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Antonin Mongin, ennoblisseur textile de cheveux, fait revivre un artisanat disparu

Prix de la Jeune Création Métiers d’Art 2017, Antonin Mongin associe le cheveu à différents matériaux. Grâce à des savoir-faire techniques et des textiles contemporains, il crée des pièces hybrides. Avec Relic’Hair, le créateur fait renaître un artisanat disparu à la fin du XIXe siècle consistant à réaliser des objets reliques avec cette matière humaine.
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le créateur Antonin Mongin, ennoblisseur textile de cheveux
 (DR)

Etudiant chercheur spécialisé en Soft Matters à l’EnsADLab - L'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs Paris, Antonin Mongin se démarque avec ce projet peu commun : donner une seconde vie au cheveu via la sérigraphie textile, le tissage ou le tricotage.

Avec Relic’Hair, il fait renaître un artisanat disparu à la fin du XIXe siècle. Des particuliers apportaient à des "artistes en cheveux" - ainsi nommés à cette époque - des mèches de cheveux d’une personne aimée, morte ou vivante, afin qu’ils puissent créer au moyen de ces fibres, des objets reliques sous forme de tableaux appelés camaïeux ou des accessoires à porter sur soi ou à offrir.
Le créateur Antonin Mongin, dans son atelier en 2017
 (DR)
Antonin Mongin a mis en place plusieurs protocoles créatifs d’ennoblissement de cette matière première d'origine humaine, en l’associant à des matériaux et des savoir-faire techniques textiles contemporains pour créer des pièces hybrides uniques.

Une technique textile est ainsi mise en place pour la réalisation de chaque pièce : sérigraphie textile à partir d’une poudre de cheveux, tissage ou tricotage.
Le créateur Antonin Mongin, dans son atelier en 2017
 (DR)
Ce travail autour du médium textile, il le développe aussi graphiquement en puisant dans le répertoire de motifs classiques textiles comme le pois, le damier ou le pied-de-poule pour créer un rappel visuel. Il considère le cheveu comme un "protagoniste textile à part entière", au même titre que d’autre matières d’origine animale ou végétale.

Pour aller encore plus loin dans le lien entre le monde de la coiffure et du textile, il mélange le cheveu à des matières synthétiques comme le Nylon ou le polyester, couramment utilisées pour imiter le cheveu dans les perruques. Il préserve le chromatisme originel de chacun des dons capillaires qui lui ont été donnés à travailler.
Le créateur Antonin Mongin, dans son atelier en 2017
 (DR)

3 lauréats pour le Prix de la Jeune Création Métiers d'Art 2017

Dénicheur de talents, le Prix de la Jeune Création Métiers d’Art révèle chaque année une nouvelle génération de créateurs, sélectionnés sur des critères de qualité artistique et de maîtrise d’un savoir-faire. Outre Antonin Mongin, deux autres lauréats - aux univers aussi surprenants qu’élégants - ont été distingués par le prix de la jeune création métiers d'art.

Marie Masson, artiste en bijoux contemporains, imagine des objets corporels qui réinventent les formes et les codes des accessoires de la parure féminine et masculine, de manière insolite et élégante. Après 5 années d’études à l’Ecole Nationale Supérieure d’Art de Limoges, elle intègre en 2010 le département Ceramics, Jewellery and Furniture de la Central St Martin’s School à Londres
Ses créations se situent entre le bijou d’artiste, les arts décoratifs, la sculpture et la mode. En proposant des postures et gestuelles inattendues, ces bijoux invitent à une nouvelle perception de son propre corps, de celui des autres et de l’espace. Cuir, plumes, cheveux, métal, broderies…Marie Masson se consacre au monde animal et à l’humain, notamment avec ses cravates en crin de cheval, ses broches emplumées ou ses objets de toilettes rehaussés de cheveux. Elle développe aussi tout un pan de sa démarche autour des décorations de l’armée, dont font partie les hommes de sa famille, en détournant avec poésie et délicatesse les médailles d’honneur et autres distinctions.

Maxime Leroy, plumassier travaille la plume de manière innovante pour créer des œuvres sculpturales et avant-gardistes, des arts décoratifs aux objets de design, en passant par les vêtements.

Empreintes soutient les jeunes pousses

Le concept store des métiers d'art soutient les jeunes créateurs français en exposant du 17 avril au 9 août 2017 les pièces inédites des trois lauréats du Prix de la Jeune Création Métiers d’Art. Empreintes présente ainsi plus de 1000 objets singuliers et authentiques, façonnés à la main en pièces uniques ou en petites séries dans leur atelier d’art situé en France.

Marie Masson et Maxime Leroy exposeront leurs pièces sur le salon Révélations du 3 au 8 mai 2017. Antonin Mongin aura un stand au salon Maison & Objet du 8 au 12 septembre 2017.

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