Mode éco-responsable : les orties du prince Charles sur les podiums à Londres
Le prince Charles a offert les orties de son jardin à un duo de stylistes pour en faire des vêtements, attendus sur les podiums à Londres
Le prince Charles a fait une incursion inattendue dans la mode en donnant les orties de son jardin au duo de stylistes Vin + Omi, qui en ont fait robes et manteaux, des créations écolos qui étaient présentées lors d'un défilé le mardi 17 septembre.
Les deux stylistes, pionniers de la mode durable, ont rencontré l'an dernier le prince de Galles, depuis longtemps féru d'écologie. "Nous discutions des différentes plantes sur lesquelles nous faisions des recherches, comme les orties, le raifort ou le cerfeuil sauvage et il nous a dit : 'J'ai plein d'orties à Highgrove House (ndlr: la résidence de campagne du prince Charles), pourquoi ne pas venir les prendre ?", a raconté à l'AFP Vin, la moitié britannique du duo.
C'est ainsi qu'a débuté une collaboration improbable entre un membre de la famille royale et des stylistes qui se décrivent comme "très punks" et se cachent derrière de grandes lunettes de soleil. "C'est une union très bizarre", avoue Vin. Mais le prince Charles est "époustouflant" assure Omi, styliste originaire de Singapour. "Les discussions sur l'environnement le captivent".
Un manteau en ortie qui ressemble à de la laine
Le résultat de ce partenariat insolite a été présenté au Savoy Hotel, au coeur de Londres, en marge de la Fashion Week.
Le défilé a débuté au mot d'ordre "Stop fucking the planet" ("Arrêtez de foutre en l'air la planète"), un message inscrit sur plusieurs tenues, sur lesquelles figurait aussi le symbole anarchiste, un A entouré d'un cercle. Anars, les deux stylistes sont pourtant fans du Prince Charles. Il est "époustouflant" assure Omi, originaire de Singapour. "On ne penserait pas qu'un futur roi d'Angleterre s'intéresserait à ces questions" mais en réalité, "les discussions sur l'environnement le captivent".
Parmi les pièces au défilé, un élégant manteau beige ressemblant à de la laine mais créé avec plusieurs milliers de plants d'orties. Les plants ont été collectés par une équipe d'étudiants de l'université Oxford Brookes puis débarrassés de leurs feuilles. Les deux stylistes ont développé une technique pour transformer les tiges en fibre duveteuse, blanchie avec des produits naturels qui ne nuisent pas à l'environnement. Un travail qui prend du temps.
Plantes urticantes, les orties sont souvent vues comme de mauvaises herbes mais "dans les temps anciens elles étaient utilisées par les gens sans terre pour faire des vêtements", observe Vin.
Le V&A Museum s'intéresse à la mode éco-responsable
Avec le jardinier en chef de Highgrove House, située dans le Gloucestershire (sud-ouest de l'Angleterre), le duo s'intéresse aussi à la façon dont d'autres éléments du parc voués à être jetés, des sacs à végétaux ou des pots de fleurs, pourraient être utilisés de manière créative. Du bois venant de la propriété du prince Charles a déjà été récupéré pour concevoir des bijoux que les mannequins portaient au défilé.
Parmi les autres créations présentées par Vin + Omi, des vêtements créés à partir de plastique collecté dans les fleuves et océans et réutilisé.
Le Victoria and Albert (V&A) Museum, grand musée d'art et de design à Londres, compte acquérir certains de ces habits pour enrichir sa collection permanente consacrée à la mode durable.
Du cuir de champignons
Au moment où l'urgence climatique fait la une des médias, les créations de Vin + Omi semblent s'inscrire dans l'air du temps. Mais ça n'a pas toujours été le cas. "Il y a 20 ans, quand on a passé notre diplôme, on nous prenait pour des hippies, mais on pensait bien que la mode durable serait un jour une question importante", se rappelle Omi, 43 ans. Le mouvement écologiste Extinction Rebellion, qui a organisé des manifestations aux abords de la Fashion Week est "génial", estime-t-il.
"Ils font ce qu'il faut faire en mettant la pression sur les institutions", ajoute-t-il, estimant que l'industrie de la mode ne fait pas grand-chose, excepté du "green washing", des mesures superficielles pour se donner une bonne conscience en matière de protection de l'environnement. "Nous, on se rebelle en allant à l'intérieur du système et en montrant ce qu'on peut faire", plaide-t-il.
Le duo travaille sur une quarantaine de projets, du Royaume-Uni à la Chine en passant par les Etats-Unis où ils transforment le plastique collecté dans le fleuve Hudson à New York en T-shirts distribués localement. Ils explorent l'usage d'autres matières naturelles comme les marrons et les champignons à partir desquelles ils essaient de fabriquer du cuir.
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