Haute couture: l'hommage unique de Lacroix à Schiaparelli
Christian Lacroix a fait renaître la couturière italienne symbole de la mode parisienne des années 30, en 18 pièces uniques, présentées comme des oeuvres d'art au musée des Arts décoratifs à Paris. "Sans Elsa, jamais je n'aurais été couturier", explique-t-il. La haute couture démarre fort avec cet hommage à l'une des plus grandes créatrices de la mode au XXe siècle.
Article rédigé par franceinfo
- Corinne Jeammet (avec AFP)
France Télévisions
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Christian Lacroix, qui a quitté la mode il y a 4 ans, a voulu faire de cette collection unique "un spectacle". Le visiteur pénètre d'abord dans une cage en bambou envahie par un cerisier en fleur. C'est la même cage que celle qui était installée dans la boutique de Schiap', au 21 place Vendôme, à Paris. Il tombe ensuite sur un manège à miroirs avec en fond une musique de fête foraine.
Elsa Schiaparelli, décédée en 1973, aimait le cirque. Plusieurs des mannequins en bois posés sur le manège portent des chapeaux pointus rappelant cet univers. La couturière est partout, même si les symboles se font discrets. Pas de robe homard, comme celle sur laquelle avait peint Salvador Dali en 1937 : le crustacé apparaît sur des bijoux ou en coiffure épousant la courbe du crâne. Un seul rappel de son fuchsia vif, le rose shocking, dans une faille ou étole, qui accompagne un bustier de satin noir et un pantalon court. Les chapeaux excentriques rappellent l'influence des surréalistes sur la couturière. Une combinaison zippée de rouge souligne que Schiap' a été la première à utiliser des fermetures éclair pour les femmes. Plusieurs looks portent de grandes basques-poches, rappelant que, pendant la guerre, les femmes y mettaient leurs biens précieux. Pour Christian Lacroix, Elsa Schiaparelli "a donné une élégance à la guerre".
Il faut admirer les broderies, un turban vert émeraude, une robe à rayures noires et rose pâle en satin duchesse avec faux-cul, qui a nécessité 40 mètres de tissu et 300 heures de travail. Une ceinture orange a été faite par les ateliers du brodeur Lesage, avec qui travaillait déjà la couturière, à partir du modèle original. Il y a aussi un manteau en cachemire violet avec une large ceinture brodée.
Pour Christian Lacroix, la collection est "un mélange de malice et de mélancolie". Interrogé sur ce qui l'unit à Elsa Schiaparelli, il répond: "le goût pour le noir, la couleur, la broderie". L'association Lacroix-Schiap' "coule de source", pour Farida Khelfa, ambassadrice de la maison italienne. Elsa Schiaparelli, "c'est la conscience collective de la mode", pour l'ancienne mannequin.
Un hommage d'artiste tous les ans
Un directeur artistique devrait être nommé et une collection devrait être présentée en janvier pour les prochains défilés couture. Par ailleurs, un artiste devrait rendre hommage chaque année à la couturière, à l'instar de M. Lacroix. Cette collection ne sera pas commercialisée. "Cela m'a donné beaucoup de liberté" a dit le couturier. "Je me suis toujours senti très libre en couture, c'était peut-être ça mon malheur", a-t-il poursuivi, en référence au placement en redressement judiciaire de sa maison en 2009. "C'est une boucle qui se boucle", a-t-il encore dit.
Lacroix, une passion désormais pour les costumes de théâtre et d'opéra
Le couturier a présenté son dernier défilé au musée des Arts décoratifs en 2009, où a eu lieu, ce 1er juillet, la présentation Schiaparelli. Pense-t-il revenir dans la mode ? "Non. Ce qui m'a toujours passionné dans la mode, c'est le costume de théâtre. Mon rêve d'enfance, je le réalise maintenant". Il travaille sur les costumes de l'opéra de Wagner, Lohengrin, qui sera donné à Graz en Autriche.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.