Le vêtement tape son scandale aux Arts Décoratifs
"Comment doit-on s’habiller ?". L’exposition "Tenue correcte exigée ! Quand le vêtement fait scandale" dévoile les enjeux soulevés par les choix vestimentaires et ce qu’ils révèlent de ses valeurs et de ses tabous, au travers de 300 pièces et accessoires.
"Tenue correcte exigée ! Quand le vêtement fait scandale" montre ces prises de liberté et ces infractions à la norme vestimentaire, aux codes et aux valeurs morales, à travers l'histoire de la mode -des cours royales, de la rue et des magazines.
Le vêtement face à la règle
De la Bible et ses premiers interdits vestimentaires aux conseils sur les blogs internet et les émissions de relooking, en passant par les lois, les ordonnances royales et les traités de savoir-vivre, illustrent ces règles vestimentaires. Dans la culture judéo-chrétienne, le vêtement est lié au péché originel. Au Paradis, Adam et Ève vivaient nus mais reçurent au moment de leur expulsion un vêtement pour cacher leur nudité. Du Moyen-Âge jusqu’au XVIIIe siècle, les lettrés répéteront que le vêtement rappelle cette faute.Pour cette raison l’habit devait être le plus sobre et le plus discret possible. Mais les règles sont multiples comme celle des tenues de circonstances imposées pour des célébrations (baptême, communion, mariage, deuil) ou des événements précis (soirée).
D'autres règles vestimentaires s’appliquent aux personnes de pouvoir. Ainsi le portrait de Marie-Antoinette vêtue d’une robe chemise peint par Élisabeth Vigée-Lebrun a fait scandale et dut être remplacé par un autre la représentant dans une robe plus conventionnelle.
Plus proche de nous, en 1985 à l’Assemblée Nationale, Jack Lang en costume Thierry Mugler à col Mao tout comme plus récemment Cécile Duflot en robe à fleurs ont été pointé du doigt.
Les échanges entre vestiaires masculins et féminins
Depuis le travestissement de Jeanne d’Arc jusqu’à l’apparition de la mode unisexe des années 1960, les femmes se sont appropriées des pièces de la garde-robe masculine. Une androgynie apparue dès le XVIIe siècle avec les aristocrates anglaises qui aiment se vêtir d’habits masculins.Les garçonnes des années 1920 et 1930, Marlene Dietrich et son smoking dans "Coeurs brûlés" en 1930, tout comme Gabrielle Chanel dans les années 1920 avec ses tailleurs dépouillés d'artifice, ont contribué à masculiniser la silhouette. Elsa Schiaparelli emprunte, quant à elle, aux hommes les combinaisons pantalons.
Si le smoking pour femme créé par Yves Saint Laurent en 1966, valide l’entrée du pantalon dans le vestiaire féminin, il a fallu le décret de 2013, abrogeant la loi de 1800, pour autoriser officiellement les femmes à le porter en toute circonstance.
De leur côté, les hommes ont tenté d’adopter des attitudes et des tenues considérées comme féminines dont certaines ne sont toujours pas entrées dans les moeurs. Pourquoi l’homme maquillé dérange-t-il encore ?
La jupe pour homme remise au goût du jour par Jacques Esterel, dans les années 1960, puis médiatisée par Jean Paul Gaultier, et aujourd’hui, par certains jeunes créateurs n’a pas encore intégré le dressing masculin. La crainte de l’efféminement qui renvoie au statut inférieur de la femme a restreint les exemples de transfert du vestiaire féminin vers le masculin.
Les excès évoqués par une suite de "trop"
Le "trop haut" des talons et des coiffures au XVIIIe siècle tout comme le "trop court" des minijupes de Mary Quant, d'André Courrèges, de Rudi Gernreich, de Pierre Cardin ou de Paco Rabanne sont exposés ici.Sans oublier le "trop large" pour l’évolution des culottes masculines de 1600 aux baggys des années 1990 ; le "trop transparent" pour les vêtements laissant voir les corps et décolletés plongeants du XVIIIe siècle à nos jours ; le "trop moulant" des chausses du Moyen-Âge à la mode du Slim ainsi que le "trop de couleurs" ou le "trop sombre".
Le manque de tenue est pointé du doigt avec les vêtements froissés, négligés et déchirés. Le thème de la fourrure et des plumes a également fait l’objet de scandales dès le XVIIIe siècle, époque où l’on prend conscience de la présence de l’animal dans la parure.
Scandales et provocations, les défilés chocs
L’exposition prend fin avec une salle consacrée aux défilés chocs qui, de 1980 à 2015, ont défrayé la chronique.Au début des années 1980, Yohji Yamamoto et Rei Kawakubo ont bousculé les codes de la couture française avec l’esthétique japonaise du non fini. La collection printemps/été 2000 de John Galliano pour Dior, inspirée des sans-abris, et la collection Sphinx de Rick Owens pour le printemps/été 2015, dévoilant l’anatomie masculine, ont elles aussi fait le buzz.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.