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Le travail minutieux des plumassiers sublime les robes haute couture

Une dizaine de femmes insèrent avec minutie, une par une, des plumes d'autruche dans du tulle, donnant naissance peu à peu à la robe bleu ciel qui a clôturé le défilé d'Alexandre Vauthier pour la haute couture automne-hiver 2013-14. L'appellation haute couture prend, ici, tout son sens dans les ateliers du plumassier Lemarié.
Article rédigé par franceinfo - Corinne Jeammet (avec AFP)
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  (M.Médina /AFP)

"Une robe haute couture, c'est rarement moins de 100 ou 200 heures de travail", explique la directrice de Lemarié, Nadine Dufat, entourée de la dizaine de plumassières qui ont travaillé plusieurs jours sur la robe Alexandre Vauthier présentée lors de la semaine de la haute couture automne-hiver 2013-2014. Les modèles coûtent des dizaines, voire des centaines de milliers d'euros.

Quelques jours avant le début des défilés haute couture automne-hiver 2013-2014, les employées travaillaient sur deux robes Chanel en plus de celle d'Alexandre Vauthier.

Jupe en plumes Alexandre Vauthier haute couture automne-hiver 2013-2017, à Paris
 (M.Medina / AFP)
Alexandre Vauthier "avait envie d'une robe avec beaucoup de volume et une grande traîne", raconte Nadine Dufat avant d'ajouter : "Il faut avoir le plus de grappes possibles pour un joli tombé". Lemarié s'est occupé de la jupe ; le brodeur Lesage du bustier.
Chanel haute couture automne-hiver 2013-2014, à Paris..
 (P.Kovari / AFP)
"C'est magique, à chaque nouvelle collection", confie Santina, plumassière depuis 35 ans. "Les modèles sont toujours différents donc on ne fait jamais la même chose", raconte-t-elle, tout en faisant des "grappes", composées de tulle effrangé où elle insère les plumes d'autruche.

Les plumes, un matériau caméléon
Les plumes sont conservées au sous-sol dans des centaines de boîtes, dont certaines datent de presque un siècle. Sur les cartons, on lit : "pies du Japon", "paradis naturel", "queue de tetras" mais aussi pigeon, canard, oie…. "On peut utiliser les plumes des oiseaux comestibles", explique Nadine Dufat. D'autres comme celles des oiseaux de paradis, sont protégées. "Elles ne peuvent pas sortir de France, et sont donc utilisées pour des pièces uniques".

Les plumes présentent "de nombreux avantages". Elles se teignent facilement: "On peut reproduire des camaïeus de couleurs extraordinaires, du fluo au poudré", souligne encore Nadine Dufat. Elles peuvent aussi être travaillées de "façons très différentes", donnant l'impression qu'il s'agit de tissus soyeux ou de fourrures.
              
9 métiers d’art sous la houlette de la maison Chanel
Les 60 employés de Lemarié (90 au moment des défilés), de Lesage, de l'orfèvre Gossens et de Maison Michel (chapeaux) travaillent depuis quelques mois dans des locaux neufs à Pantin (Seine-Saint-Denis). Tous font partie de Paraffection, la filiale de Chanel qui réunit neuf entreprises de métiers d'art toutes rachetées par la maison.
Dans les ateliers des métiers d'art : chez Lemarié (juillet 2013) 
 (Corinne Jeammet)
Lemarié est né à la fin du XIXe siècle, quand Paris comptait 300 plumassiers. Il est l'un des seuls aujourd'hui. L'entreprise fabrique également des fleurs: des dahlias, des pivoines, des oeillets en organza, mousseline, tulle, cuir... C'est de cet atelier que sortent les camélias de Chanel, un symbole de la maison. Lemarié est aussi spécialisé dans la parure (plissé, incrustation de pierres…). L'entreprise attire de jeunes femmes: la moyenne d'âge est de 30 ans.Celles-ci montrent avec fierté les photos des robes du dernier défilé prêt-à-porter de Louis Vuitton, passées entre leurs mains. Les plumes y étaient omniprésentes mais parfois indétectables par un oeil inexpérimenté qui pouvait confondre la matière avec de la soie.
 
Un peu plus loin dans l'atelier est affiché, un poster de Nicole Kidman dans une publicité de Chanel N°5. Sa robe rose poudré avec une longue traîne recouverte de plumes sort également de chez Lemarié. Il y a aussi une veste en plumes dorées d'Alexander McQueen, qui attend une réfection.

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