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"Hussein Chalayan, récits de mode" s'expose aux Arts Décoratifs à Paris

Article rédigé par franceinfo - Corinne Jeammet
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Temps de lecture : 4min
Les Arts Décoratifs invitent à une « carte blanche » jusqu'au 11 décembre 2011 l’un des créateurs de mode les plus innovants et visionnaires de son époque. Engagé depuis 17 ans dans une démarche expérimentale et conceptuelle, il se situe à la frontière entre la mode, l’architecture et le design. Son oeuvre se démarque par sa rigueur intellectuelle et sa quête de perfectionnement technique allant jusqu’à défier les stéréotypes de l’univers de la mode. Dès ses débuts, il se distingue en explorant de façon inventive des médiums tels que la sculpture, le mobilier, la vidéo ou les effets spéciaux du cinéma qu’il utilise pour ses collections.

L’exposition, sur deux niveaux, sans être chronologique, est un décryptage de l’univers du créateur. Au 1er sont présentées les collections qui constituent le fondement de sa pensée, celles qui interrogent les barrières politiques, culturelles, religieuses, géographiques et techniques. Le 2ème met l’accent sur les notions de mouvement : déplacement du corps, migrations et vitesse... Les collections et installations sont exposées dans une scénographie imaginée par Block Architecture, baignées dans une harmonie de sons et de lumières.

Quid de Hussein Chalayan ?
Né à Nicosie en 1970, il fait ses études à Chypre puis s’établit à Londres où il obtient, en 1993, le diplôme de la Central Saint Martins College. En 1994, il crée sa maison et présente sa première collection avec les « Buried Dresses » : série de robes inhumées dans un jardin trois mois avant le défilé, métamorphosées par l’oxydation et l’altération des tissus. Cette présentation suscite un vif étonnement et les critiques sont élogieuses. Depuis, Hussein Chalayan ne cesse de surprendre et d’intriguer devenant l’une des figures les plus avant-gardiste de la mode britannique. Créateur engagé, il sait imposer sa lecture de la mode, proposant une prise de conscience sur les enjeux de notre civilisation. Son engagement sur les grands sujets de société, n’est jamais là pour dénoncer mais propose une quête spirituelle susceptible, un jour peut-être, de modifier le cheminement du monde. Cependant, Hussein Chalayan est conscient que ses collections doivent être portables et que les clientes ne cherchent pas nécessairement à connaître son processus créatif.

De collection en collection, il raconte sa formation intellectuelle, dévoile ses origines multi-culturelles et s’interroge sur le monde
Ses influences font référence à son histoire personnelle, empreinte de voyages et de déracinements et aux problèmes de société comme les conflits dans le monde. En pleine guerre du Kosovo, il imagine Afterwords (automne-hiver 2000), une collection faisant référence aux exilés et aux réfugiés en fuite, incarnant le statut de déraciné de l’homme contemporain. D’autres collections renvoient à la folie destructrice des hommes. Ventriloquy (printemps-été 2002) utilise la couleur rouge qui rappelle autant la beauté des coquelicots que le sang des soldats morts à la guerre.

Quelques années après, le phénomène s’inverse. Les vêtements montrent le paysage urbain londonien et l’influence du monde qui nous entoure dans le défilé Earthbound (automne-hiver 2009). Ses collections se répondent par attractions réciproques et produisent les interactions à partir desquelles il fonde ses créations futures. Dans ses défilés, les corps, les voix, la musique, la lumière, le décor et la collection laissent le sentiment d’un témoignage autobiographique.

Hussein Chalayan explore ainsi les interactions entre nature, culture et technologie, transformant ses idées en monuments. Le défilé Temporal Meditations (printemps-été 2003) a, comme toile de fond, l’image d’un avion, symbole de la vitesse et image récurrente de son travail. Parmi ses robes les plus emblématiques, Remote Contrôle dress, avec sa structure lisse et blanche, amovible, semble sortie d’une usine aéronautique. Il enquête également sur le monde, sa vitesse et son évolution. Inertia (printemps-été 2009) symbolise la rapidité du déplacement où les motifs utilisés sont empruntés à l’univers de l’automobile. Hussein Chalayan n’ignore pas non plus l’univers domestique. La collection Repose (automne-hiver 006), renvoie au cadre rassurant de l’habitat où l’artiste a incorporé aux vêtements des éléments du mobilier de la maison.

Le créateur cherche dans de multiples disciplines artistiques des dialogues qui oscillent entre poésie, sérénité et vivacité des mouvements
Il explore de nouveaux champs de réflexion, s’interroge sur l’habit comme sur le corps qui le porte, redéfinit le contour du vêtement comme son rôle social n’oubliant jamais de rappeler que l’environnement tient, dans son travail, une place aussi importante que la recherche formelle.

À cette occasion sont présentées des œuvres réalisées en partenariat avec Swarovski : six pièces maîtresses issues de précédentes collaborations ornées de Swarovski Elements, dont la plus récente, la Floating Dress, de la collection automne-hiver 2011, présentée pour la première fois au grand public. Au cours des cinq dernières années, Swarovski et Hussein Chalayan ont collaborés sur de nombreux projets qui ont donné lieu à des créations innovantes dans le domaine de la mode, de la bijouterie, de l’architecture et du design.

Musées des arts décoratifs. 107, rue de Rivoli. 75001 Paris. Ouvert du mardi au dimanche de 11 h à 18 h. Nocturne le jeudi jusqu’à 21h.

Hussein Chalayan, récits de mode
 ( © Luc Boegly)

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