Les néo-romantiques défilent à Milan dans un climat morose
Les stylistes milanais remettent le velours au goût du jour, étoffe noble et luxueuse qu'ils marient avec des mousselines transparentes ou du cuir (gants, bottes à lacets). Suivant ce filon néo-romantique, Gucci a proposé des robes jacquard et de vertigineuses jupes fourreaux aux tons sombres et chatoyants. Les ensembles tapisserie en brocard ou en velours dévoré, enrichis de broderies aux motifs floraux imaginées par Frida Giannini semblent sortis des romans russes. Tout comme les chemisiers en mousseline de soie transparente aux manches ballons et aux cols bouillonnant de ruches.Pantalon d'équitation et veste à boutons dorés à porter sous une lourde pelisse ou une maxi cape. La garde-robe se complète par de fluides costumes pyjamas en soie peinte et de longues robes portefeuilles façon peignoir au décolleté plongeant. Des cristaux et sequins brillants rampent le long des robes de soirée en tulle plissé.
Chez Alberta Ferretti, ce sont des plumes légères ou de fines perles qui couvrent corsages et robes en voile transparent. Hissées sur des bottines à lacet, les bras recouvert d'interminables gants en cuir noir, elles portent des robes en velours avec des empiècements en cuir aux formes géométriques ou qui mélangent pans de voile et de satin. Robes et manteaux sont gansées, les coutures suivant l'architecture du corps. Quelques couleurs vives: fourrures bleu électrique ou fuchsia, robes rouge ou mauve insufflent une touche d'extravagance.
Chez John Richmond, les bottes ou bottines sont lacées façon patineuse à porter avec de maxi mitaines en cuir. Le styliste anglais propose des chemisiers transparents avec des jeux de plissés en cuir sur l'avant ou encore des robes en crochet. Les robes courtes évasées sont gansées. Les tailleurs aux vestes cintrées Prince-de-Galles s'encanaillent d'une capuche doublée en cuir.
Esprit désinvolte chez Kristina Ti, qui propose des micro-robes à bretelles et des combinaisons-shorts ajourées portées avec chaussettes montantes et bottes fourrées.
Spécialisée dans les tailles fortes, Elena Mirò exalte les formes: un décolleté généreux laisse entrevoir la broderie d'un soutien-gorge. Les manteaux s'enrichissent d'empiècements en fourrure ou en cuir. Des robes en strass incrustées de pierres égayent une collection aux couleurs neutres. Objectif : le marché russe, où la marque aimerait se développer.
Les acheteurs investissent Milan
"La situation n'est pas brillante mais elle n'est pas aussi catastrophique qu'il y a 2 ans", nuance le président de la Chambre de la mode italienne Mario Boselli: "En 2011, le C.A devrait enregistrer une hausse de 5,5%, sans compter que le secteur s'est transformé: les entreprises se sont restructurées. Aujourd'hui, elles sont plus flexibles et solides", assure-t-il.
Après une légère reprise, la conjoncture s'est détériorée en octobre dans le sillage de la crise de la dette souveraine, souligne la Chambre de la mode dans son dernier rapport prévisionnel. A cela s'ajoutent les mesures d'austérité adoptées par le gouvernement de Mario Monti en décembre. "Cette diminution de leurs revenus comportera cette année une réduction de 1,5% à 2,5% des achats vestimentaires", indique le rapport. "Le C.A de la mode devrait donc reculer de 5,2% en 2012 pour s'établir à environ 60,2 milliards d'euros... Le problème crucial reste en revanche la difficulté pour nos PME d'accéder au crédit", poursuit Mario Boselli.
"L'année 2012 sera complexe et pleine d'inconnues" estime Silvio Albini, le président du Salon international du textile "Milano Unica", qui a déjà perçu "des premiers signes de ralentissement" dans les commandes passées auprès des tisseurs italiens. "C'est le moment pour nos entreprises de se concentrer sur l'export, là où comptent beaucoup les valeurs du Made in Italy", note-t-il. A l'instar de la Chine, dont les importations de tissus italiens ont augmenté de 27,2% en 2011.
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