La nouvelle vague des créateurs made in "Paris !" se dévoile au Bon Marché

Ces entrepreneurs dessinent, conçoivent et fabriquent au coeur même de la ville. Ils exploitent ce qui existe à proximité de leurs ateliers, font revivre les savoir-faire parisiens en y apportant ce que le XXIe siècle possède de modernité et d’inventivité.

Qu’ils viennent d’ici ou d’ailleurs, ils ont choisi un quartier et s’en réclament : Château Rouge, la Goutte d’Or, Pigalle, rue de Verneuil… On pense à ces ateliers d’artistes du XIXe ou du début du XXe siècle et aux artisans, aux échoppes, aux comptoirs qui faisaient de la ville un atelier vivant.

Aujourd'hui, certaines valeurs d'hier reprennent vigueur : la vie de quartier, la transmission du savoir-faire, le respect du travail manuel, des matériaux, de l’environnement, le goût de la nature, du végétal. Paris laboratoire de la modernité, Paris secret, Paris cosmopolite et Paris du co-working… mis en scène, ici, dans un décor de kiosques à journaux, éléments familiers du paysage de la capitale.

Fred le Chevalier, artiste français invité de PARIS !, orchestre sous les verrières un bal de ses personnages, des silhouettes en noir et blanc.

Des marques créatives, souvent jeunes, made in Paris

Plus d’une quarantaine de marques, très jeunes pour la plupart, offrent un éventail de ce que la mode, pensée à Paris, propose aujourd’hui. Des intemporelles aux actuelles, toutes s’imposent par leur personnalité, leur qualité, leur humour parfois.

Deux frères, Youssouf et Mamadou Fofana, ont choisi le nom Maison Château Rouge en hommage à leur quartier du XVIIIe, qui symbolise pour eux le « vivre ensemble ». Depuis 2015, ils se consacrent à un streetwear minimaliste, jupes et tops pour femme, tenues urbaines coupées dans des wax achetés aux commerçants du quartier. Une part des bénéfices finance l’association Les Oiseaux Migrateurs qui vient en aide aux TPE et PME africaines.

Morgane Sézalory après avoir créé le site Sézane -proposant une mode féminine élégante et abordable- installe son « Appartement » dans le 2e pour y présenter ce qui se vend sur son site. Ses inspirations naissent de voyages, de rencontres, de musiques et de souvenirs. Habit Cactus fabrique tout à la main : patches colorés et vêtements scratchables transforment, personnalisent les tenues « pour crier au monde son amour de la vie, du changement et des péripéties ». Fauvette et Louise Damas font atelier et boutique communs dans le Xe. La première se destinait à une carrière d’opticienne. Ses sacs, pochettes et accessoires, simples et épurés jouent de différentes finitions de cuir. Louise Damas, étudiante en Lettres, se lance à 22 ans dans la création de bijoux inspirés par ses héroïnes romanesques. Leurs créations sont faites à la main sous les yeux des visiteurs qui peuvent choisir couleurs et matériaux.

Aurélie Chadaine, passionnée d’art, s’installe en 2013. Son idée : créer des accessoires de maroquinerie, sacs, « franginettes » pour chaussures ou « embellisseurs », dans le respect de l’environnement, alliant nouvelles technologies et tannage végétal. Installés dans un ancien atelier du quartier Oberkampf. Pairs in Paris conçoit ses baskets comme des chaussures habillées et donne à chacune le nom d’une rue de Paris.

Pigalle est l’invité de la mode homme, créé par Stéphane Ashpool dans le quartier où il entraîne une équipe de minimes au basket. Ce leader du collectif Pain O Chokolat, donne au streetwear un esprit couture. Ce lauréat de l’ANDAM fashion Award a imaginé trois créations avec les maisons Goossens, Lemarié et Lesage.

Le nom GEYM, Go East Young Men, s’inspire de la phrase de la ruée vers l’or en lui préférant l’est à l’ouest. Sa première saison date de l’automne-hiver 2015. Thomas Erber, créateur de Cabinet de Curiosité en est le fondateur, Nao Okawa, le directeur artistique, est Japonais et vit en France. GEYM met l’accent sur la combinaison de matières riches ou intelligentes avec des formes urbaines contemporaines.

Derrière De Bonne Facture se cache Déborah Neuberg, qui propose un vestiaire masculin dans des étoffes de qualité. Ses ateliers sont en France. Les mamies de Mamy Factory tricotent pour eux. Un Pigeon dans Paris crée t-shirts et sweats shirts français, imprimés de quartiers de la capitale. Séverine Balanqueux lance Titlee, puis Little Titlee, une ligne de bijoux pour petites et jeunes filles, fabriqués à la main à Paris. La première collection de la marque Esquisse naît en 2016 et s’inscrit dans le slow fashion et le développement durable. Elle se consacre à un mono-produit : la culotte, découpée au laser dans des matières luxueuses, imprimées de palmiers, de fleurs ou d’hirondelles.

Des rencontres inattendues

Pierre Frey, figure emblématique parisienne enveloppe de ses étoffes des produits iconiques tels une paire de baskets Spring Court, une casquette Le Panache, un sac Rue de Verneuil ou des coussins Philippe Model. Plusieurs maisons de prêt-à-porter homme et femme et d’accessoires imaginent, en collaboration avec la marque Paris Saint-Germain, des indispensables pour les supporters de foot. Sweats et bracelets « Parc des Princes » par Le Bijou Parisien, T-shirts Maison Labiche.

Des créations exclusives

Invité mode, Christian Louboutin a imaginé une trentaine de créations exclusives. Dior habille sa pochette « Wallet on Chain » en agneau blush pink de badges célébrant la capitale. Moynat travaille avec le street artist Mambo. Stella McCartney loves Paris. Balenciaga créé un Shopping tricolore, Dries van Noten un sweat shirt brodé d’une vue nocturne de la ville. Jérôme Dreyfuss colore de bleu, blanc, rouge les scratchs de ses baskets. Repetto imprime un plan de Paris sur ses ballerines, Inouitoosh une façade haussmannienne sur une étole. D’Estree s’inspire pour ses chapeaux des colonnes de Buren. Cinabre décore ses cravates de motifs parisiens, Kitsuné un t-shirt d’une baguette.

Exposition "Paris!" du 2 septembre au 15 octobre 2016. Le Bon Marché Rive Gauche. 24, rue de Sèvres. 75007 Paris. http://www.lebonmarche.com