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La virtuosité du savoir-faire de Jeanne Lanvin au Palais Galliera

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
A 125 ans, Lanvin est la plus ancienne maison de couture en activité. Son directeur artistique Alber Elbaz, en collaboration avec le Palais Galliera, célèbre Jeanne Lanvin au travers d'une centaine de modèles. Ici, c’est l’art de la matière et de la transparence, des broderies et des surpiqûres dans un classicisme à la française. Un savoir-faire raffiné à découvrir jusqu'au 23 août.

Corinne Jeammet

Jeanne Lanvin, figure méconnue du public, sort de l'ombre pour une exposition qui rend hommage à son travail raffiné. A 125 ans, Lanvin est la plus ancienne maison de couture française en activité. L'Israélo-Américain Alber Elbaz en a pris la direction artistique en 2001.
 (Corinne Jeammet)
Jeanne Lanvin (1867-1946) a vécu loin des projecteurs. "Elle a toujours été comprimée entre Madeleine Vionnet qui était très virtuose, Elsa Schiaparelli qui était l'artiste, Chanel qui était très médiatique", explique Olivier Saillard, directeur du Palais Galliera, le Musée de la mode de Paris.
 (Corinne Jeammet)
"On a rangé Lanvin du côté de la grande discrétion, voire même d'une couturière de clientes, un terme pas très flatteur. Or elle est bien plus que ça !" précise explique Olivier Saillard, directeur du Palais Galliera, le Musée de la mode de Paris.
 (Corinne Jeammet)
Elle débute comme modiste en 1885. Dès 1889, elle ouvre une boutique "Lanvin (Melle Jeanne) Modes" avant d’obtenir son pas de porte en 1893 au 22, rue du Faubourg Saint-Honoré. En 1897 sa fille, Marguerite, naît et devient sa première source d’inspiration, sa muse... Elle entrevoit un nouvel horizon en 1908 : le vêtement d’enfant. Elle crée, l’année suivante, un département jeune fille et femme. Jeanne Lanvin adhère au Syndicat de la couture et entre dans le monde fermé des maisons de couture. Suivent les départements mariée, lingerie, fourrure et dès le début des années 1920, la décoration et le sport... En 1926, la femme d’affaires part à l’assaut de la mode masculine. Elle ouvre, aussi, des succursales à Deauville, Biarritz, Barcelone, Buenos-Aires, Cannes, Le Touquet… Le bleu Quattrocento ravi à Fra Angelico devient sa couleur fétiche.
 
 (Corinne Jeammet)
Pour célébrer les trente ans de sa fille, Jeanne Lanvin compose le parfum Arpège en 1927. Le logo de la maison dessiné par Paul Iribe, représentant la couturière et Marguerite, est apposé sur le flacon boule réalisé par Armand Albert Rateau. C’est ce même logo qui continue d’accompagner les créations Lanvin aujourd’hui. 
 (Corinne Jeammet)
Carnets de voyages, échantillons de tissus ethniques, bibliothèque d’art, Jeanne Lanvin n’aura de cesse de cultiver sa curiosité pour créer ses tissus, motifs et couleurs exclusifs. 
 (Corinne Jeammet)
Jeanne Lanvin, c’est l’art de la matière et de la transparence, des broderies, surpiqûres, entrecroisés, spirales, découpes : la virtuosité du savoir-faire. C’est un parfait classicisme à la française avec des robes de style XVIIIe - buste affiné, taille basse, jupe gonflée dialoguant avec la ligne tube de l’Art déco, ses géométries en noir et blanc, ses profusions de rubans, cristaux, perles et fils de soie... 
 (Laure Albin Guillot / Roger-Viollet)
"Elle ne cousait pas, ne coupait pas, ne dessinait pas mais elle avait un goût très sûr. Elle a imposé un lifestyle", commente Olivier Saillard. Plus patronne à l'ancienne que mondaine, mariée deux fois, elle a eu une fille Marguerite. Un amour résumé dans le logo de la maison dessiné par Paul Iribe, qui représente la mère et la fille se tenant les mains.
 
 
 (Katerina Jebb, 2014)
Au gré des inspirations ethniques et folkloriques (Asie, Japon, pays de l'est) et monacales, l'exposition suit un parcours thématique pour présenter des robes au caractère intemporel, aux broderies jamais ostentatoires, robes bijoux ou robes de style à jupes bouffantes. Noir et or règne sur cette griffe du soir et le bleu Lanvin se décline en plusieurs nuances.
 (Katerina Jebb, 2014)
Les robes datent pour la plupart des années 1920 et 1930. Alber Elbaz, qui n'a pas souhaité exposer ses propres créations, a eu l'idée de présenter certaines robes étendues dans des "vitrines piano", des tiroirs à miroirs dans lesquels elles ont l'air de flotter. Un excellent moyen de voir les détails des modèles exposés. 
 (Katerina Jebb, 2014)
Marquée par les Arts décoratifs, Jeanne Lanvin, qui avait trois ateliers de broderies à demeure, illustre pour Olivier Saillard ce qu'est la haute couture: "un pas à distance de la mode et des engouements, quelque chose de très en retenue". Son actuel directeur artistique "a retenu de Lanvin  une forme de couture express, c'est-à-dire une manière d'être habillé en oubliant qu'on est habillé, avec des vêtements dans lesquels on peut bouger et très féminins", souligne Olivier Saillard. "Il a compris aussi qu'il devait habiller une fille de 18 ans comme une femme de 52, et que toutes les robes étaient un peu des bijoux".
 (Katerina Jebb (300))
Exposition "Jeanne Lanvin" du 8 mars au 23 août 2015. Palais Galliera. Musée de la mode de la ville de Paris. 10, avenue Pierre Ier de Serbie. 75016 Paris. Du mardi au dimanche de 10h à 18h. Nocturne les jeudis jusqu’à 21h. Fermé les lundis et jours fériés. www.palaisgalliera.paris.fr
 (Collection Palais Galliera)

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