covid. Ce sont les étudiants de l'Institut français de la mode (IFM) qui l'ont aidé à réaliser les imprimés comme un "tatouage", une manière "plus artisanale" que d'imprimer sur le tissu. Il y a une vraie "osmose" avec ses équipes, qui travaillent chez lui dans une pièce transformée en atelier et décorée de ses croquis. "On s'entend bien, mais on se marche un peu dessus. L'appartement, qui me paraissait grand avant, me semble minuscule", sourit Charles de Vilmorin. "Pour cette première collection, c'est très bien que cela se passe comme ça".
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