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Les ateliers du plisseur Lognon, un savoir-faire précieux pour la haute couture

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Le temps semble suspendu dans les ateliers Gérard Lognon, à Paris, où, depuis la moitié du XIXe siècle, des artisans plissent des tissus avec les mêmes gestes et techniques. Quand l'artisan est parti à la retraite sans successeur, les ateliers ont été rachetés par Chanel, comme une dizaine d'autres métiers d'art auparavant -- brodeur, plumassier, bottier, gantier...


Quatre générations de Lognon se sont succédé, depuis qu'Emilie a ouvert les ateliers en 1853. Mais en 2013, son arrière-petit-fils, Gérard George, est parti à la retraite sans successeur. Les ateliers ont été rachetés par Chanel, comme une dizaine d'autres métiers d'art (brodeur, plumassier, bottier…) regroupés dans la filiale de la maison de luxe Paraffection.
 (JOEL SAGET / AFP)
Gérard-George Lognon se qualifiait d'"anoblisseur de tissu", car entre les mains de ces artisans, le tissu plat peut prendre quantité de formes différentes. 
 (JOEL SAGET / AFP)
Dans l'atelier, trois plisseurs sont à l'oeuvre, entourés de moules en carton, des "métiers", déposés sur des étagères. Les lieux ne semblent pas avoir bougé depuis des décennies. Le parquet ne peut d'ailleurs pas être changé: "il est classé". 
 (JOEL SAGET / AFP)
"C'est une sculpture du vêtement", pour Léopoldine Pataa, plisseuse depuis peu : cette femme de 34 ans travaillait jusqu'alors dans les ateliers Lemarié. Il y a le plissé soleil, parfait pour des robes amples et évasées, le plissé plat, le plissé accordéon et d'autres, plus fantaisie, baptisés par M. Lognon, "Gaspard", "Auguste", "boa"… Autant de noms pour désigner les moules. Certains font penser à de l'origami, tant le carton a été plié et replié pour arriver au moule final, avec toute sorte de zigzags. Il y a au total 2.500 métiers pour environ 2.000 plissés différents.
 (JOEL SAGET / AFP)
Léopoldine Pataa étale un métier sur une grande table pour faire un plissé soleil. Elle glisse avec minutie le tissu entre les deux feuilles de carton, comme un très grand éventail ouvert, puis les replie. Le métier sera ensuite placé dans une étuve, entre 85 et 100°, pendant une durée allant de 2 à 5 heures selon les tissus. Il faudra encore laisser reposer plusieurs heures. "Pour une pièce, il faut une bonne journée", explique Nadine Duffat, directrice de Lemarié. Certaines peuvent aussi être plissées à la machine.
 (JOEL SAGET / AFP)
Pour les défilés couture été 2014, les plisseurs ont travaillé sur des pièces pour Chanel, Dior, pour le Vénézuélien Oscar Carvallo.... Ils font également du prêt-à-porter pour Chanel mais aussi Vanessa Bruno etc. Les Carrés plissés d'Hermès viennent des ateliers Lognon. 
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"C'est un savoir-faire unique à conserver, (...) un métier indispensable pour la haute couture et le prêt-à-porter haut de gamme", vante Nadine Duffat. D'autant plus qu'il y aurait aujourd'hui moins de cinq plisseurs en France. Elle met en avant le "potentiel extraordinaire" des ateliers Lognon, avec tous leurs moules. "Notre objectif est de développer" ces ateliers, assure-t-elle, car "il y a de la demande".
 (JOEL SAGET / AFP)

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