Le défilé de mode vit-il ses dernières heures ?
Depuis quinze ans qu'existe sa marque, le créateur américain Zac Posen n'avait jamais connu autre chose que les podiums, avec un succès continu, des célébrités et beaucoup d'attention médiatique. Mais cette saison, il a opté pour un format exposition avec de grandes photos de mannequins portant les vêtements de sa collection, dévoilé dans un espace nu, pour un événement qui ressemblait à un vernissage. "J'aime l'idée qu'on puisse se tenir devant une image et discuter de ce qu'on voit", a-t-il expliqué. "Lors d'un défilé, on ne parle pas. La mode et la beauté doivent être un dialogue". Pour le créateur, le défilé n'est pas mort. "J'aime le côté théâtral mais aujourd'hui, c'est un moment différent, pour moi en tout cas".
Le créateur de la marque Rag and Bone, Marcus Wainwright, lui aussi habitué des défilés, avait pris le même virage et opté pour une exposition de photos. Mais lui liait ce choix au contexte politique. "Franchement, je me suis réveillé après l'élection (de Donald Trump) et je me suis dit, on ne peut pas faire de défilé. Je ne savais pas pourquoi, mais ça paraissait juste une mauvaise idée", a expliqué le designer d'origine britannique dans une brochure accompagnant l'exposition. "On en a fait pendant 10 ou 12 ans et tout d'un coup, ça ne paraît plus adapté".
Des défilés incontournables depuis la 2nde Guerre mondiale
Créés au début du XXe siècle par la couturière britannique Lucy Duff-Gordon, les défilés sont devenus incontournables après la Seconde Guerre mondiale. A l'heure où la mode réfléchit sur elle-même, questionnant le décalage des saisons, le rapport au consommateur final, l'institution qu'est le défilé ne fait pas exception.Les créateurs qui ont renoncé disent avoir un peu perdu d'eux-mêmes dans ce format d'une quinzaine de minutes seulement qui, avec la diffusion presque systématique en ligne, leur donne une exposition unique au monde mais aucun recul. "Personnellement, je préfère consacrer mon énergie à ce qui différencie ma marque", explique la créatrice française Sophie Theallet, qui a tout misé sur internet comme vecteur de sa campagne World Citizen, série de clichés de célébrités portant les pièces de sa nouvelle collection. "Je travaille sur les vêtements, la construction, les ajustements et les coupes", dit la New-Yorkaise d'adoption. "Je ne veux pas réfléchir à la manière d'impressionner ou de faire du bruit avec un show".
Référence de la semaine de la monde new-yorkaise, Vera Wang va, elle, présenter sa collection sous la forme d'un petit film, projeté à Paris. Elle reviendra "probablement" à New York "mais peut-être sous un autre format" que le défilé. Soucieux de coller à la tendance, voire de l'anticiper, le duo de la marque Opening Ceremony a sauté la case Fashion Week pour habiller les danseurs du New York City Ballet, lors du ballet "The Times are Racing" du chorégraphe qui monte, Justin Peck.
Un million de dollars
La fin de l'hégémonie du défilé est un appel d'air pour les jeunes créateurs. Je vois beaucoup de designers émergents qui n'auraient jamais eu la possibilité de montrer ce dont ils sont capables, car aujourd'hui, (...) un défilé à la Alexander McQueen, c'est presque un million de dollars", explique Ilaria Niccolini, fondatrice de l'italien FTL Moda, qui présente chaque saison plusieurs couturiers à New York.#FTLModa360 #FashionSamsung #Samsung #Obsess the First Ever All Digital Fashion Presentation for the official calend…https://t.co/P19g8foBrX
— ilaria niccolini (@ilarianiccolini) 16 février 2017
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