L'écosystème de la mode selon Sakina M'Sa
La styliste d’origine comorienne a choisi d’exposer les looks de sa collection dans l’hôtel particulier d’Aufeminin.com, un site fait par les femmes et pour les femmes. Mais plutôt qu’un traditionnel défilé, Sakina M’Sa a imaginé une exposition en trois univers symbolisant les trois engagements de sa marque. Art, mixité sociale, écologie : Sakina M'Sa mêle avec beaucoup de naturel « toutes les choses qui [lui] sont chères et nourricières ».
Le maillage vert
Comme toute industrie, la mode engendre gaspillage et déchets. La créatrice a choisi d’utiliser uniquement des matières recyclées, « du tissu (et non des chutes), que je rachète aux maisons de haute couture parce qu’après tout, trois mètres de tulle, ça reste trois mètres de tulle », explique simplement la styliste, gouffa afro et lèvres rouges carmin. Le « maillage vert » M’Sa prend en compte le fait que chaque produit est doté de plusieurs vies, le tissu y compris, alors pourquoi ne pas en profiter ?
La haute culture
A chaque univers, ses découvertes. Dans la « chambre haute culture » c’est sans doute la première fois qu’on entend des mannequins (non professionnels) parler, chanter, rire ou pleurer. Perchées sur des podiums ou arpentant la pièce, elles scandent des textes de l’Ecole des femmes de Molière par exemple. « L’art et la culture nourrissent la mode », raconte Sakina M’Sa. Et il est impossible de concevoir ses collections sans une vocation culturelle.
Pour la jeune femme, la mode joue la rôle « d’intermédiation culturelle », notamment pour les personnes privées de l’accès à la culture et privées de la liberté de leurs corps. En juin 2011, elle organisait ainsi un défilé avec les femmes de la prison de Fleury-Mérogis. Et tous les mercredis, son « atelier du 18e arrondissement est ouvert aux habitants du quartier qui viennent exprimer leur créativité ». A la tête d’une maison de couture d’insertion, Sakina M’Sa propose à ses employés de visiter musées et expositions.
Le système mode
Dans cet univers, le son électro joué en live par les Pink Noise Party et les coupes rockabilly des mannequins contrastent avec leurs robes de soirées structurées. Une métaphore du système collaboratif de la création artistique. « On peut parler de mode mais aussi d’économie solidaire et d’emplois d’insertion ». Sakina M’Sa le prouve, la mode ne se limite pas à l’acte de création d’un vêtement mais elle est aussi productrice de liens sociaux et économiques.
Ce dispositif créatif sonne comme un manifeste, revendiquant l’engagement de Sakina M’Sa dans ces trois combats. Aujourd’hui la jeune femme espère « jeter les bases d’un projet collectif » pour structurer en France un écosystème de la mode réunissant créateurs, commerçants, industriels et amateurs de mode. Un objectif réaliste selon Sakina, qui affirme haut et fort que « les gens de la mode sont ouverts, verts et responsables ».
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