Jean Paul Gaultier est sur le pont et Chopinot fait danser Avignon
Sophie Jouve : Quelle était la source d'inspiration pour créer ces costumes?
Jean-Paul Gaultier : La tradition en fin de compte, leur tradition mais revue à ma façon. Je suis parti du principe que ces africains ont leur costume traditionnel, mais il ont vu aussi les touristes, voyagés. Ils ont pris des objets du quotidien du monde occidental et ils s’en font des parures. J'ai donc pensé à des vêtements qui interprètent leur pagne en pandanus (une fibre végétale), c’est comme ça que ça s’appelle. J'ai tressé cette fibre pour en faire des corsets à ma façon et je l'ai mélangé également à d’autres vêtements. Et puis, Régine Chopinot m’a rappelé que ce sont des guerriers, du coup j’ai pensé à cette veste et à ce pantalon de motard en cuir que j’ai coupé en deux. Il n’en reste qu’un bout et ainsi le pagne pandanus sort de partout. C’est un peu ça le principe, le mélange de la tradition et de l’occident. C’était très intéressant à faire.
Ces créations vous ont demandé un gros travail de recherche ?
Ah ouais ouais ouais. Et même au début, je suis allé trop loin en direction de l’occident, vers des mélanges moins subtil que le résultat final. Je m’étais trop démarqué, avec des éléments qui auraient même pu apparaitre comme colonial. Alors j’ai rectifié le tir et j’ai essayé de coller au plus près de ces hommes qui sont tout de même dans l’actualité, ils se servent d’internet, ils sont au courant de tout, mais avec leur façon a eux, de digérer les choses.
Régine Chopinot vous a donné carte blanche ?
Oui, mais là elle m’a quand même dit certaines choses. Par exemple que je les couvrais trop. J’ai un peu élagué, montré un peu plus de peau. Voilà.
Est-ce qu’il y a là, des idées que vous pourriez intégrer dans vos futures collections ?
Tout à fait. Il y a des choses que je fais déjà, comme les cages mais je les ai repensé par rapport à ce qu'elles pouvaient laisser apparaitre. Du coup je suis arrivé à des moitiés de moitiés qui m’inspireront dans des futures collections, c’est sûr et certain.
Quel plaisir trouvez-vous à travailler avec une ou un chorégraphe, Prejlocaj, Chopinot ?
C’est formidable. C’est aller vers de nouvelles aventures où je ne serais sûrement pas allé. J’avais fait déjà un voyage dans le Pacifique, mais il y a longtemps et je n’en ai jamais sorti quelque chose d’aussi concret qu’avec Chopinot. Sa créativité porte à me faire bouger aussi.
Very Wetr !
Cloître des Célestins (1h12)
9, 10, 11, 12, 13, 15, 16 juillet à 20h
Site du Festival d'Avignon
Chopinot approfondit sa recherche sur le corps, dans des cultures organisées sur la transmission orale
En trente année de carrière Régine Chopinot a vécu et participé au développement de la dans e contemporaine. Elle dirige de 1986 à 2008 le centre chorégraphique national de la Rochelle. Depuis 2011, Chopinot s'est installée à Toulon. La chorégraphe approfondit sa recherche du corp en mouvement en lien avec d'autres cultures organisées sur la transmission orale, en Nouvelle Calédonie, en Nouvelle-Zélande et au Japon.
Les danseurs du Wetr
Depuis 1992 le Wetr (prononcez "ouetch") réunit des femmes et des hommes originaires du district de Wetr sur l'île de Lifou en Nouvelle-Calédonie. Leur objectif est de se réapproprier les dases, chants et musiques disparus suite à la colonisation française. Une tradition ouverte et non figée, loin des clichés. Comme ils le chantent dans le spectacle : "Very Wetr n'est pas exotique, n'est pas folklorique, n'est pas antique !"
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