La London Fashion Week a joué les codes du passé : mailles de grand-mère, adolescence rebelle, sorcières modernes

Pour les 40 ans de la semaine britannique de la mode, Londres tente, jusqu'au 20 février, de faire oublier sur les podiums un contexte économique morose pour les jeunes designers.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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JW Anderson automne-hiver 2024-25 à la London Fashion Week, le 18 février 2024. (HENRY NICHOLLS / AFP)

De la douceur nostalgique, des minijupes d'écolière, des créatures corsetées de latex : les styles se sont entrechoqués au troisième jour de la plus iconoclaste des Fashion Weeks, à Londres, où sont présentées les collections automne-hiver 2024-25.

Tendres mailles

L'une des têtes d'affiche de cette semaine de la mode londonienne, le label JW Anderson, présentait des tenues semblant tirées du décor d'une chambre de grand-mère, faites de maille douce et fluide, complétées par des perruques grises bouclées portées par certains mannequins, qui défilaient dans l'immense gymnase du Seymour Leisure Centre.

Aux pulls en crochet surdimensionnés, crème ou anthracite, ont succédé des robes faites d'étoffes transparentes rappelant des draps entortillés ou attachées par des cordons de rideaux, dont les pampilles tombaient sur les poitrines.

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Le protégé du groupe LVMH Jonathan Anderson, également directeur artistique pour la maison espagnole Loewe, présentait cette saison devant un parterre de célébrités, dont les comédiens Asa Butterfield et Ashley Park, respectivement connus pour leurs rôles dans les séries à succès Sex Education et Emily in Paris, ou encore l'icône de la mode Alexa Chung.

Modernes reliques

Le styliste Eudon Choi s'est lui inspiré d'une fresque patinée par le temps sur l'un des murs de la cité antique de Pompéi, presque réduite en cendres par l'éruption du Vésuve. Semblables à des reliques du temps passé, les mannequins défilaient sur la musique d'un piano à queue installé au milieu d'une salle du Hellenic Centre de Londres.

Le créateur, né en Corée et formé à Londres, a pourtant su insuffler de la modernité dans les dos nus et épaules asymétriques, jupes transparentes piquetées d'ornements argentés, cagoules d'aviateur et robes de maille fluide, de soie et de velours, dans les tons de la cité antique : anis, vieux rose, blanc cassé ou cobalt.

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Le créateur d'origine américaine Conner Ives, diplômé de l'école de mode Central Saint Martins à Londres, veut dénoncer le gâchis matériel du monde moderne.

Jerseys sportifs noués sur les épaules, imprimés de motifs de grosses fleurs dans le style des années 2000, paréos et bandanas très sixties, paradent sous les moulures de l'hôtel Savoy. En mettant en avant une mariée brandissant des écouteurs filaires, le designer veut interroger "les objets sans but", produits et jetés au fil des besoins et des envies "de notre société capitaliste", détaille-t-il dans les notes accompagnant sa collection.

Conner Ives automne-hiver 2024-25 à la London Fashion Week, le 18 février 2024. (HENRY NICHOLLS / AFP)

Les cartons destinés aux invités donnaient le ton : dans l'un des clubs gay les plus mythiques de Londres, le Heaven, Sinead Gorey a présenté une collection inspirée de l'expérience adolescente britannique dans les années 2000.

Sinead Gorey automne-hiver 2024-25 à la London Fashion Week, le 18 février 2024. (HENRY NICHOLLS / AFP)

"À l’époque, les tartans des jupes différaient selon les écoles", se rappelle avec délice la créatrice dans un mot d'introduction distribué au public. Sur fond de musique techno, de bruits de cour de récréation et de sonnerie de téléphone Nokia, les motifs tartan vert, orange et mauve et du drapeau britannique se déclinent en mini-jupes et en voilages, les Walkmans se scotchent à la tempe des mannequins et les cravates rayées deviennent des tailleurs ; jusqu'à ce que la drag-queen Bimini Bon Boulash clôture le défilé sous des applaudissements nourris.

Envoûtantes créatures

La très attendue designer turco-britannique Dilara Findikoglu a conclu ce week-end par une procession célébrant les corps féminins, dans l'ambiance gothique de l'église des jardins de Mark Street. Dans un univers de latex rouge et noir, de corsets lacés et de cuir armaturé, d'intimidantes créatures déambulent, juchées sur des escarpins métalliques, sur une musique techno hypnotisante. "Ce sont mes femmes sorcières", a déclaré à l'AFP Dilara Findikoglu quelques minutes après son show. Elle dit avoir imaginé un "ordre nouveau", un monde "où il n'y a ni frontières, ni genres, ni temps : rien".

Pourtant prisée d'icônes comme Lady Gaga, Margot Robbie et Madonna, la créatrice n'avait pas défilé à la semaine de la mode londonienne de septembre 2023, expliquant dans un entretien au New York Times ne pas avoir les fonds nécessaires.

Dilara Findikoglu automne-hiver 2024-25 à la London Fashion Week, le 18 février 2024. (HENRY NICHOLLS / AFP)

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