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Le plumassier Eric Charles-Donatien met l'art de la plume au service de la haute couture
Entre un bac de teinture et une robe à terminer, Eric Charles-Donatien s'active dans son atelier parisien : le plumassier est sur la brèche en cette période de semaine de la haute couture. Il travaille régulièrement avec des créateurs qui le sollicitent pour réaliser les créations en plumes de leur collection de haute couture ou de prêt-à-porter de luxe.
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Nombreux sont les couturiers qui font régulièrement appel à l'artisan plumassier pour ennoblir leur travail. Ce savoir-faire rare est aujourd'hui partagé par moins d'une dizaine de créateurs indépendants en France aujourd'hui.
"Fabriquer de la matière et du relief"
Après une enfance en banlieue parisienne, auprès d'un père informaticien et d'une mère employée de mairie originaires de la Martinique, Eric Charles-Donatien se forme à l'école d'arts appliqués Duperré, puis à l'école de la chambre syndicale de la couture. Ce qui l'intéresse, c'est "fabriquer de la matière et du relief". "J'ai toujours eu une affection particulière pour l'architecture et la sculpture", explique-t-il. Il fait une rencontre décisive : celle d'André Lemarié, alors à la tête de la maison familiale fondée en 1880, spécialisée dans le travail des plumes et des fleurs, et depuis acquise par Chanel.Il apprend le métier auprès du maître et des plumassières de l'atelier, dont beaucoup ont 30-40 ans d'ancienneté, avant de devenir le directeur artistique.
Main dans la main avec les couturiers
Une expérience de 13 ans, au cours de laquelle il travaille avec des grands d'Alexander McQueen à Yves Saint Laurent en passant par Jean Paul Gaultier. Si pour cette saison automne-hiver 2018-19 qui a défilé sur les podiums parisiens du 1er au 5 juillet 2018, Christophe Josse n'a pas travaillé avec l'artisan, il est cependant un adepte de son travail de longue date et nous l'explique : ce qu'il cherche dans les plumes d'Eric Charles-Donatien ? "Tout... je recherche tout", nous explique Christophe Josse. "Au-delà des plumes, son talent, son oeil, la maîtrise de son art et sa quête d'excellence. Il sait sublimer une silhouette. (...) A chaque fois, c'est une surprise. Il renouvelle ses propos qui m’émerveillent à chaque fois, il sait m'interpeller et me rassurer. Son travail de plumes d'autruche glycérinées, par exemple, me sublime".Une plume moderne, plus attrayante
"Je pense qu'on a participé avec M. Lemarié à faire que la plume devienne plus attrayante pour les jeunes, plus moderne, continue à s'inscrire dans tous les défilés, pas seulement avec un boa autour du cou, pas seulement pour un spectacle de cabaret, et devienne une matière à part entière", explique Eric Charles-Donatien, designer de 46 ans qui a lancé son affaire en 2012.Dans son atelier, les plumes sont stockées dans des boîtes étiquetées, rangées par couleur ou par famille. Les plus utilisées sont l'autruche et le coq, puis l'oie et la dinde. Elles proviennent du sud-ouest de la France, d'Afrique du Sud, d'Argentine, et un peu d'Asie. Le plumassier doit aussi parfois composer avec la matière que les créateurs lui fournissent, par souci d'économie : "Tant que cela n'altère pas la qualité du travail que nous faisons, j'essaie de m'adapter. Mais je leur dis ne pas nous demander une Rolls-Royce au prix d'une 2CV !" ajoute-t-il.
Si la mode est sa principale activité, Eric Charles-Donatien réalise aussi des bijoux ainsi que des vitrines pour la haute joaillerie ou des boutiques. La décoration d'intérieur est aussi un autre terrain d'expression.
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