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Retour sur la semaine parisienne de la haute couture automne-hiver 2021-22 en quatre vidéos coups de coeur

33 maisons ont présenté à Paris, du 5 au 8 juillet 2021, leur collection haute couture automne-hiver 2021-22. Retour sur quatre vidéos coups de coeur pour prolonger le plaisir de cette semaine de la mode.

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Viktor & Rolf couture automne-hiver 2021-22 à Paris (Courtesy of Viktor & Rolf)

Pendant la pandémie de la Covid-19, les maisons de couture ont dû s’organiser pour offrir une vision de leur collection, sous forme de vidéos et de courts métrages, disponibles sur une plateforme dédiée. "Cette créativité augmentée va définitivement perdurer lorsque l’on reviendra au physique. La scénographie physique sera ainsi étoffée par une scénographie numérique" expliquait Pascal Morand, le président exécutif de la Fédération de la Haute Couture et de la Mode, lors de la dernière semaine de la haute couture en janvier 2021.

Ce fut le cas cette saison, seules sept maisons sur trente trois ont présenté en présentiel leur collection automne-hiver 2021-22Retour sur les shows Schiaparelli, Viktor & Rolf, Franck Sorbier et Zuhair Murad en vidéos coups de coeur. 

Schiaparelli : "cette joie qui m'a poussé à me lancer dans la mode"

"Pendant deux ans, j'ai pu dire que la nostalgie ne m'intéressait pas, qu'elle n'était pas mon sujet. Cette saison, néanmoins, c'est par elle que tout a commencé. Que se passerait-il si l'on combinait un peu de Manet, un peu de Lacroix, un peu des années 1980, un peu des années 1880, un peu de matador, un peu d'extraterrestre, un peu d'Ingres, un peu de brillant, beaucoup de couleurs ? La réponse est ici avec ma quatrième collection de couture The Matador", a indiqué Daniel Roseberry, directeur artistique de Schiaparelli avant d'ajouter "Cela coïncide aussi avec un retour à l'innocence, à cette joie qui m'a poussé à me lancer dans la mode".

Pas de mise en scène superflue pour la vidéo car les pièces présentées sont tellement puissantes qu'elles se suffisent à elle-même. La collection qui rend hommage aux iconiques de la maison se décline en trois parties. La première célèbre les vestes du passé : la veste courte en denim blanc inspirée des matadors est ainsi ornée de manches tubulaires brodées et de glands en soie noire, à porter sur une jupe en tulle structurée. La deuxième partie se concentre sur le corps et les bijoux, élément clé du vocabulaire figuratif de la maison : une main quasi grandeur nature sert ainsi de boucle de ceinture, tandis qu'une minaudière est en forme de lèvres géantes. Enfin, la troisième partie aborde la célébration de la couleur.  

 

Franck Sorbier : rencontre avec une Relique

Franck Sorbier aime les univers poétiques et puise son inspiration dans des rêves oniriques. Sa collection "L'Esprit des lieux - Chaalis - La Servante, le Passeur et la Relique" donne le ton. "Le titre sonne comme une fable philosophique, un conte onirique mais il parle, avant tout, malgré ses références passéistes, d’une actualité de plus en plus brûlante qui a pour sujet la richesse et la pauvreté", explique le couturier.

La Servante, le Passeur et la Relique sont les personnages de ce conte moderne tourné au domaine de Chaalis dans la forêt d’Ermenonville. Dans ce film, la Servante incarne une paysanne qui évolue dans un univers bucolique "qui traduit mon envie de dépouillement. Un paupérisme inspiré d’une série de clichés de l’artiste Jackie Nickerson qui a photographié des ouvriers agricoles au Zimbabwe, en 1996, et qui a mis l’accent sur les vêtements que les travailleurs se sont, eux-mêmes, confectionnés" explique Franck Sorbier. Le blanc, l’écru, l’ivoire, le beige et le grège composent la palette des modèles dont la robe roumaine juponnée est la base ennoblie par superposition de capes, d’imperméables, de gilets, de vestes courtes, de châles… Les matières sont brutes ou à aspect rustique. Autre personnage : le Passeur. Cet intermédiaire, entre deux cultures et deux époques, permet la rencontre avec la Relique, inspirée de l'ouvrage Trésors des Catacombes qui évoque, dans les années 1723, un squelette orné de fils d’or, pierres précieuses, perles fines. "J’y ai vu un rêve d’éternité et comme j’aspirais, aussi, à l’opulence, nous avons créé notre propre relique et l’avons habillée de manteaux en jacquards d’esprit floral et papier cuve, en brocard minéral, en damas grec orthodoxe, dans des tonalités baroques. Les pièces sont rebrodées d’entre-deux de dentelles mécaniques or et cuivre, de perles d’eau, de ruchés et de guipures or pâle" explique le couturier.

Viktor & Rolf : une reine d'un jour

La collection The New Royals du duo Viktor & Rolf s'inspire de la nouvelle génération de la famille royale et de leur tentative de montrer une réalité humaine derrière la façade d'une institution. Comme la monarchie, la mode a sa propre hiérarchie, ses cours, ses alliances de pouvoir et ses rois et reines. La collection rend hommage à l'instinct de survie d'une institution que Viktor Horsting et Rolf Snoeren servent depuis près de 33 ans : la mode. 

Les deux créateurs ont voulu montrer, de façon positive, comment chacun peut devenir une reine ou se comporter comme un roi. Peu importe si leurs fourrures sont en plastique, leurs bijoux en pâte et leurs robes patchwork en polyester. Chaque look comprend trois couches - une robe, un manteau et une ceinture - et est orné de cristaux Swarovski. Le duo a également présenté une sélection en avant-première des prochaines chaussures et sacs Melissa / Viktor & Rolf. La collection a aussi été présentée sur rendez-vous à la Chapelle Expiatoire à Paris, dédiée au roi Louis XVI et à la reine Marie-Antoinette. Monument construit sur le terrain où ils avaient été enterrés après avoir été guillotinés place de la Révolution en 1793, pour être transféré plus tard à la Basilique Saint-Denis. 

Zuhair Murad : une fête à Venise

Zuhair Murad a fondé sa maison en 1997 à Beyrouth et fait défiler à Paris, depuis 2001, des collections qui mélangent l'héritage ancien avec une touche moderne. C'est dans le jardin d'un Lycée que le créateur libanais a invité son public à découvrir une collection imprégnée de l’esprit de Venise.

Après ses longs mois de pandémie, il rend un hommage à la Cité des Doges qui a combattu invasions et maladies sans jamais se défaire de sa passion du luxe, des arts et de la beauté. A cette fête vénitienne contemporaine, sous le froissement du taffetas et des capes opulentes parfois volées d’un tableau de Carpaccio, se cachent des pampilles et des cristaux, des irisations de verre aux teintes irréelles, des fourreaux. Des combinaisons s'ornent de cristaux et des caftans de princesses orientales sont jetés sur des tenues Renaissance revisitées. Les capes et les longs gants en tulle rebrodé s’inspirent des codes du carnaval tout comme les cols dégagés, les décolletés asymétriques, les manches bouffantes ou manches capes. Le velours, le taffetas, la faille et l’organza métallisé réinterprètent des classiques tandis que le lurex argenté introduit une note contemporaine. Le verre fondu se transfigure en broderies ombrées. 

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