Paris Fashion Week : le collectif AZ Factory met en avant les deux créatrices du label Colville, adeptes d'une mode anti fast-fashion

Après avoir fait appel au designer français Tennessy Thoreson, dont les créations ont été dévoilées pendant la semaine de la haute couture en janvier, c'est Molly Molloy et Lucinda Chambers, le duo du label Colville, qui collabore avec AZ Factory, pour la collection automne-hiver 2023-24, dévoilée le 6 mars à la Fondation Cartier dans le calendrier de la Paris Fashion Week féminine.

"Nous sommes heureux d'inviter Molly et Lucinda à écrire une nouvelle histoire avec nous à AZ Factory. Elles partagent une vision pointue qui a toujours valorisé les femmes d'une beauté diverse et les individus libres d'esprit", a indiqué AZ Factory. "C'est l'héritage d'Alber que nous voulons honorer ainsi que l'équipe, son ADN signifie une célébration joyeuse et le respect des femmes qui résonne avec nos valeurs", a précisé, de son côté, le label Colville.

Anti fast-fashion 

Colville est un projet cofondé par Lucinda Chambers, consultante créative et ancienne directrice artistique du Vogue britannique, et Molly Molloy, ex-directrice du design chez Marni : "notre passion est de concevoir des vêtements qui ont une individualité et une longévité, qui appellent à l'œil, à l'imagination, à la conscience et au cœur. Depuis le début nous travaillons une éthique collaborative et inclusive avec des projets sociaux de femmes à Dakar, en Colombie et au Maroc". Pour les deux créatrices "la rencontre d'esprits créatifs est le moyen de garder les choses pertinentes et excitantes !".

Considérée comme une marque anti fast-fashion depuis qu’elle a été lancée en 2018, Colville s’est forgée une réputation, via ses couleurs et ses textures, d'une garde-robe intemporelle mixant streetwear et couture : "nous sommes engagés dans le développement de la durabilité : dès le début, nous avons réutilisé et reconditionné des vêtements et des accessoires. Nous aimons l'artisanat et les compétences de fabrication et nous valorisons les gens qui les utilisent, qu'ils s'agissent des artisans qui fabriquent nos vêtements et accessoires, des artistes avec lesquels nous collaborons, des clients qui participent à nos projets". 

Une approche anti-mode qui a évolué au fil des années : "l'un de nos domaines de croissance le plus fort a été nos collaborations avec des artisans du monde entier. Nous continuons à développer nos activités, en travaillant avec une usine familiale dans le nord de l'Italie, en créant des produits de luxe, en nous concentrant sur la recherche de tissus uniques. Notre objectif est de maintenir l'artisanat en vie tout en soutenant les communautés qui enseignent de nouvelles compétences aux nouvelles générations".

Recyclage, réutilisation et invendus

Cette collaboration leur a offert la possibilité d'explorer leur intérêt pour l'innovation en matière de matériaux et de conception. Le recyclage et la réutilisation - une valeur commune partagée par les deux marques - sont au cœur de cette collection. De nombreuses silhouettes ont été réalisées à l'aide d'invendus laissées par l'ère d'Elbaz, comme cette robe en jersey avec un détail de volants sur le devant associée à des gants ailés en satin duchesse. Certaines chemises ont un mouvement supplémentaire dans le dos, des jupes s'évasent et des pantalons sont dotés de revers exagérés ou d'entrejambes tombantes. Certains drapés et détails font un clin d'œil à la couture : volants qui se transforment en manches, nœuds qui se tordent en étoles.

On note des imprimés fantaisistes et des clins d'œils au pop art : un imprimé corde avec des lignes serpentant violet et jaune brille sur une longue robe plissée, tandis qu'un autre apparaît sur des mailles double face, douces et pelucheuses, qui se déclinent en robes, jupes et tops assortis, avec bonnets et écharpes super longues. On note des sacs tissés, emblématiques de Colville, créés en collaboration avec une tribu de tisserands de Colombie avec lesquels le duo travaille depuis des années, offrant aux femmes un revenu constant.

"Des amis" à la direction artistique d'AZ Factory 

AZ Factory a été fondée par Alber Elbaz - avec Richemont en 2020 - pour "créer une mode belle, pratique et axée sur les solutions qui fonctionne pour tout le monde". En 2021, le couturier présente la première collection de cette marque de prêt-à-porter féminin, basée sur l’innovation et le respect du corps, avant de disparaître le 24 avril de la même année. En octobre, un défilé réunissant 46 créateurs est organisé : il fait, ensuite, l'objet, au Palais Galliera, d'une exposition Love Brings Love. Le défilé hommage à Alber Elbaz. 

Depuis 2022, AZ Factory a évolué en une plateforme multidisciplinaire, soutenant la création et les jeunes talents en tant que collectif créatif. Depuis le studio confie, chaque saison, les rênes de sa direction artistique à des créateurs appelés "amigos" (amis). 

Après Thebe Magugu, Ester Manas et Lutz Huelle, entre autres, la carte blanche avait été donnée au designer français Tennessy Thoreson en janvier 2023.