Les "Splendeurs Impériales" de Chaumet dans l'écrin de la cité interdite à Pékin
Cette exposition s’appuie sur la richesse du patrimoine Chaumet, un fonds unique de bijoux historiques, de dessins et d’archives, pour explorer son héritage. Elle dessine les contours d’un style, d'un langage et de ses codes, dans un dialogue avec les grands courants artistiques. Elle révèle aussi les inspirations partagées et les influences réciproques entre les arts joailliers chinois et français.
Pourquoi ce choix du Musée du Palais pour exposer Chaumet ?
Henri Loyrette (directeur scientifique de l’exposition) : "J’ai constaté lorsque j’étais au Louvre la proximité qui a toujours existé entre Chaumet et le musée. Chaumet est une maison qui, en particulier sous l’Empire, accompagne l’histoire de France. Cette légitimité impériale justifie à elle seule une exposition au Musée du Palais, qui a tout de suite favorablement accueilli notre projet grâce à cette connivence historique, et qui a jugé la sélection des œuvres digne d’être présentée aux côtés de leurs collections. La vitrine que nous avons conçue en partenariat, qui rapproche des créations de nos collections respectives, françaises et chinoises, illustre la parenté qui existe entre nos deux histoires".Quels sont les enjeux de la conception d’une exposition au Musée du Palais pour un public non-initié à la joaillerie parisienne et à l’histoire de France ?
"L’enjeu est multiple : il faut rappeler les fondements de l’histoire de la Maison, ses connivences avec l’histoire de France. Il faut aussi poser pour chaque époque la question de la sociologie du bijou, expliquer la façon de le porter, raconter la clientèle de Chaumet et les styles adoptés par la Maison. En somme montrer comment Chaumet est entrée dans le grand courant des arts décoratifs aux 19e et 20e siècles. Mais il y a aussi tout simplement l’émerveillement produit par les pièces que nous montrons, du à leur beauté mais aussi à leur portée symbolique. L’épée consulaire de Bonaparte par exemple, est un objet admirable en soi, qui dit aussi énormément de choses sur l’histoire de France et sur l’histoire impériale… Cette exposition est avant tout une exposition d’art, puisque l’on exalte à travers l’histoire de Chaumet la beauté de ses créations. Mais c’est aussi une exposition d’histoire car elle montre la façon dont la Maison a accompagné l’histoire de France, et dont elle s’est ouverte à l’ensemble du monde dès la seconde moitié du 19e siècle, captant les influences les plus diverses et étendant sa clientèle".La place Vendôme, berceau de la légende
L’exposition plonge le visiteur à la source de Chaumet, rappelant les grandes dates de son histoire de 1780 à 2017. Douze pièces emblématiques racontent la Maison, de la plus ancienne connue (boîte de la marquise de Lawoestine, 1789) à une bague Joséphine d’aujourd’hui, mises en scène devant des maquettes de la place Vendôme et de ses façades.Dans une première partie chronologique, l’évolution des styles accompagne l’histoire de France et la succession des régimes politiques. Les créations impériales et royales du Consulat au Second Empire sont présentées ici : Napoléon 1er, qui choisit le fondateur de Chaumet, Marie-Étienne Nitot, pour magnifier les symboles de son pouvoir ; l’Impératrice Joséphine, dont le goût immodéré pour les bijoux s’illustre dans des parures d’apparat de perles et de pierres provenant souvent des Diamants de la Couronne ; et l’Impératrice Marie-Louise, à l’origine de l’âge d’or du bijou néoclassique. Après les Orléans, amateurs du style romantique de Fossin, le règne de Napoléon III et Eugénie est marqué par le retour à l’Éclectisme mêlant différents styles du passé.
Regards croisés entre la France et la Chine
Chaumet connaît aussi un grand succès dans les Expositions universelles, événements internationaux qui l’ouvrent au monde à la fin du 19e siècle. Celles-ci encouragent l’engouement pour la "chinoiserie", production en Occident d’objets inspirés par l’Extrême-Orient. Chaumet décline l’exotisme oriental dans ses créations, services d’orfèvrerie, puis bijoux Art déco dans les années 1920.Cette section offre un face-à-face de 22 bijoux des collections du Musée du Palais et de 22 créations de Chaumet.
Le monde Chaumet
Thématique, cette seconde partie évoque l’ouverture de Chaumet à une haute société de plus en plus cosmopolite et la codification d’un style qui reflète l’esprit et le goût parisien. C'est un dialogue entre diverses époques autour de quatre sujets : l’art du collier, la poésie de la nature (tableau mêlant les répertoires botanique et animalier), les bijoux de sentiment du nœud au lien et l’art du diadème.Rois des bijoux de tête, les diadèmes jalonnent l’exposition. Chaumet a donné carte blanche aux élèves en joaillerie de la Central Saint Martins pour la création du diadème du 21e siècle. Parmi 8 finalistes, le jeune étudiant Anglais Scott Armstrong a été choisi pour présenter son diadème "Vertiges".
Chaumet vous a invité à dessiner le diadème du 21e siècle ; qu’est-ce qui vous a inspiré ?
"Je n’aurais jamais imaginé avoir l’opportunité de dessiner un diadème. Spontanément, il m’était difficile de concevoir ce joyau inscrit dans la culture du 21e siècle. Historiquement, les diadèmes sont symboles de noblesse, de pouvoir, de beauté et de bien d’autres choses qui ne sont plus forcément d’actualité ou accessibles de nos jours.Le diadème du 21e siècle doit à mon avis représenter les mêmes valeurs que ceux créés à travers l’histoire ; être un ornement exceptionnel pour une femme exceptionnelle. Pour ma création j’ai été inspiré par les merveilleux motifs et détails abstraits formés par les allées des jardins à la française, comme ceux que l’on trouve à Versailles ou au Château de la Malmaison, dans la roseraie de l’Impératrice Joséphine".
Riche d'une iconographie nouvelle présentant les créations phares de 1780 à nos jours, et bénéficiant d'un fonds d'archives inédites et fascinantes, cette monographie met en évidence les langages et les éléments constitutifs du style Chaumet, ainsi que les dialogues stylistiques des créateurs ayant travaillés pour la Maison, suivant leurs époques respectives et les courants artistiques qui les animaient.
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