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Les créateurs revisitent avec éclat le kimono à la Tokyo Fashion Week

La semaine de la mode à Tokyo s'est achevée par un hommage à un classique vestimentaire qui fait son retour dans les armoires japonaises : le kimono. Les créateurs se détournent de la soie épaisse traditionnellement utilisée et le revisitent avec du jersey, de la laine et, même, de la toile de jean. Ils apportent un souffle créatif à ce vêtement traditionnel avec de légères touches sexy.
Article rédigé par franceinfo - Corinne Jeammet (avec AFP)
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  (TOSHIFUMI KITAMURA / AFP)

"Le kimono est mode, on ne doit pas le présenter comme dépassé", dit à l'AFP le couturier japonais Jotaro Saito. "Je veux faire passer un message, il peut se porter tous les jours, il peut se porter comme un vêtement moderne, pas comme si les gens mettaient un costume".

Jotaro Saito à la Tokyo fashion week, octobre 2015
 (YOSHIKAZU TSUNO / AFP)
"Kimono", qui signifie "quelque chose à mettre", était à l'origine un mot fourre-tout qui désignait une série de vêtements portés au cours des siècles par les Japonais et les Japonaises. Aujourd'hui, il désigne une longue tunique fermée par une large ceinture appelée "obi". 

Le déclin du kimono date de la fin du 19e siècle, lorsque le Japon s'ouvrit aux influences extérieures après des siècles d'isolement, le début d'un processus qui verrait les générations futures se vêtir à l'occidentale. Sans oublier, son coût prohibitif pouvant aller jusqu'à des milliers d'euros.
Jotaro Saito à la Tokyo fashion week, octobre 2015
 (YOSHIKAZU TSUNO / AFP)
Les mariées louent le leur plutôt qu'elles ne l'achètent. Si l'on voit encore des femmes en kimono dans les villes japonaises, ce vêtement compliqué est la plupart du temps réservé aux grandes occasions. Pour le revêtir, il faut maîtriser l'art de faire des noeuds complexes qui permettent de le porter bien serré.

Les autorités soucieuses de préserver les traditions ont mis, par exemple au point, le "passeport kimono" à Kyoto qui offre à celles qui le portent des remises sur certains magasins et restaurants.

Des kimonos sexy avec la star du hard rock et créateur Yoshiki

                           
Jotaro Saito est né à Kyoto au sein d'une famille qui teignait les kimonos et travaille avec ce vêtement depuis 20 ans. Pour lui, le changement est  crucial si le kimono veut avoir un avenir dans la mode. "Il faut faire évoluer le kimono. On ne peut pas se contenter de faire ce que faisaient déjà les générations précédentes", estime-t-il. "Nous devons répondre à la rue, modifier les patrons traditionnels et faire quelque chose qui convienne à la vie des femmes d'aujourd'hui, sans que le kimono ne perde son âme". Son kimono ne lésine pas sur la main d'oeuvre. Tout est fait à la main, de la teinture à la couture en passant par les broderies et il peut coûter jusqu'à 7.300 euros. Mais ses tissus - jean, polyester ou soie luxueuse- arborent des motifs originaux tandis que les vêtements comportent des touches modernes telles que des capuches fourrées.
Yoshiki à la Tokyo fashion week, octobre 2015
 (TOSHIFUMI KITAMURA / AFP)
Pour ses débuts à la semaine de la mode, la star du hard rock et créateur Yoshiki a collaboré avec une maison de Kyoto. Raccourcis façon mini jupe, assortis de cols en cuir, ses kimonos en imprimé léopard sont près du corps.
  (REX Shutterstock/SIPA)
Le co-fondateur du groupe X Japan explique qu'il veut que les femmes puissent porter ses créations pour assister à des concerts. "J'ai essayé de mêler rock 'n' roll et tradition", dit-il. "Nous avons aussi une collection traditionnelle mais aujourd'hui, j'ai mis l'accent sur la version sexy".

"C'est ridicule, simplifions les choses!", lance Souta Yamaguchi

Mettre un kimono n'est pas simple si bien que nombre de femmes sont obligées de prendre des cours ou de regarder des formations sur YouTube. "C'est ridicule, simplifions les choses!", lance Souta Yamaguchi, directeur de mode indépendant qui associe le kimono au street wear. "Créons un kimono qui se porte avec une ceinture, sans ficelles et sans noeuds". Les puristes avaient mal réagi dans un premier temps mais "les traditionalistes se rendent désormais compte que ces versions modernes peuvent servir de pont pour attirer une clientèle jeune", dit Manami Okazaki, auteure de l'ouvrage "Kimono Now".

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