Les créateurs de demain au Festival de mode et de photographie à Hyères
L’hexagone ne propose que deux festivals de mode annuel qui sont des RDV très importants pour de jeunes talents dynamiques, à peine sortis de l'école, et en recherche de notoriété. Du 11 au 13 avril, Dinard célébrait la 21e édition du Festival International des Jeunes Créateurs de mode, du 25 au 28 avril, c'est au tour de Hyères avec son Festival international de mode et de photographie.
Le jury mode, présidé par les directeurs créatifs de Kenzo, a sélectionné 10 candidats (312 dossiers reçus, 55 nationalités) : Liselore Frowijn (Pays-Bas, femme), Pablo Henrard (Belgique, homme), Marit Llison (Estonie, femme), Anne kluytenaar (Pays-Bas, homme), Coralie Marabelle (France, femme), Kenta Matsushige (Japon, femme), Agnese Narnicka (Lettonie, homme), Louis-Gabriel Nouchi (France, femme), Roshi Porkar (Autriche, femme) et Yulia Yefimtchuckk (Ukraine, femme). Trois prix seront décernés à l'issue de leurs défilés. En parallèle, 10 photographes exposeront leur travail en vue du grand prix du jury photographie. Lancé en 1985 par Jean-Pierre Blanc, ce tremplin de la création émergente s'articule entre concerts, rencontres et de multiples expositions (ces dernières se tiendront jusqu'au 25 mai). Trois d'entres elles ont retenu notre attention : Kenzo, "Wayback machine" (Carol Lim et Humberto Leon sont les présidents du jury mode), Satu Maaranen, "Geometry of futufolk" (la créatrice finlandaise a obtenu en 2013 le Grand prix du jury Première Vision) et Steve Hiett, "The song remains the same" (le photographe anglais préside le jury photo). Kenzo : "Wayback machine"Carol Lim, Humberto Leon et Kenzo Takada… bien que ces créateurs soient nés à des décennies d’écart, ils partagent des idées et des philosophies communes et ont révolutionné, de façons différentes, l’expérience du prêt-à-porter ainsi que la compréhension et le discours de la mode au niveau mondial. Leur approche de la mode est démocratique et instinctive. Kenzo Takada a fondé Kenzo en 1970 et a pris sa retraite du groupe en 1999, après avoir vendu ses parts à LVMH. Depuis 2011, Carol Lim et Humberto Leon, fondateurs de l'Opening Ceremony, sont les directeurs créatifs de la marque. En s’inspirant de l’appréciation de Takada pour des vêtements créatifs relevant du design, ce duo a réveillé l’énergie ludique d’une marque pionnière dans le prêt-à-porter homme et femme. Cette exposition reflète les diverses approches du design que les créateurs ont mis en place chez Kenzo et ce de façons très différentes. Satu Maaranen : "Geometry of futufolk"
Gagnante de l'édition 2013 du Festival international de mode et de photographie, la créatrice présente sa collection printemps-été 2015 intitulée "Geometry of futufolk". Cette dernière évoque l’artisanat fonctionnel, l’ère spatiale des années 60 et les ornements baroques. Satu Maaranen a étudié les traditions de l’artisanat finlandais, les arabesques de l’Hermitage et les couturiers André Courrèges et Pierre Cardin –célèbres pour leur style avant garde et leurs créations futuristes– qui ont employé des formes géométriques, le métal et le plastique dans leurs garde-robes. L’inspiration de ces silhouettes et coupes est issue du milieu de la couture des années 60 mais les looks sont un mélange de haute couture et de prêt-à-porter. Ses imprimés expressionnistes sont faits à la main et recouverts de sérigraphies et d’imprimés numériques de bouleau tressé, granite et planches de bois. Elle a peint à la main par-dessus ces imprimés numériques, brodé sur les sérigraphies et imprimé sur les broderies. Elle rejoint une tradition novatrice de créateurs de son pays qui sont reconnus pour leur utilisation de matières naturelles : Aalto, Sarpaneva, et Nurmesniemi. La créatrice veut provoquer une réflexion nouvelle, plus fraîche et quelque peu naïve sur la haute couture.
Dans le cadre du prix, Petit Bateau a permis à Satu Maaranen de développer une collection capsule qui sera vendue à la villa Noailles et dans les boutiques de la marque. Steve Hiett : "The song remains the same"
Le photographe culte des années 80 préside le jury du Festival qui lui consacre une rétro. Il voulait devenir peintre, puis musicien. Après des études d’art et de graphisme, sans oublier un passage sur scène avec son groupe The Pyramid, à l’heure du Swinging London, Steve Hiett deviendra, à la faveur d’un accident de parcours une figure de la photographie de mode et de la direction artistique. Privé de sa Fender, il se met à photographier son groupe en tournée puis d’autres musiciens, dont Jimi Hendrix. Viendront, ensuite, les prises de vues pour les magazines Nova et Queen, ainsi que le Vogue anglais, puis dans les années 1970, le Vogue Paris, Elle, ainsi que Marie-Claire, avec lequel il entame une collaboration. Certains connaîtront le style qu’il développa dans les années 1980 et qui constitue la signature Hiett : sur-saturation des images, décentrage du cadrage, flashs éblouissants. Le festival d’Hyères, qui lui consacre sa première exposition personnelle d’envergure, fait la lumière sur des aspects souvent méconnus de sa photographie pour restituer toute l’ampleur de son œuvre, un jalon essentiel dans l’histoire de l’image de mode contemporaine. Steve Hiett est établi à Paris et poursuit sa carrière de photographe de mode (notamment pour Vogue Italie), de musicien et de directeur artistique.
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