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"Chapeau Monsieur" se découvre à Argenton-sur-Creuse

Article rédigé par franceinfo - Corinne Jeammet
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Temps de lecture : 7min
Découvrez jusqu'au 11 décembre au musée de la Chemiserie et de l'Elégance masculine, cet élément -incontournable de la garde-robe masculine jusqu’au milieu du XXe siècle. Le chapeau d’homme a ses codes et cette exposition met l'accent sur l’évolution du chapeau aux XIXe et XXe siècles ainsi que le travail de chapelier. Les matériaux utilisés varient en fonction des modes et des saisons mais aussi en fonction de celui qui les porte !

Dans l’Antiquité grecque et romaine, chapeaux de feutre ou de paille tressée sont portés par les hommes. Mais c'est au Moyen-Age que le port du chapeau devient plus courant. En feutre de laine, en castor, en lièvre ou fourrés, leurs formes évoluent et se diversifient, ils peuvent être cylindriques, coniques ou pyramidales. Ils deviennent objet d'ornement voire de luxe. Néanmoins, la mode est au chapeau souple. A partir de la Renaissance, le modèle préféré des élégants est un petit chapeau de feutre à fond plat orné d’une plume d’autruche. Sous le règne d’Henri II, les chapeaux deviennent rigides grâce à un apprêt. Ils sont ornés de plumets, de panaches, de passementerie et de joyaux. Sous Louis XIII, les hommes portent un large feutre en castor, bas de forme et penché sur le côté droit, orné d’une plume d’autruche. Quant aux Elégants, ils préfèrent le chapeau à calotte haute et à triple panache. Durant le XVIIe siècle, la forme du chapeau ne cesse de varier ainsi que la dimension des bords, pour aboutir à la fin du siècle au «tricorne». Ces évolutions sont dues aux changements des modes vestimentaires. Avec la perruque, plus question de porter de chapeau, le tricorne devient un accessoire superflu. A la fin du XVIIIe siècle, l’abandon de la perruque favorise de nouveau le port du chapeau, pouvant devenir élément distinctif d’un groupe comme les Muscadins ou les Incroyables. C’est à cette période qu’apparaît le chapeau haut-de-forme en feutre et à larges bords qui deviendra au siècle suivant la coiffure masculine. Au cours du XIXe siècle, d’autres chapeaux font concurrence au haut-de-forme comme le «cape» ou «melon». Mal accepté à son début car considéré comme négligé, il devient après 1914 le chapeau habillé et remplace le haut-de-forme. Après la Seconde Guerre mondiale, le chapeau de feutre mou devient la coiffure à la mode. Cependant, le port du chapeau se fait moins présent dans le tenue masculine dès la fin des années 1960, il n’est plus porté aujourd’hui que par quelques inconditionnels !

Le feutre
Tous les poils d’animaux qui peuvent s’agglomérer sont utilisables. Ainsi chaque communauté utilise les poils d’animaux qui l’entourent, mouton, yack, chameau, chèvre… Les poils de lapin ou de lièvre, pour être employés seuls, doivent être traités chimiquement. Le feutrage repose sur la conjugaison du frottement, de la chaleur et de l’humidité. En France, les chapeaux de feutre sont réalisés à partir de laine de mouton ou de poils de lapin ou lièvre. Feutrés, ils sont travaillés sous la forme de cône par les chapeliers. Le feutre de poils est le plus utilisé car il est de qualité supérieure.

Chapeau haut-de-forme
Il aurait été fabriqué par un Florentin vers 1760 puis porté en France à la fin du XVIIIe siècle. Orné d’une cocarde tricolore, il symbolisait la liberté durant la Révolution. Chapeau de forme haute et rigide, plus ou moins cylindrique, au bord étroit, il peut être en feutre ou en panne de soie. Au XIXe siècle, sa forme et sa hauteur varient, et le haut-de-forme en soie est préféré à celui en feutre, plus cher, plus lourd et moins brillant. Détrôné par le chapeau melon au début du XXe siècle, le haut-de-forme n’est porté que lors de cérémonies officielles ou aux courses, surtout en Angleterre par les Lords.

Chapeau melon
Le chapeau melon ou cape est un chapeau de feutre dont la calotte, semi-sphérique, est ceinturée d’un gros-grain. Considéré comme négligé à ses débuts vers 1863, il gagne une place d’honneur en remplaçant le haut-de-forme. Porté à la ville avec un complet, il peut être gris avec une tenue plus habillée. Après la Seconde Guerre mondiale, il est remplacé par le feutre mou. Le melon reste le symbole de la bourgeoisie et du monde de la finance. Mais qui seraient Charlie Chaplin, les frères Jacques ou Laurel et Hardy sans leur chapeau melon ?

Chapeaux de feutre mou
Il apparaît dans la seconde moitié du XIXe siècle mais ce n’est qu’à partir des années 1920 qu’il est porté. La hauteur de sa calotte ou la largeur de ses bords varient. Pendant les années folles, les bords sont plats et larges tandis que la calotte, plus haute, est garnie d’un ruban moins étroit. Après la Seconde Guerre mondiale, la mode est au feutre léger dont la calotte est assez basse. Les bords sont parfois repliés ou agrémentés de plusieurs rangs de couture. Pour le soir, les hommes portent le Morès, ou chapeau de smoking, à la calotte haute et aux bords gansés. Cependant, il va disparaître à la fin des années 1960.

Casquettes et chapeaux… de toile
La casquette, couvre-chef à calotte plate en matière souple et à visière, dérive du bonnet du XVe siècle. Au XIXe siècle, elle est portée par les classes populaires et devient un accessoire vestimentaire distinctif de la classe sociale. L’ouvrier la porte alors que le bourgeois porte le chapeau. C'est aussi un accessoire porté par les sportifs. Afin de se différencier, chaque groupe social souhaite montrer son originalité par la couleur, la forme, le décor. Dans l’uniforme militaire, la casquette, d’abord portée dans la marine et l’aviation, se substitue petit à petit au képi de l’armée de terre. Les chapeaux en toile sont portés pendant les saisons intermédiaires. Grâce à une calotte piquée, ils peuvent se plier dans une poche sans se déformer. Imperméables, ils s’associent au trench-coat.

Chapeaux de paille
Le canotier se généralise à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Fabriqué en paille dont les tresses sont le plus souvent cousues, c'est un chapeau rigide de forme ovale à fond et à bords plats. Il est porté l’été pour les sorties au bord de l’eau. Il va être vite concurrencé par le Panama, originaire d’Amérique du Sud. Sa souplesse, il peut être roulé sans se déformer, est un atout. Le Montechisti, qui tire son nom d’un village d’Equateur, est la marque la plus célèbre et la plus recherchée. Le chapelier réalise à la main le point de départ au centre de la calotte puis coud en colimaçon en s’aidant d’une forme. Certains chapeaux de paille peuvent être fabriqués à partir de cônes de paille tressée qui seront alors travaillés sur une calotte en bois.

Musée de la Chemiserie et de l’Elégance masculine. Rue Charles Brillaud. 36200 Argenton-sur-Creuse. Tél : 02-54-24-34-69. Jusqu'au 11 décembre 2011. Ouverture au public du 1er septembre au 23 décembre 2011, de 9h30 à 12h et de 14h à 18h, sauf le lundi.

Chapeaux de paille
 (Collection Musée de la Chemiserie )

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