Paris Fashion Week masculine : l'épreuve du feu pour de très jeunes labels
Des créateurs et marques de 14 nationalités (France, Espagne, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Pays-Bas, Belgique, Israel, Danemark, Suède, USA, Japon, Taiwan, Corée, Chine) se côtoient dans le programme officiel organisé par la Fédération de la haute couture et de la mode. A côté des grands noms du calendrier - Dior, Vuitton, Valentino, Hermès, Yohji Yamamoto, Balmain, Lanvin, Issey Miyake - , de très jeunes marques font leur apparition.
Trois très jeunes pousses font leur premier pas sur les podiums
GmbH (Allemagne / 2016) a été fondée par Serhat Isik (28 ans) et Benjamin Huseby (36 ans) en 2016. Isik est née en Allemagne de l'Ouest et vit à Berlin. Après une maîtrise en vêtements pour hommes à Berlin, il a travaillé comme concepteur chez Bless, a été free lance et conseil pour des designers et artistes. Son propre label éponyme, Serhat Isik, a été fermé après que sa première collection eut été volée en 2015. Huseby, qui a grandi dans la campagne norvégienne, a étudié aux Beaux-arts à Oslo. Photographe pour les magazines The Gentlewoman, Fantastic Man, Dazed, Purple, W, il a exposé à New York, Berlin, Londres et à la Biennale d'art de Berlin 2016. Il a également collaboré avec l'artiste collective Bernadette Corporation. Les deux directeurs créatifs de GmbH font également partie d'un plus grand réseau de collaborateurs à Berlin, comprenant des artistes, musiciens, DJ, écrivains, amis et muses.Nïuku (France / 2014) prononcez "New Kou". Nïuku signifie discrétion et partage. Deux valeurs qui adhèrent à l'esprit collectif de la marque. Niuku Diawal et Lenny Guerrier revisitent les archives de la mode du 20e siècle. Leur vision : une identité minimaliste et androgyne à travers des pièces intemporelles faites pour vivre saison après saison. Minimaliste et androgyne, la marque s'exprime par ses lignes épurées qui mettent en valeur les proportions du vêtement, sans prétention. En liant la couture et la culture urbaine, la collection devient intemporelle et interchangeable. Chaque pièce est fabriquée en France.
Palomo Spain (Espagne / 2015) est un nouveau venu dans le calendrier. Alejandro Gömez Palomo, né en Espagne, a été formé au London College of Fashion. Depuis son projet de fin d'études, il a présenté ses collections à Madrid, Moscou et New York. Il a fait parler de lui en juillet 2017 quand la chanteuse Beyoncé a présenté ses jumeaux vêtue d’une de ses créations, un manteau floral en organza de soie. Sa mode brise les frontières entre vestiaires masculin et féminin, offrant aux hommes une nouvelle façon de porter le vêtement.
Deux jeunes labels bien installés dans leur époque
Le collectif Vetements (France / 2014) fait encore le buzz. En juin 2017, lors des collections estivales 2018, Demna Gvasalia à la tête du label Vetements avait annoncé qu'il arrêtait de présenter des défilés. Le créateur géorgien affirmant alors : "Il est temps d'ouvrir un nouveau chapitre (...) On a fait le show dans un sex club, dans un restaurant, dans une église (...) C'est devenu répétitif et fatigant", expliquait-il alors au magazine Vogue. L'un des designers les plus influents du moment a depuis changé d’avis et revient pour présenter son show mais il a annoncé qu’il défilerait hors calendrier. Le label branché s'est fait connaître avec ses jeans faits de plusieurs paires de Levis et ses sweats à capuche oversize.C'est aussi un retour pour le label Off-White (Italie / 2013) de Virgil Abloh, l'un des finalistes en 2015 du prix LVMH, (conseiller mode de Kanye West). Il avait défilé lors de la PFW féminine automne-hiver 2016-17 en mars 2016. Le créateur américain a lancé sa marque de prêt-à-porter féminin et masculin en 2013 à Milan. Il repense de façon contemporaine et haut de gamme la culture (hip-hop) de la jeunesse qu’il mêle à des références de mode de la rue, pour un style décontracté mais luxueux. Off-White pour homme fait souffler un vent de luxe sur le monde du streetwear avec des coupes casual rehaussées de détails décalés. Imprimés créatifs, motif à bandes blanches et finitions texturées donnent vie à des modèles audacieux urbains.
Mais aussi le retour de deux marques historiques
Retour dans le calendrier pour Acne Studio (Suède / 1997) maison à l’approche multidisciplinaire dont le premier défilé parisien date de l'été 2012. À travers l’intérêt de son fondateur et directeur artistique Jonny Johansson pour la photographie, l’art, l’architecture et la culture contemporaine, Acne Studios a su proposer un cheminement alternatif et s’imposer en tant que créateur respecté de prêt-à-porter, magazines, meubles, livres et expositions. Les collections allient design et un soin particulier apporté aux détails, avec un accent particulier sur les coupes et un usage éclectique de matériaux et tissus créés pour la marque. Les collections comportent des articles de prêt-à-porter, chaussures, accessoires et denim pour homme et femme.
C’est une arrivée pour la marque Dunhill (London UK / 1893). En 1887, alors qu’il avait 15 ans, Alfred Dunhill travaille comme apprenti dans l’entreprise de bourrellerie familiale à Londres. À sa mort en 1959, son nom a acquis une renommée mondiale. Il a bâti sa fortune en remaniant l'affaire familiale afin de la reconvertir en fabricant d'accessoires pour l’automobile. "Je me suis rapidement rendu compte que ce nouveau mode de transport réclamait tout un tas de choses : des manteaux en cuir, des genouillères, des chapeaux dotés de rabats spéciaux pour une meilleure protection... J'ai ainsi attiré quasiment tous les automobilistes" disait-il. Sa devise "Tout, sauf le moteur". Après la Première Guerre mondiale, Dunhill s'est lancé dans la production d’articles de luxe masculins qui constituent encore aujourd'hui la clé de voûte de l'entreprise. Mark Weston a rejoint Dunhill London en avril 2017 en tant que directeur créatif. Il est passé auparavant par les maisons Burberry, Donna Karan, Coach.Un hommage à Azzedine Alaïa en clôture de la PFW
La dernière journée des défilés sera marquée par l'inauguration d'une exposition dédiée à Azzedine Alaïa, disparu en novembre 2017.
Intitulée "Je suis couturier", l'exposition se tiendra à l'adresse où vivait et travaillait le couturier. Elle se compose de 35 pièces choisies par l'historien Olivier Saillard, qui avait signé la première rétrospective sur le travail du couturier en 2013 au Palais Galliera à Paris.
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