Harcèlement sexuel : Paul Marciano, le co-fondateur de Guess, démissionne
Le monde des créateurs a été relativement épargné par l'hécatombe déclenchée par l'affaire Weinstein et le mouvement #MeToo, à la différence de celui des photographes de mode, dont des vedettes ont été écartés : Terry Richardson, Bruce Weber ou Mario Testino.
La décision du dirigeant, mentionnée dans un document publié mardi par le gendarme américain des marchés, est intervenue après la présentation au conseil d'administration d'un rapport sur les accusations qui visaient l'homme d'affaires franco-marocain. Selon le document, le comité, composé notamment d'administrateurs indépendants de Guess, n'a pu établir avec certitude l'existence de harcèlement et d'agression sexuelle. Dans certains cas, les enquêteurs ont estimé que la version donnée par la victime présumée et celle de M. Marciano étaient toutes deux crédibles.
L'enquête a établi qu'"en certaines occasions, M. Marciano (avait) fait des erreurs dans sa communication avec mannequins et photographes". Il s'est placé lui-même "dans des situations susceptibles de susciter des accusations de comportement déplacé, ce qui s'est produit" indique le document. Bien que l'enquête n'eut pas établi que Paul Marciano s'était bien livré à du harcèlement ou à une agression sexuelle, le groupe Guess et son co-fondateur ont annoncé avoir conclu des accords amiables avec cinq personnes, indemnisées à hauteur de 500.000 dollars au total.
Paul Marciano quittera son poste de responsable de la création en 2019
Celui qui contribua à créer Guess aux Etats-Unis en 1981 a annoncé renoncer à sa fonction de président du conseil d'administration, même s'il conserve un mandat d'administrateur. C'est son frère Maurice Marciano qui lui succède. Il s'est engagé à quitter son poste de responsable de la création fin janvier 2019, après une période de transition.Des décisions saluées en partie seulement par l'avocate de quatre femmes ayant accusé Paul Marciano de les avoir agressées. L'avocate, Lisa Bloom, s'est réjouie de la démission de Paul Marciano du poste de président. Elle s'est aussi félicitée des accords à l'amiable obtenus pour ses clientes, soulignant qu'ils étaient "non confidentiels", ce qui veut dire qu'elles restent libres de parler publiquement de leurs expériences. Mais elle a souligné qu'elle et ses clientes étaient "déçues que M. Marciano reste au conseil d'administration". "Nous ne pensons pas qu'un homme confronté à des accusations aussi crédibles d'agressions sexuelles puisse diriger une société, surtout une société dont les produits sont destinés essentiellement aux femmes", a ajouté l'avocate.
Dans une interview publiée en février par le magazine Time, la mannequin Kate Upton avait accusé Paul Marciano de l'avoir harcelée et de l'avoir forcée à des attouchements à plusieurs reprises alors qu'elle posait pour des photos pour la marque en 2010. M. Marciano avait qualifié ces accusations d'"absolument fausses" et "absurdes", et assuré n'avoir jamais touché Kate Upton "de façon inadéquate".
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