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Les jeunes marques de mode, des pépites désormais recherchées

Avec l'intérêt croissant de la clientèle internationale pour de jeunes marques de mode, l'appétit des détaillants comme des investisseurs s'aiguise pour des labels jugés prometteurs.
Article rédigé par franceinfo - Corinne Jeammet (avec Reuters)
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La créatrice chinoise Yiqing Yin pose avec une de ses créations à Paris (septembre 2012)
 (LIONEL BONAVENTURE /AFP)
Trouver les pépites capables de séduire la clientèle internationale
Les talents créatifs et pointus sont de plus en plus courtisés dans un secteur du luxe qui a bien résisté aux aléas de la conjoncture en 2012 malgré un ralentissement par rapport à des taux de croissance explosifs en 2011. "L'activité de fusion-acquisition est fébrile dans le secteur, tout le monde veut acheter une marque de mode", a déclaré Andrew Keith, président de Lane Crawford, une chaîne hong-kongaise de grands magasins haut de gamme présente à Pékin et bientôt à Shanghai. Il y a "un appétit de la clientèle absolument immense pour les nouvelles marques", a-t-il dit en marge de la "fashion week" parisienne.

Pour les investisseurs, industriels ou financiers, qui recherchent de nouvelles pépites, il s'agit de trouver les bonnes cibles, celles susceptibles de séduire une clientèle internationale et notamment chinoise - première acheteuse du luxe au monde - de plus en plus sophistiquée.
Le créateur croate Damir Doma, qui connaît un vrai succès commercial pour l'homme, continue d'explorer l'univers féminin.
 (P. Kovarik / AFP)
Kane, Simoëns, Doma ont déjà franchi le pas
PPR a acquis récemment la majorité de la griffe du designer écossais Christopher Kane, tandis que LVMH a pris une participation minoritaire dans la marque Maxime Simoëns. Bernd Beetz, ancien DG du groupe de cosmétiques américain Coty, a déclaré avoir acquis une participation inférieure à 10% de la société Paper Rain Brands, propriétaire de la marque Damir Doma, du nom de son créateur d'origine croate. La jeune griffe française Yiqing Yin, distribuée dans une quinzaine de points de vente très haut de gamme dans le monde, a révélé être en négociations avec des fonds d'investissement afin de franchir un cap dans son développement à l'international.
Chez Hermès, le styliste Christophe Lemaire a demandé à ses mannequins de prendre un air mystérieux en défilant, pour présenter une collection "intime", "classique", "cool". Elle semble être d'une élégance simple et confortable. La silhouette est longue, avec une taille haute et un petit buste. Il y a beaucoup de jupes en cuir, à mi-mollet ou aux chevilles, portée avec des talons hauts assez larges. Le cuir semble léger et fluide. Les matières sont fabuleuses, comme une peau de veau moirée ou du cachemire. Quant aux couleurs, elles sont assez sombres, mais elles aussi sont douces et intimes.
 (F.Guillot /AFP)
Christophe Lemaire, le styliste d'Hermès, souhaite ouvrir le capital de sa propre marque. "On sent qu'il y a de l'argent à investir dans la mode", note-t-il.
 
Inspirées par l’artiste et architecte Naum Gabo - dont les sculptures presque immatérielles aux grands volumes paraboliques occupent l’espace sans l’envahir - ses robes couture spectaculaires dégagent une grâce infinie et diffusent un sentiment étrange. Les broderies de fils sont omniprésentes. On les retrouve sur les robesmais aussi sur les voiles qui couvrent les visages.
 (FRANCOIS GUILLOT / AFP)
Délaisser les grandes marques à logo
De l'avis des professionnels du secteur, les prix d'acquisition oscillent entre une et trois fois les ventes de la société, selon son stade de développement et ses perspectives de croissance. Cet intérêt s'explique par l'évolution de la demande. Les jeunes générations veulent se démarquer de ce qu'achètent leurs parents et ont tendance à délaisser les grandes marques à logos.

Louis Vuitton (groupe LVMH) en a fait les frais, avec un fort ralentissement de sa croissance, tombée à 7% à taux constants en 2012, tout comme Gucci (groupe PPR) qui a ralenti la cadence.

Pour Didier Grumbach, président de la Fédération française de la couture, "les détaillants ont besoin de nouvelles marques et en achètent de plus en plus" car "il y a aujourd'hui une volonté d'investir dans le risque, ce qui n'était pas vrai il y a cinq ans".
 
Alexander Wang a décliné la collection dans des tons sombres avec beaucoup de noir, en contraste parfois avec du blanc. Les coupes sont très féminines et la taille est mise en valeur. Les pantalons ont une taille haute, ceinturée par un petit noeud. Des noeuds comme un hommage à Cristobal Balenciaga, qui les affectionnaient. Le jeune créateur reprend d'autres codes: le volume dans le dos, l'arrondi des épaules, la jupe, aux genoux plus courte devant que derrière.
 (DR)
Des créateurs ancrés dans la réalité 
Les jeunes directeurs artistiques sont capables d'être créatifs tout en étant ancrés dans la réalité du commerce, à l'image d'Alexander Wang. Ce créateur de 29 ans vient de signer chez Balenciaga une première collection qui devrait permettre à la marque du groupe PPR de séduire un plus large public. La discrète créatrice belge Véronique Leroy, connue pour ses coupes au cordeau et ses matières luxueuses, dit elle aussi sentir "depuis deux ans un net intérêt pour des marques singulières", qu'elle explique par un "oeil devenu de plus en plus critique" de la part de clients avertis.
Sa collection puise son inspiration dans un film de Claude Chabrol "La Cérémonie", qui met en scène une employée de maison qui s'approprie la garde-robe de son employeuse bourgeoise. Si mat et brillance fusionnent, la palette quant à elle développe les couleurs sourdes - kaki, cuivré, doré, brodeaux, marine et noir réveillés par un blanc optique. Marqueur de la signature de la créatrice; la construction se décale avec une épaule déportée. 
 (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

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