Mode du vêtement islamique : Élisabeth Badinter appelle au boycott
Le débat délicat sur la mode du vêtement islamique se poursuit, la controverse enfle. Cette semaine, la ministre du Droit des femmes Laurence Rossignol a fustigé - employant au passage un terme malheureux qui a fait polémique - les grandes marques vendant des vêtements islamiques, notamment H&M et Dolce & Gabbana, estimant qu'elles étaient "irresponsables" et faisaient "d'un certain point de vue la promotion de l'enfermement du corps des femmes".
De son côté, l'homme d'affaire et mécène Pierre Bergé a appelé les créateurs de mode à ne pas se rendre "complices de cette dictature". Dans "Le Parisien", la créatrice Agnès b. a estimé de son côté : "On ne doit pas banaliser un vêtement qui, quoi qu'on en pense, n'est pas anodin pour l'image de la femme."
"Une seule réponse, le boycott", pour Elisabeth Badinter
Dans un entretien à l'AFP, Elisabeth Badinter a jugé samedi que "pour ce qui regarde (ces) marques vestimentaires qui veulent vendre la tenue islamique, il n'y a qu'une seule réponse : le boycott". Elle considère en outre qu'on ne peut pas se dire féministe et défendre le port du voile. Les "dites +féministes islamiques+, elles oublient qu'en guise d'égalité elles doivent rester à la maison, que l'héritage est divisé par deux dans les pays musulmans et la polygamie admise dans le Coran dont elles se réclament", assène la philosophe.Dans les pages "Débat & Analyses" du "Monde" de dimanche 3 et lundi 4 avril, la philosophe s'exprime dans un entretien sur le thème : "Quelle République face à l'islamisme ?". Elle revient au passage sur les termes employés par la ministre Laurence Faure qui a fait un parallèle entre les femmes voilées et les "nègres américains", avant de donner son point de vue sur les vêtements islamiques lancés par de grandes marques : "La ministre a eu un mot malheureux en parlant de 'nègres', mais elle a parfaitement raison sur le fond. Je pense même que les femmes doivent appeler au boycottage de ces enseignes."
Elisabeth Badinter, qui dénonce depuis des années le port du voile et défend âprement la laïcité, n'ignore pas les accusations d'islamophobie à son encontre et en incrimine les "islamo-gauchistes". "Être traité d'islamophobe est un opprobre, une arme que les islamo-gauchistes ont offerte aux extrêmistes. Taxer d'islamophobie ceux qui ont le courage de dire : 'Nous voulons que les lois de la République s'appliquent à tous et d'abord à toutes' est une infâmie. Pour ma part, je persiste et signe."
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