Le kimono, un costume traditionnel source d'inspiration pour les créateurs d'aujourdhui
150 modèles féminins issus de la collection Matsuzakaya, maison de mode japonaise fondée en 1611 devenue un grand magasin au début du 20e siècle, sont présentés pour la première fois hors du Japon. L'ancêtre du kimono, le "kosode", s'est répandu au sein de la population à partir du 12e-13e siècle, le peuple portant jusque-là des vestes et des pantalons. "Le kimono a la même forme qu'on soit un homme, une femme, grand ou petit, peu importe votre silhouette. C'est le corps qui s'adapte au vêtement, tandis qu'en Occident on crée le vêtement sur le corps", souligne Aurélie Samuel,
commissaire de l'exposition qui se tient jusqu'au 22 mai. Sa forme en T, sa coupe plate sont aussi simples et immuables que son ornementation peut être raffinée et diverse, marquant le statut social de sa propriétaire.
"La classe guerrière va porter des motifs essentiellement floraux, animaliers, agrémentés des armoiries de la famille, alors que les femmes de marchands vont choisir les motifs qui leur plaisent, avec l'idée d'en mettre plein la vue", explique la commissaire de l'exposition. Pièces uniques, oeuvres d'art, ces kimonos représentent différentes techniques de tissage, plus ou moins sophistiquées et onéreuses. Mais ce vêtement était aussi synonyme de contrainte, souligne Aurélie Samuel, comparant la ceinture -le "obi"- à un corset, "structurant totalement le corps et la démarche" : "l'abandon du kimono a coïncidé avec le moment où les femmes ont commencé à travailler".
Le kimono inspire les couturiers européens
En Occident, le kimono devient à la mode avec l'essor du japonisme à la fin du 19e siècle : les élégantes le portent comme vêtement d'intérieur. Autour des années 1920, les couturiers parisiens Paul Poiret et Madeleine Vionnet s'en inspirent.Plus tard, il est revisité par des créateurs japonais installés à Paris comme Kenzo Takada. "C'est grâce au kimono que j'ai trouvé mon identité", raconte le fondateur de la griffe Kenzo, dont deux créations datant de 2006 sont présentées. "A l'ouverture de ma boutique (à Paris) en 1970, je me suis dit, je suis japonais, peut-être que je connais mieux les kimonos et les traditions japonaises que les couturiers français, il faut que j'en profite ! Jusque-là je suivais les tendances parisiennes, je n'avais jamais pensé au kimono dans la mode".
Pour réaliser sa première collection, le créateur était allé au Japon acheter des tissus de kimonos de théâtre "beaucoup moins chers" que les tissus de kimonos traditionnels. Il décide de mélanger les coupes plates des kimonos aux coupes européennes: "cela donnait de la fraîcheur et de la liberté". Lui-même se met en kimono "cinq-six fois par an, pour des occasions spéciales". "Ce n'est pas facile de marcher mais je me sens digne, élégant", sourit-il.
Le couturier français Franck Sorbier livre une autre interprétation du kimono, plus dans l'esprit lingerie, avec un modèle en organza de soie issu de sa collection été 2008 évoquant un papillon blanc évanescent. "C'est un kimono qui a des manches très longues, il a une traîne, on lui a donné une dimension impériale", commente le couturier, dont la création côtoie celles de John Galliano pour Dior et Jean Paul Gaultier.
Son conseil pour porter ce vêtement ? "Si vous avez une soirée, vous enfilez un kimono sur une chemise, un slim et des talons, vous êtes habillée, pas besoin de mettre une robe du soir".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.