: Interview Jean-Marie Périer, des clichés rares de sa "Fashion Galaxy"
Jean-Marie Périer a tiré le portrait aux grands noms de la mode : Azzedine Alaïa, Christian Lacroix, Giorgio Armani, Issey Miyake, Jean Paul Gaultier, Jerry Hall, John Galliano, Karen Mulder, Karl Lagerfeld, Kenzo Takada, Naomi Campbell, Stella McCartney, Thierry Mugler, Valentino Garavani, Vivienne Westwood et Yves Saint Laurent...
Reportage : E. Cornet / Y. Bodin / L. Harper / D. Fuchs
4 questions à Jean-Marie Périer
En quoi le travail de photographe est-il différent dans les années 1960 et les années 1990?
Il n’y a guère de différence puisque les photos que je fais sont toujours mises en scène. Sauf que dans les années 60, ce sont des jeunes débutants alors que dans les années 90, ce sont des adultes.
Quelles différences constate-t-on entre les créateurs des années 60 et ceux des années 90?
Les couturiers de cette époque ont la même liberté que les rockeurs des années 60, ils ont l’imagination et les moyens d’inventer leur vie. Ce sont les nouvelles rock-stars.
A quelle époque ou lors de quelle série photo, vous êtes-vous senti le plus libre?
Je me suis toujours senti libre. Lorsque l’on vient d’un journal comme "Elle" il y a très peu d’interdits. Peut-être les séances les plus détendues étaient celles avec Jean Paul Gaultier car il est lui-même un homme de spectacle.
Quelle anecdote pouvez-vous nous raconter sur la réalisation d’une des photos exposées dans le cadre de Fashion Galaxy?
Lorsque j’avais rendez-vous à Londres dans un musée pour la photo de Vivienne Westwood, elle n’avait prévenu personne que son fiancé de l’époque entrerait nu pour poser avec elle. Le directeur de l’établissement n’a pas bronché faisant comme si la chose était naturelle.
Dans les années 90, les couturiers inventaient leur vie
"En 1990, après dix ans passés aux Etats-Unis, lorsque ma soeur m’appela pour travailler pour le journal "Elle" dont elle était la rédactrice en chef, je sautai sur l’occasion. Ça ne se serait pas passé sans le désir d’Anne-Marie. Pour la rédaction, j’étais un peu trop "rock" et pas assez "couture". Et soudain je me retrouvai à nouveau dans le groupe Filipacchi et, chance unique, avec la même liberté d’imagination et de moyens que dans les années 60. En plus, les rock-stars de jadis étant devenus des pères de famille, les couturiers avaient pris le relais. Ils avaient la même fantaisie, le talent et les moyens d’inventer leur vie" explique Jean-Marie Périer.
De la photographie à la pub en passant par les longs métrages
En 1956, Jean-Marie Périer devient assistant de Daniel Filipacchi, alors photographe à Marie-Claire. Il travaille pour Jazz magazine, Paris-Match et Télé 7 Jours mais doit partir en 1960 pour faire son service militaire en Algérie. De 1962 à 1974, il est le photographe de Salut les Copains, côtoyant tous les artistes des années 60. Il travaille aussi pour des productions publicitaires.
A partir de 1975, il se consacre aux films publicitaires, à Los Angeles et à New York. Il tourne aussi des longs métrages pour le cinéma, notamment "Antoine et Sébastien" avec François Périer en 1974 et "Sale rêveur" avec Jacques Dutronc et Léa Massari en 1978. Il revient en France en 1990 et renoue avec la photo, notamment pour Elle. C’est là qu’il produit la série "L’univers des créateurs" qui lui permet de retrouver la liberté et la fantaisie dans la mise en scène qui avaient fait sa marque dans les années 60. Saint-Laurent, Armani, Tom Ford, Christian Lacroix, Gaultier, Alaïa passent devant son objectif… Parallèlement, il réalise des documentaires et séries pour la télévision. La première grande exposition consacrée à ses photos s’est déroulée à l’Hôtel de Ville de Paris en 2002.
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