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Le monde en 3D de Marie-Christine Statz, la créatrice de Gauchère

Derrière Gauchère se cache Marie-Christine Statz. L'un de ses professeurs à l'Ecole de la Chambre Syndicale de la couture parisienne la surnommant "La Gauchère", elle a intitulé sa marque en sa mémoire. Cette jeune société française de prêt-à-porter, qui suit la tradition d’un atelier couture classique, trame son histoire avec succès depuis 2011. Rencontre, à Paris, avec une styliste passionnée.
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Marie-Christine Statz devant la collection capsule p-e 2014 pour le Bon Marché
 (Corinne Jeammet)

La créatrice ouvre son atelier en 2011 à Paris et présente, lors de la semaine parisienne de la mode, en octobre 2012, sa première collection printemps/été 2013, qui signe le lancement officiel de la marque. Une présentation qui prend la forme de mini défilés... "une formule moins classique qui permet de rencontrer les gens et d’avoir un feed back direct”, souligne Marie-Christine Statz. Sa prochaine collection automne/hiver 2014-2015 sera présentée lors de la fashion week parisienne en février 2014.

Marie-Christine Statz devant la collection printemps-été 2014 
 (Corinne Jeammet)
L’ADN de Gauchère : 3D, plissage et matières
Quels sont les mots qui décrivent le mieux Gauchère ? “La 3D, le plissage, la coupe laser, les différents traitements de matières et le mixte entre les matières” explique Marie-Christine Statz qui ajoute encore : “Depuis toujours, j’aime la construction du vêtement, les formes strictes. Mais, je ne vais pas dans la direction de l’organique mais plutôt vers les lignes droites, graphiques et construites. J’aime le volume et la structure pour des vêtements faciles à porter. Je n’aime pas les choses compliquées et difficiles à enfiler. Je suis moins dans le flou et plus dans le tailleur. En effet, je n’utilise pas de tissu mou, toujours de la structure avec des crèpes, du twill, de la soie épaisse, du lainage et du cuir”. 
Collection Gauchère printemps-été 2014
 (DR)
Dès sa 1re collection, la styliste montre un intérêt pour l’architecture : “En effet, j’ai utilisé des photos de la façade du Louvre pour créer de nouveaux imprimés comme sur un de mes T.shirt, noir et blanc, qui offrait une impression de kaléidoscope des éléments architecturaux”.
Collection Gauchère printemps-été 2014
 (DR)
Le design se base sur l’utilisation de tissus luxueux et sur un savoir-faire artisanal. “Dans mon atelier, je travaille le montage sur un stockman. Avec le technicien, on débute par quelque chose de classique, puis je crée le volume. Il faut être sur place pour voir comment le vêtement tombe”. Une prodution réalisée en France, un choix évident pour la styliste : “On fait tout dans l’atelier. Je sais que la qualité est présente. Si vous travaillez avec l’étranger, vous ne voyez pas les problèmes et alors beaucoup de vêtements reviennent pour être rectifiés. En étant sur Paris, je contrôle tout”.
Collection Gauchère printemps-été 2014
 (DR)
Gauchère mélange et juxtapose des éléments contradictoires. Elle joue avec les contrastes, au jeu du double face, de l’apparent et du secret. Par l’utilisation de techniques avancées et de belles matières premières, elle crée des vêtements en trois dimensions. “La mode ne la change pas mais souligne plutôt l’originalité de la femme Gauchère” explique Marie-Christine Statz qui indique que “cette 3e collection (NDLR : printemps-été 2014) comprend 25 modèles, soit un total de 50 pièces dont des vêtements en cuir reversible”.
Collection Gauchère printemps-été 2014
 (DR)
Une collection capsule printemps-été 2014 en exclu pour le Bon Marché
La créatrice, déjà présente avec sa collection hiver 2014 au coeur de l’espace Labo du Bon Marché -qui regroupe de jeunes marques-, a imaginé pour la saison printemps-été 2014 un vestiaire spécifique pour le grand magasin. Inspirée par les œuvres de Julio Le Parc et Victor Vasarely, cette collection capsule se concentre sur les formes, les coupes en 2D via les tressages et la fusion de différentes surfaces.
Marie-Christine Statz devant la collection capsule p-e 2014 pour le Bon Marché
 (Corinne Jeammet)
Cette collection exclusive qui comprend 7 looks soit 16 pièces déclinées en 3 inspirations donne la part belle, entre autres, au tressage africain et au cuir imprimé. Une belle reconnaissance pour cette jeune marque qui, aujourd'hui, comme l’affirme sa créatrice “s'installe sur le marché" et une opportunité de travailler avec des partenaires.

Une collection automne-hiver 2013-2014 jouant sur la dualité
Cette collection est construite sur l’habilité de la marque à révéler ce qui ne se voit pas. Un sens esthétique qui nait d’une dualité naturelle, en s’inspirant des œuvres du peintre Igor Mitoraj. Les entailles dans les robes, les jupes et les vestes créent des effets en 3D que la collection traduit par la superposition d’interstices entre force et fragilité, stabilité et fracture.
Collection Gauchère automne-hiver 2013-2014 
 (DR)
Les découpes au laser donnent une profondeur dimensionnelle aux robes, vestes, tops, jupes et pantalons, en révélant ce qui ne se voit pas : la peau humaine. Ici régne le contraste des tissus, mats et brillants, souples et rigides. On note des techniques opposées comme le plissé serré de l’organza juxtaposé à des tissus plats et lisses. Les plis bidirectionnels, les constructions déstructurées des robes et les épaules sculpturesques des tops, des robes et des vestes donnent vie à la collection.
Collection Gauchère automne-hiver 2013-2014
 (DR)
Un apprentissage de New York à Paris
Marie-Christine Statz est née en Allemagne en 1982. Après des études en Sciences Économiques en Allemagne, elle suit des cours de Fashion Design. Diplomée de la New York Parsons School of Design, elle est assistante de Narciso Rodriguez en 2008. Elle présente cette année-là sa première collection en solo à la boutique Debut de Soho. L’année suivante, elle est l’assistante de Diane von Furstenberg. Puis, elle s’installe à Paris et suit une spécialisation en haute couture à l’École de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne qui l’amène à collaborer avec le musée de la Dentelle de Caudry, où ses créations participent à l’exposition “Rêves de dentelle pour robes de rêve”.
Marie-Christine Statz devant un manteau de la collection printemps-été 2014
 (Corinne Jeammet)
La Chambre Syndicale de la Couture Parisienne offrait une formation plus technique, tandis que New York était plus axé sur le style” précise la créatrice avant d’ajouter “New York est une ville de business avec une réelle énergie tandis qu’à Paris, on prend plus son temps”.

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