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Les créateurs japonais en force à la Paris Fashion Week masculine hiver 2019

Les créateurs japonais sont de plus en plus nombreux à fouler les podiums de la Paris Fashion Week masculine : aux côtés des ténors Issey Miyake, Yohji Yamamoto et Sacai, des jeunes labels Fumito Ganryu et Takahiromiyashita The Soloist. Retour sur leur prestation. Coup de coeur pour Issey Miyake et sa collection Homme Plissé qui n'avait jamais été présentée jusqu'alors lors d'un événement public.
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Issey Miyake Men pap masculin ah 2019-20 à Paris en janvier 2019
 (Getty Images)

Une performance joyeuse pour l'Homme Plissé Issey Miyake 

Si la ligne Issey Miyake Men est présente chaque saison à la Paris Fashion Week, la ligne Homme Plissé Issey Miyake n'a jamais été présentée jusqu'alors lors d'un événement public à Paris. C'est donc une première européenne à laquelle nous avons assisté le 17 janvier 2019 au Centre Georges Pompidou. Intitulée "Playground", la présentation de cette collection (automne-hiver 2019-20 ainsi que des basiques de la griffe) - qui fut longtemps uniquement disponible au Japon - a pris la forme d’une performance artistique. Au cœur d’une arène reconstituée, 24 performers issus de différents horizons (casting sauvage, sportifs, danseurs, mannequins) dansent, montent à la corde, déambulent tels des funambules sur un ruban tendu entre deux points tandis que d’autres s’accrochent à des anneaux suspendus en hauteur pour un interlude aérien.

Une performance signée du chorégraphe américain Daniel Ezralow qui s'est déroulée dans une ambiance festive, fraîche et joyeuse. Un pur bonheur ! A la fin de la représentation, les performers invitaient le public à s'initier aux différentes activités. L'ultime moment pour voir de près ce vestiaire.  
Au départ, la version féminine du Plissé était destinée aux danseurs et fut produite pour le ballet "The loss of small detail" en 1991 avant le lancement de la ligne en 1993. La ligne homme reprend le principe de l’iconique plissé féminin, tout en l’adaptant pour créer un vêtement qui convient aux hommes. Cette ligne masculine a été lancée au Japon en 2013 et en France l'année suivante. Ce vestiaire, moderne, urbain et sportif, est né de l’envie de créer des vêtements légers qui permettent une liberté de mouvement. Son concept s’appuie sur trois idées : le mouvement grâce au plissé qui apporte élasticité au vêtement ; le confort avec le développement d’une matière conceptuelle et technique et la modernité qui apporte une vision contemporaine du vêtement. 
Collection Playground Homme Plissé Issey Miyake, janvier 2019 à Paris
 (Corinne Jeammet)

La force et l'énergie du vent chez Issey Miyake Men

Yusuke Takahashi, directeur artistique de la ligne homme d’Issey Miyake, indique dans un texte remis aux invités : "Le mode de vie d'aujourd'hui devient de plus en plus minimaliste et léger, nous libérant de toute contrainte et nous permettant de sentir le vent."

La griffe masculine rend donc hommage à cette sensation de liberté et d'énergie que procure le vent (et sa vitesse) à travers un vestiaire composé de vêtements chauds mais aérés, faisant toujours appel à la technologie. Ici de multi méthodes de teinture et de tissage interviennent pour illustrer la notion du vent avec des graphismes diagonaux jaunes tranchants sur du lin Lyocell selon la technique traditionnelle du Batik ; la laine est rétrécie après un double tissage pour donner une texture à la fois sauvage et chaude. Un autre graphique inspiré du tourbillon procuré par le vent est imprimé par transfert et progresse à partir de l'ourlet sur tout le vêtement.

Issey Miyake Men pap masculin ah 2019-20 à Paris, en janvier 2019
 (Anne-Christine POUJOULAT / AFP)

Les hybridations toujours réussies de Sacai

Chez Sacai, qui a présenté un défilé mixte, les idées et les références foisonnent toujours pour Chitose Abe qui prône souvent les hybridations improbables mais cependant réussies. Pour la créatrice japonaise, il faut "célébrer l’idée que nous devrions avoir la liberté d’être différents, d’être un individu." Elle célèbre l’unité et la "liberté d’être" (comme au légendaire Bar Italia à Londres qui est le cadre d’échanges et de pollinisations sociales croisées) et applique cet état d’esprit à son vestiaire. La créatrice joue avec la construction traditionnelle de la silhouette : ainsi, elle inverse les couches du vêtement pour que la doublure interne devienne une couche externe ; un pull traditionnellement porté sous une veste devient sa coque extérieure ; une blouse féminine est laissée libre à l'exception de son foulard qui sert à créer une nouvelle forme et de nouvelles proportions. Les vêtements s'allient entre eux : un trench-coat s'offre un imprimé léopard, un pantalon en flanelle classique hybride avec un legging, un costume est taillé dans un tissu utilisé pour la performance sportive. Les matières se mixent : tissu sportif allié à la féminité du tulle et de la dentelle, Pied de poule croisé avec des chevrons.... Les silhouettes sont énergiques et les hybridations toujours réussies. 
Sacai pap masculin ah 2019-20, à Paris, janvier 2019-20
 (Corinne Jeammet)

Fumito Ganryu et Takahiromiyashita The Soloist, jeunes labels en devenir

Fumito Ganryu, diplômé du Bunka Fashion College en 2000, est passé par Comme des Garçons de 2004 à 2017. Le créateur japonais a lancé son label Fumito Ganryu en 2018. Pour sa collection, présentée sur les podiums de la Fashion Week, c'est un mannequin portant un ensemble blanc de jogging large et pull à capuche qui donne le ton. Les mannequins défilent lentement, la musique est rythmée par le son de gouttes d'eau. Blanc, sable, gris, noir - les couleurs sont pures, les coupes fluides, des grosses écharpes en maille enveloppent et protègent comme des duffle-coats longs et oversize. Les pantalons sont soit très longs soit 7/8, laissant découvrir de fines chevilles entourées de rubans avec pompon.
Un autre créateur japonais, Takahiro Miyashita, déjà vu à Paris dans le passé avec sa première marque, Number (N)ine, est de retour avec sa nouvelle griffe, Takahiromiyashita The Soloist, lancé en 2010. Ce label lui a permis de donner de la sophistication à la rébellion juvénile du rock n’roll qui a caractérisé son ancienne marque. Ses collections multicouches et sombres présentent souvent des proportions contrastées, un style asymétrique et des thèmes conceptuels. 

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