Italie : les maisons de luxe Dior et Armani visées par une enquête sur les conditions de travail de leurs sous-traitants

L'autorité italienne de la concurrence enquête également sur d'éventuelles infractions au code de la consommation liées à la manière de promouvoir et de vendre de certaines entreprises des groupes Armani et Dior.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Temps de lecture : 2 min
Logo Dior dans la boutique de Rodeo Drive à Beverly Hills, aux États-Unis, le 13 novembre 2023. (JAKUB PORZYCKI / NURPHOTO / AFP)

L'autorité italienne de la concurrence a ouvert une enquête visant le groupe de luxe Giorgio Armani ainsi que Dior Italie soupçonnés d'avoir été peu regardants sur les conditions de travail de leurs sous-traitants. Des perquisitions ont été menées mardi 16 juillet avec le soutien de l'unité spéciale anti-trust et de la garde des finances italienne, au siège de Giorgio Armani et de Dior Italia, a précisé l'autorité de la concurrence (AGCM).

"Les entreprises ont mis l'accent sur la qualité et l'artisanat. Or, pour réaliser certains articles et accessoires, elles sont soupçonnées d'avoir fait appel à des ateliers et des fabriques employant des salariés payés à un salaire inadéquat", indique-t-elle. "En outre, ces salariés travaillaient plus d'heures que le maximum légal autorisé et dans des conditions de santé et de sécurité inappropriées, à l'opposé des niveaux d'excellence dans la fabrication dont les entreprises s'enorgueillissent", selon la même source.

Des communiqués "mensongers" ?

L'autorité italienne de la concurrence enquête également sur d'éventuelles infractions au code de la consommation liées à la manière de promouvoir et de vendre de certaines entreprises des groupes Armani et Dior. "Dans les deux cas, les entreprises pourraient avoir divulgué des communiqués mensongers en matière de responsabilité sociale et éthique, notamment sur les conditions de travail et le respect de la législation par leurs fournisseurs", a ajouté l'autorité de la concurrence.

Le groupe Armani a assuré dans un communiqué que "les entreprises concernées sont pleinement engagées à coopérer avec les autorités", estimant que "les allégations ne sont pas fondées" et que "l'enquête aboutira à un résultat positif". Interrogée, la société Christian Dior n'a pas commenté dans l'immédiat. Une société du groupe de luxe Armani avait été placée en avril dernier partiellement sous administration judiciaire par le tribunal de Milan pour avoir eu recours à des sous-traitants, violant le droit du travail. La société en question est la Giorgio Armani Operations spa, contrôlée et chapeautée par Giorgio Armani spa, et qui a en charge les collections et les accessoires du prestigieux groupe italien, avait précisé le tribunal dans sa décision.

Exploitation présumée de travailleurs

Selon le tribunal, la société aurait eu recours à un fournisseur, Manifatture Lombarde srl, qui aurait lui-même eu recours à des sous-traitants passant commande à des ateliers chinois actifs dans la province de Milan et employant des sans-papiers, pour la production de sacs, articles de maroquinerie et accessoires signés Armani.

En juin, un tribunal de Milan avait ordonné qu'une autre grande entreprise de mode soit également placée sous administration judiciaire pour des raisons similaires. Selon les médias, il s'agissait de Manufactures Dior Srl, une unité de Christian Dior Italia, la branche italienne du groupe de luxe appartenant au géant français LVMH. L'entreprise a externalisé la production d'une partie de sa collection 2024 de sacs et d'accessoires à des entreprises tierces, selon un communiqué de la police.

Une enquête a permis d'identifier des fournisseurs décrits comme des "entreprises chinoises, qui parvenaient à réduire leurs coûts en recourant à des travailleurs irréguliers et illégaux dans des conditions d'exploitation". Quatre entreprises de ce type ont été contrôlées, "toutes irrégulières", selon la police. Elles employaient 32 personnes, dont sept n'avaient pas les documents requis et deux étaient en situation irrégulière en Italie. Les travailleurs étaient mal payés pour de longues heures de travail et logés dans des dortoirs construits illégalement et insalubres, selon la même source.

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