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Jacquemus, ou le succès d'un autodidacte de 23 ans dans la mode
Simon Porte Jacquemus, le créateur autodidacte de 23 ans, qui connaît de plus en plus de succès, a présenté son troisième défilé au premier jour de la semaine du prêt-à-porter printemps-été 2014 à Paris. Son leitmotiv : "Je ne fais pas des vêtements, je veux créer un univers".
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"Je n'arrive toujours pas à imaginer une cliente qui se lève le matin et qui va acheter un manteau Jacquemus à 600 euros" déclare-t-il surpris. Pourtant on se presse à son défilé ; il fait l'unanimité dans les magazines féminins, de Vogue à Glamour; ses collections se vendent dans une trentaine de boutiques branchées à Paris, Londres, New York et Tokyo.
L'histoire de Simon Porte, qui a choisi de coller à son nom celui de sa mère, Jacquemus, est singulière dans le milieu de la mode. Il a grandi entre Avignon et Marseille, entouré de parents paysans, qu'il décrit aussi comme des "artistes". Il explique avoir rêvé de mode dès ses 8 ans. Dix ans plus tard, le bac en poche, il vient à Paris pour faire une école de mode, qu'il quitte au bout de deux mois mais ce ne l'empêche pas de créer sa première collection à 20 ans.
"Je suis passé voir une couturière en bas de Montmartre, qui faisait des rideaux, et je lui ai demandé: Vous prenez combien pour faire une jupe droite ?". Il y est retourné le lendemain avec le tissu et une idée précise de ce qu'il voulait. Il travaille maintenant dans un atelier du 11e arrondissement, et continue de faire du Made in France, et même du Made in Paris.
A 22 ans, il a présenté son premier défilé dans le calendrier officiel de la fashion week. Pour le deuxième, en février, il a imaginé "une fille qui glande autour de la piscine". Les vêtements étaient masculins, avec beaucoup de rayures. Sa "pièce phare"? Un top en moustiquaire, blanc donc, avec "Le pull marine", écrit en lettre de laine bleue découpée au laser. Un succès commercial. Les mannequins, "à moitié des copines, à moitié des filles d'agence".
Mardi, c'était dans une salle de jeu qu'il a fait défiler sa collection printemps-été 2014 : "une fille qui part en vacances à la Grande-Motte, tombe amoureuse et vend des glaces". "Je ne fais pas des vêtements, je veux créer un univers"
Les halls d'immeuble de la cité connue pour ses immeubles en forme de pyramide ont inspiré le décolleté plongeant, "en U", d'une robe très courte et très années 60. Il y a beaucoup de blanc mais aussi du bleu électrique et du rose Barbie. Il y a des polos, larges et assez longs pour être portés en robe. "Toutes mes matières sont très simples: laine, coton, c'est ce que je préfère". Simon Porte Jacquemus garde sa collection dans son appartement. "Je me lève et je mets les habits. Je coupe les longueurs sur moi", raconte cet "obsédé de travail". "Ca doit être familial: mes grands-parents, paysans et grossistes, n'ont jamais pris de vacances de leur vie". "Je suis ultra-stressé. Je me dis que ça n'avance pas, mais j'essaie aussi de relativiser: j'ai 23 ans". Jacquemus se verrait bien travailler aussi pour une autre maison, comme Courrège et Lacoste. Pour le moment, en plus de sa marque, il est vendeur l'après-midi à la boutique Comme des Garçons. "Je m'auto-finance", dit-il. "Je ne veux pas qu'on rachète mon nom. Je ne fais pas de la mode pour gagner de l'argent". Les prix de ses vêtements (entre 200 et 600 euros) restent encore abordables pour un créateur.
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