Les députés refusent d'interdire les mannequins trop maigres
De nombreux députés ont estimé que cela introduirait une discrimination à l'embauche. Le sujet pourra toutefois être de nouveau abordé lorsque les parlementaires débattront en séance du projet de loi, fin mars.
L'amendement aura survécu deux jours. La commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale a rejeté, mercredi 18 mars, un amendement au projet de loi santé interdisant le recours à des mannequins trop maigres et dénutris. De nombreux députés, à gauche comme à droite, ont considéré qu'une telle interdiction, proposée par le rapporteur du projet de loi, le député PS Olivier Véran, introduirait une discrimination à l'embauche.
Le sujet pourra toutefois être de nouveau abordé, éventuellement sous une autre forme, lorsque les députés débattront en séance du projet de loi, à compter de la fin mars, selon la députée PS Catherine Coutelle, qui l'avait co-signé. De même, un amendement de cette députée créant un délit d'incitation à l'anorexie a été retiré. "Nous allons le retravailler et le présenter dans l'Hémicycle" a indiqué Catherine Coutelle, présidente de la délégation aux droits des femmes de l'Assemblée.
Lutter contre "l'impact social" de la mode
En revanche, un autre amendement d'Olivier Véran et Catherine Coutelle a été adopté. Il stipule que "la politique de santé contribue à la prévention et au diagnostic précoce de l'anorexie mentale et des troubles des conduites alimentaires, notamment en luttant contre la valorisation de la minceur excessive".
Entre 30 000 et 40 000 personnes, des adolescentes dans 90% des cas, souffrent d'anorexie mentale, soulignent les auteurs de ces amendements. "L'impact social de cette image que véhicule la mode, où des femmes doivent être maigres à un niveau pathologique pour être belles et défiler, est très fort", selon Olivier Véran.
"Une discrimination dans le Code du travail"
L'amendement rejeté visait à interdire aux agences de mannequinat le recours à des mannequins lorsqu'elles sont diagnostiquées en état de dénutrition. Cet état "d'extrême maigreur", qui s'échelonne sur "trois niveaux de gravité" selon le député, s'évalue grâce à l'indice de masse corporelle (IMC) du sujet, calculé "en divisant le poids par la taille élevée au carré".
Olivier Véran, également neurologue au CHU de Grenoble (Isère), proposait de modifier le Code du travail afin de contraindre les agences à attester pour chaque mannequin d'un certificat médical prouvant que son IMC est supérieur à une valeur donnée.
Cet amendement aurait "établi une discrimination dans le Code du travail", selon le député UMP Bernard Accoyer, lui aussi médecin. "Nous luttons contre la discrimination à l'embauche, et là, on en aurait créé une !" a déclaré Gérard Bapt (PS), également médecin.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.