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"Nous sommes toutes clitoridiennes" : à la Fashion Week hiver 2020-21, Maria Grazia Chiuri pour Dior s'attaque aux stéréotypes patriarcaux

Après le défilé haute couture de janvier, dans le ventre d'une déesse imaginé par l'artiste féministe Judy Chicago, interrogeant le rôle des hommes et des femmes, Maria Grazia Chiuri reprend cette réflexion dans son défilé prêt-à-porter. Elle met en valeur l'autrice Carla Lonzi avec un regard contemporain sur le discours patriarcal qu'elle dénonçait.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Défilé Dior pap féminin automne-hiver 2020-21, lors de la Paris Fashion Week, le 25 février 2020 (PETER WHITE / GETTY IMAGES EUROPE)

Se rebeller contre les stéréotypes patriarcaux : le 25 février, Maria Grazia Chiuri, la créatrice italienne de Dior, a traduit en défilé son journal intime d'adolescente, écrit en pleine libération de la femme dans les années 1970.

Inspirée des années passées à l'atelier de couture de sa mère à Rome, où elle voyait les femmes s'affirmer à travers les vêtements, la collection a été présentée dans une installation imaginée par le collectif artistique Claire Fontaine. Les idées de la féministe italienne Carla Lonzi ont été transposées en inscriptions lumineuses.

"Partiarchy kills love", "When women strike, the world stops" ou "We are All Clitoridian Women"

Le podium est fait de pages du journal Le Monde collées sur le sol, manière de rappeler que les combats lancés il y a cinquante ans sont toujours d'actualité.

"Consent" (consentement) a clignoté tout au long du défilé à l'esprit seventies mais avec des proportions modernes devant un parterre de célébrités parmi lesquelles les actrices Demi Moore, Andy McDowell, Sigourney Weaver, l'avocate nicaraguayenne Bianca Jagger, les tops Cara Delavingne et Karlie Kloss, la chanteuse et ex-Première dame de France Carla Bruni.

Défilé Dior pap féminin automne-hiver 2020-21, lors de la Paris Fashion Week, le 25 février 2020 (STEPHANE CARDINALE - CORBIS / CORBIS ENTERTAINMENT)

D'autres moments clés du féminisme ont été mis au premier plan avec des slogans comme "Partiarchy kills love" ("le patriarchat tue l'amour"), "Patriarchy=CO2", "When women strike, the world stops" ("quand les femmes font grève, le monde s'arrête) ou "We are All Clitoridian Women" ("nous sommes toutes clitoridiennes").

Défilé Dior pap féminin automne-hiver 2020-21, lors de la Paris Fashion Week, le 25 février 2020 (BERTRAND RINDOFF PETROFF / FRENCH SELECT)

Une photo de Maria Grazia Chiuri et de sa mère portant un foulard en bandeau, inspiration de la collection

"C'est une collection très personnelle. On se rend compte que toutes tes références se forment pendant l'adolescence. Ce qui m'a influencée en premier lieu c'était la libération de la femme qui a commencé à affirmer sa spécificité, sa capacité de ne pas être que mère, épouse, fille mais une personnalité sous plusieurs aspects", a déclaré Maria Grazia Chiuri à l'AFP.

Une photo où elle pose à côté de sa mère, toutes les deux portant un foulard en bandeau, est une puissante inspiration de cette collection prêt-à-porter automne-hiver 2020-21 : les bandanas accompagnent les tailleurs près du corps, les ensembles cardigan-jupe longue transparente et la mini jupe-culotte avec un poncho à carreaux blanc, noir rouille ainsi que les robes du soir...

Les bas à genoux que Maria Grazia porte sur cette photo, sur le podium se transforment en résille noir et dépassent les bottines lacées ou les chaussures Mary Jane.

"Je ne voulais pas être nostalgique, je relis mon journal intime avec ma vision contemporaine", souligne la créatrice en ajoutant que ses références à cette époque ne se traduisent pas dans "les looks" mais dans "l'attitude".

Défilé Dior pap féminin automne-hiver 2020-21, lors de la Paris Fashion Week, le 25 février 2020 (PETER WHITE / GETTY IMAGES EUROPE)

 "Culture patriarcale" omniprésente

"C'est une recherche que chaque femme doit faire individuellement mais nous devons sensibiliser les femmes pour qu'elles s'habillent pour elles, par pour les autres ou un autre et prennent leurs distances avec l'idée de la beauté féminine stéréotypée" indique Maria Grazia Chiuri. "Cette culture patriarcale est toujours très présente dans la mode", dénonce la styliste. "C'est notre rôle d'utiliser le côté populaire de la mode pour susciter la curiosité et les interrogations", conclut-elle.

Défilé Dior pap féminin automne-hiver 2020-21, lors de la Paris Fashion Week, le 25 février 2020 (PETER WHITE / GETTY IMAGES EUROPE)

Parmi les pièces à mixer, Dior propose des iconiques vestes bar cintrées, déclinées en maille ou en denim, des T-shirts sérigraphiés reprenant les slogans du décor, des pièces sportswear comme des parkas avec effet camouflage ou à franges. Les motifs "cool et intemporels" comme des pois ou des carreaux, ici à effet fumé beige ou vert, sont omniprésents et se mélangent. La silhouette est "acérée" et "simplifiée" visuellement, mais "complexe" d'un point de vue technique.

Les chaussures plates, comme de grosses bottes en caoutchouc ou des mules ouvertes aux allures de chaussons d'intérieur - qui se portent avec des robes longues habillées - sont là pour appuyer cette idée, souligne la créatrice.

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