Les voyages fantasmés de Dries van Noten s'installent à Anvers
En présentant ses sources d’inspiration multiples, Dries Van Noten révèle son processus de création. Initié par tradition familiale à la culture textile, il étudie la création de mode à l’Académie Royale des Beaux-arts d’Anvers et obtient son diplôme en 1981. En 1986, il crée sa marque. Sa première collection homme est présentée à Londres en 1986 avec Walter Van Beirendonck, Ann Demeulemeester, Dirk Van Saene, Dirk Bikkembergs et Marina Yee : "les six d’Anvers" constituant un groupe informel de jeunes créateurs belges devenu synonyme d’avant-garde de la mode.
Un vocabulaire esthétique identifiable
Le couturier, en s’appuyant sur un brassage d’images d’hier et d’aujourd’hui et de cultures venues d’ailleurs, ressuscite une mémoire, un souvenir ou la trace d’un voyage intime. Il élabore ses collections à partir de voyages fantasmés, de lieux exotiques qu’il fait surgir de son imaginaire et qui pourtant empruntent aux traditions ethniques et folkloriques de l’Inde, de l’Afrique ou du Mexique. Les images inventées apportent à ses textiles un raffinement extrême, tant dans le choix des motifs imprimés que dans les tissages et le choix des matières. Ses défilés témoignent d’une émotion ressentie devant une toile ou le travail d’un artiste : ainsi les oeuvres de Francis Bacon ont donnés lieu à des inspirations dans la collection femme automne-hiver 2009. Il peut ne retenir qu’une couleur, une gestuelle ou une atmosphère : la puissance et la force du rouge chez Mark Rothko, la lumière bleue de la grotte de Capri ou la fragilité qu’évoque le papillon peuvent être le point de départ d’une collection.
Ses créations se nourrissent de ces contrastes, tout comme la dualité, une autre constante de son vocabulaire. Souvent le créateur use des oppositions homme –femme pour repousser les limites de la garde-robe : des tissus connotés comme féminins telle que la dentelle par exemple habillent l’homme tandis que les coupes masculines sont déclinées dans les collections femmes.
Des lieux choisis en osmose avec la collection présentée
Le créateur ose les lieux improbables mais toujours en lien avec le thème de la collection, comme le passage Brady, dans le quartier indien de Paris pour la collection homme printemps-été 1994 ou, en 2008, la fontaine de Pol Bury dans la cour du Palais Royal sert de décor au défilé de la collection femme printemps-été 2009 ou encore le 50e défilé en 2004 célébré autour d’un gigantesque banquet.
Dries Van Noten a réuni des éléments qui reflètent ses sources d’inspiration, à l’image des Chambres de merveilles de la Renaissance qui rassemblaient des objets mémorables. Le vestiaire est présenté dans une juxtaposition étonnante qui semble imprévisible au premier regard. Ces choix sont en réalité le fruit d’un montage où le créateur a procédé par association d’idées en jouant et déjouant les affinités entre les pièces.
L'exposition décline une série de thèmes qui caractérisent ses collections depuis le début des années 1980. Ici, se rencontrent les références historiques et artistiques, ethniques et cinématographiques, musicales ou géographiques. Afin d’évoquer des thématiques intimes telles que la Jeunesse, l’Archétype, L’Ambiguïté, la Passion, ou pour créer une promenade à travers les thèmes qui composent sa signature, des pièces anonymes du XIXe siècle ou de couturiers emblématiques comme Elsa Schiaparelli ou Christian Dior ont été sélectionnées.
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