Londres : une exposition rend hommage à Alexander McQueen
Plus de 70.000 billets ont déjà été vendus pour l'exposition baptisée "Savage Beauty" (Beauté sauvage) que le directeur du Victoria and Albert Museum décrit comme "un retour émouvant" du couturier, qui s'est suicidé en 2010 à 40 ans.
Jusqu'au 2 août, les visiteurs pourront approcher 240 créations qui permettent de définir le style singulier et parfois bizarre de McQueen dans ce qui constitue la plus importante exposition de mode présentée par le musée.
Jeudi soir, le monde de la mode - et des people - était présent pour le gala d'ouverture, avec notamment Victoria et David Beckham, les mannequins Naomi Campbell, Kate Moss, Eva Herzigova et Poppy Delevingne. Ils ont été rejoints au dîner par l'actrice mexicaine Salma Hayek et le Britannique Colin Firth.
La conservatrice de l'exposition, Claire Wilcox, a décrit le couturier comme "l'un des créateurs les plus influents de sa génération, qui a choqué avec ses défilés spectaculaires et puissants". L'exposition est, selon elle, un reflet de "son expression élaborée, de son artisanat de haut niveau" et de son obsession romantique pour la nature.
Les pièces exposées dévoilent son habilité technique acquise en tant qu'apprenti à Savile Row - la célèbre rue des tailleurs à Londres - et qui se caractérise par des courbes assemblées avec précision et des silhouettes exagérées devenues sa marque de fabrique.
Fasciné et inspiré par la nature
La chercheuse assistante Louise Rytter explique que le couturier était un téléspectateur avide des programmes TV sur la nature qu'il a largement exploitée, utilisant notamment des plumes de faisans ou d'oies, des coquillages ainsi que des crânes d'oiseaux ou de crocodile et des bois de cervidés sur lesquels il a cloué des bijoux. Autruches et gazelles l'ont également inspiré.
"Je pense qu'il était inspiré par la nature pour son côté si imprévisible et sauvage, a-t-elle dit. C'était très profondément ancré en lui." Plus loin, dans la salle "Romantique Gothique", des mannequins masqués de cuir portent d'imposantes robes de style gothique victorien qui révèlent le travail sur les contrastes, l'ombre et la lumière, chers au couturier.
La collection inachevée
Des créations de son ultime collection restée inachevée peuvent également être admirées. Qualifiant McQueen "d'artiste à part entière", Louise Rytter insiste sur le fait qu'"il a puisé tellement d'inspiration dans l'art", ajoutant que lui et ses collaborateurs parmi le mouvement des jeunes artistes britanniques du début des années 90 ont aidé à moderniser la culture britannique grand public.
Ses sensibilités politiques et historiques peuvent être observées dans une pièce où une rangée de robes en tartan, inspirées par ses origines écossaises, côtoient des robes rouge impérial, blanche et or faites de plumes, de fourrures et de pierres précieuses.
L'exposition revient également sur son défilé de 1995 baptisé "Highland Rape" (Le viol des Highland), où il avait exploré le traitement violent de ces territoires écossais par les dirigeants britanniques à grand renfort de mannequins aux vêtements déchirés ou aux corps ensanglantés, cimentant sa réputation d'enfant terrible de la mode.
Des clips vidéos de McQueen diffusés tout au long de l'exposition célèbrent aussi l'influence que Londres a pu dans sa carrière. Un cabinet des curiosités reflète aussi son attrait du macabre.
Kate Moss en hologramme
Dans l'un des temps forts de l'exposition, Kate Moss, qui était une amie proche du couturier, flotte sous forme d'un hologramme géant en 3D en arborant l'une de ses robes éthérées faite de plumes blanches.
La chaussure "armadillo" portée par Lady Gaga dans son clip "Bad Romance" est également exposée. Pour Jaana Jatyri, une prescriptrice de tendances et l'une des premières à découvrir cet hommage, Alexander McQueen "va renaître, j'en suis sûre, à travers cette exposition".
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