Maurice Renoma, son parcours rétrospectif de la mode à la photo
Une liberté qui s’explique par une formation autodidacte et une progression en marge des courants qui dominent le monde de l’art. Cette exposition révèle une créativité éclectique, une personnalité inclassable et insatiable, car sans cesse en quête de renouvellements. C’est la première rétrospective de l’oeuvre photographique de Maurice Renoma en France, qui suit la parution d’une monographie aux éditions de La Martinière.
Fils d’un tailleur, Maurice Renoma grandit dans l’appartement familial qui sert aussi d’atelier de confection, à Paris. Ado dans un contexte d’après-guerre, il se lance dans des créations qui suscitent l’admiration de ses pairs autant que la désapprobation des adultes. Phénomène James Dean oblige, avec "La Fureur de Vivre", il se confectionne un blouson en suédine, puis, il réalise un duffle-coat, jusque là typiquement anglais, en loden, technique inédite à l’époque. Maurice Renoma signe alors ses premières commandes.
La mode, une forme d'art libre
En 1963, c’est l’ouverture de la boutique de la rue de la Pompe à Paris. Considérant la mode comme une forme d'art, Maurice Renoma en exprime sa vision originale et audacieuse avec des matières inédites, des couleurs franches et des coupes sculpturales
C'est le temps des vestes cintrées à larges revers, aux fentes profondes, aux épaules droites associées à un pantalon coupe droite, taille basse. Le créateur bouscule les standards avec ses blazers en drap militaire, ses costumes cintrés en velours vert, grenat, violine … Il détourne le vêtement en le taillant dans du tissu d’ameublement.
La jeunesse dorée parisienne et le show business font de sa boutique le temple de la mode. On y croise Brigitte Bardot, Catherine Deneuve, Eric Clapton, Bob Dylan, Elton John, Serge Gainsbourg, John Lennon, Mike Tyson, le roi Pelé, la famille Mitterrand, Valéry Giscard d’Estaing, Yves Saint-Laurent, Alain Delon, Jacques Dutronc, Françoise Hardy, Jean-Paul Belmondo, Andy Warhol, Keith Richards et Jim Morrison…
De la mode à la photographie, le goût de l'expérimentation
Au début des années 1990, le créateur développe une passion pour l’image. Elle devient le noyau de son travail et marque le début d’une nouvelle histoire.
Sa photographie revêt de nombreuses facettes : la pratique du noir et blanc, à travers laquelle se manifeste déjà le goût de l’expérimentation, fait place à de multiples inventions sur le plan visuel servies par les techniques numériques. S’il commence par photographier certaines de ses créations dans le domaine de la mode, il s’en évade et donne libre cours à ses inspirations les plus diverses, opérant au fil de ses rencontres et de ses voyages.
Le titre de son premier recueil de photographies “Renoma … Maurice : modographe” souligne ce qu’il doit à la mode dans l’immédiateté de sa vision : la même attention portée aux détails et à la composition, grâce à laquelle ses créations vestimentaires ont connu le succès.
La photographie l'entraîne vers un autre voyage créatif. L'esthétique Renoma, c'est une volonté de sortir des sentiers battus et d’explorer de nouvelles perspectives, en osant mélanger les concepts et les supports pour concevoir des créations atypiques et originales. Sa passion pour l’image l’a conduit aussi à un autre défi : la création de sa ligne de mobilier. Exposition "Maurice Renoma Un + Un = 3", du 5 septembre au 19 octobre 2014. Maison de la Photographie. 28, rue Pierre Legrand. 59800 Lille.
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