Hôtel de ville : Paris célèbre un siècle de haute couture
L’essentiel des vêtements et accessoires haute couture présentés proviennent des collections du musée Galliera. Olivier Saillard, commissaire de l'exposition et Anne Zazzo, conservatrice en chef du musée, ont puisé dans les réserves, situées dans un lieu secret de Paris, sélectionnant une centaine de modèles haute couture sur les 10.000 en stock.
S'il n'y avait des indications sur la date et le nom du couturier, le visiteur aurait souvent du mal à deviner l'époque. C'est voulu! "Pour qu'il n'y ait pas d'un côté les anciens et de l'autre les récents", explique Olivier Saillard. "Worth-Lacroix, on ne sait plus qui est qui!" s'amuse-t-il.
En même temps que l'émergence de la ligne dans les années 20, les broderies envahissent tout, du manteau au sac à main, mais surtout sur les fameuses robes du soir que l’on porte dans les dancings et que la lumière électrique fait scintiller aux rythmes du charleston. Le modèle Bel Oiseau est typique de ces robes à danser. Réalisé par Jeanne Lanvin (1867-1946), il témoigne du goût immodéré de la couturière pour la broderie.
Dans les années 30, Schiaparelli (1890-1973) impose son style anticonformiste et extravagant, "L’Italienne qui fait des robes", selon les termes méprisants de sa rivale, Gabrielle Chanel.
Dans les années 40, Le new-look. Le 12 février 1947, Christian Dior (1905-1957) lance la première collection de sa maison de couture, fondée quelques mois plus tôt. Retour aux formes d’une féminité inspirée du siècle précédent, Dior veut sortir de l’époque des "femmes soldats aux carrures de boxeurs" qui prévalent depuis la guerre.
Vent de liberté
Les années 60 voient naître la modernité avec Cardin, Saint-Laurent, Courrèges, Paco Rabanne. Ils rompent avec les formes très dessinées des années 50 et imposent une silhouette plus plate, plus géométrique. La société insuffle un vent de liberté et transforme le vêtement: les jupes se raccourcissent, des formes plus souples s’imposent, témoignages d’une indépendance croissante des femmes.
La fin d'une époque
L'exposition s'achève sur un incroyable ensemble du soir de Cristobal Balenciaga en gazar, fleurs de taffetas et plumes d'autruche. Un des derniers modèles du couturier espagnol qui a choisi en 1968 de fermer sa maison face à l'avènement du prêt-à-porter. "C'était une manière de reconnaître qu'il y a un monde qui se termine", constate Olivier Saillard. "on ne veut pas dire qu'il porte un coup d'arrêt à l'industrie de la haute couture mais qu'il pose des questions contemporaines sur la haute couture: est-ce que la haute couture peut encore vivre? A-t-elle encore une clientèle? Est-ce que ce n'est pas un exercice médiatique? interroge Olivier Saillard.
De fait les années 70 "ont été difficiles" pour ce secteur, explique le commissaire d'exposition. Il a fallu attendre le milieu des années 80 avec l'arrivée des Lacroix chez Patou et Lagerfeld chez Chanel "pour qu'elle redevienne un sujet d'expression". Un laboratoire de création aussi depuis 1990.
Naissance d'une oeuvre
Le visiteur pourra aussi voir la naissance d'un modèle du dessin à la réalisation grâce à la maison Chanel, des carnets de collections ou des échantillons de broderies ainsi que de nombreuses photos d'atelier témoignant que la couture "se fait à plusieurs mains", selon l'expression d'Olivier Saillard.
Des mains qui se raréfient, même si le nombre des clientes a augmenté depuis 15 ans grâce à l'arrivée de commandes en provenance de Chine, du Brésil ou de Russie en plus du Moyen-Orient. 7.600 entreprises parisiennes vivent encore de la mode (tissage, fourrure, broderies, plumes, cuir) et plus de 60.000 emplois y sont directement liés. Il reste une vingtaine de maisons de haute couture. Elles étaient une soixantaine au début des années 50.
Paris Haute Couture
Hôtel de Ville - Salle St-Jean, du 2 mars au 6 juillet 2013
Ouvert tous les jours de 10h à 19h (sauf les dimanches et les jours fériés)
Entrée gratuite
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