L'éventail... de Joséphine à Eugénie, objet de séduction et d'histoire sociale
À la fois fragile, discret et somptueux, l’éventail n’est pas qu'un simple accessoire de mode… Importé d’Asie à la Renaissance, il est adopté en France sous le règne de Louis XIV. Entre les deux Empires, cet accessoire de mode devient un objet politique, artistique et social. A découvrir au Musée Marmottan jusqu'en juillet 2018.
Plus de cent éventails côtoient ici peintures, gravures, dessins, costumes et accessoires pour faire revivre un monde disparu et ses usages oubliés. L'exposition "L'éventail... de Joséphine à Eugénie", qui s'intéresse au XIXe siècle, lève le voile sur son intérêt historique qui peut parfois dépasser l'aspect mondain. Entre le renouveau de l’industrie sous le Premier Empire et le siècle d’or du Second, cet accessoire de mode retrace l’histoire d’une société, raconte ses événements politiques, ses découvertes scientifiques, ses avancées géographiques et ses progrès techniques.
Graveurs, lithographes, peintres
Importé au XVIe siècle en France depuis les comptoirs chinois ou japonais, l’éventail est l’objet d’un engouement croissant jusqu’à son âge d’or au XVIIIe siècle. La Révolution interrompt la production des artisans d’art et fait alors de l'éventail une "gazette" : de l'assemblée des notables en 1787 à la prise de la Bastille, les graveurs illustrent les événements qui frappent les contemporains comme, par exemple, les victoires de Bonaparte. Parmi les artistes, Desrais réalise plusieurs dessins.
Avec le premier Empire (1804-1814), l’éventail renaît dans sa production, dans son utilisation, dans son format… Plus petit que ses prédécesseurs, il diffuse encore l’imagerie politique, s’illustre de sujets de divertissement ou de curiosité.
Après la Restauration, avec l’essor de l’industrie, il vit son second âge d’or. De 1830 à 1840, c'est le triomphe des lithographes. De grandes maisons voient le jour, comme celle de Félix Alexandre, fournisseur officiel de l’Impératrice Eugénie. Renouant avec l’excellence, les artisans sont au sommet de leur art. Napoléon, en ramenant la paix, a permis l’essor de l’industrie et le retour à une vie de cour et de bourgeoisie où les dames retrouvent leurs atours. L’éventail va grandir, en taille, en nombre, en valeur, en décor, pour connaître une période faste sous le Second Empire (1852-1870) grâce aux grands artisans et aux éventaillistes.
Un accessoire soumis aux modes
Réservé aux femmes de la cour, il est, sous Napoléon Ier, plutôt ornemental : paillettes, dentelles, cocardes, lyres, tout le vocabulaire qu’on retrouve dans les arts décoratifs se lit sur un objet réduit. Dans la deuxième moitié du siècle, au contraire, dentelles et décors fleuris font place à des scènes inspirées du XVIIIe, figures littéraires ou allégoriques, véritable terrain d’expression des peintres.
Construite à la fin du XIXe siècle, la bibliothèque Paul-Marmottan est le résultat de la passion d’un homme pour le premier Empire et l’histoire napoléonienne. Demeure privée de style empire, lieu de travail de référence pour les chercheurs et les historiens, ce musée-galerie présentant un ensemble d’œuvres, la bibliothèque accueille scientifiques et amateurs. Y sont proposés des accrochages, des conférences, des ateliers et des concerts.
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