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"L’Asie rêvée d’Yves Saint Laurent" ou les voyages imaginaires du couturier au Musée YSL de Paris

Première exposition temporaire thématique du Musée Yves Saint Laurent depuis son ouverture en 2017, "L’Asie rêvée d’Yves Saint Laurent" rassemble 50 modèles haute couture inspirés de l’Inde, de la Chine et du Japon. "Il me suffit d’un livre d’images pour que mon esprit se fonde dans un lieu, ou un paysage […] Je n’éprouve aucun besoin de m’y rendre. J’en ai tellement rêvé…" disait YSL. Emouvant.
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Patelot de toile enduite brodée de passementerie et de paillettes. Les broderies semblent héritées des entrelacs ottomans et ilustrent la volonté du créateur de matérialiser son "Orient raffiné. 
 (Corinne Jeammet)

Ces pièces issues de la collection du musée YSL sont présentées en dialogue avec des objets d’art asiatiques prêtés par le musée national des arts asiatiques Guimet et par des collectionneurs.

Depuis longtemps, l’Asie exerce une fascination sur les artistes européens et Yves Saint Laurent ne fait pas exception : dans ses collections, il en livre une vision très personnelle fondée sur une connaissance approfondie de son histoire, de sa culture et de ses arts... mais sans s'y être nécessairement rendu !

A l'exception de l'exposition qui lui était consacrée à Pékin en 1985, Yves Saint Laurent ne voyagea pas en Chine. C'est donc à travers sa vaste collection de livres, les films ou objets chinois qu'il possédait qu'il se construit une Chine imaginaire. 
 (Corinne Jeammet)

Des voyages "imaginaires" ou "immobiles"

Grâce à ses "voyages imaginaires" ou "immobiles", le couturier a donné une vision rêvée de contrées lointaines, teintée de connaissances puisées à la fois dans ses lectures et dans une approche directe des objets d’art.
La Chine florale dans ses créations d'inspiration chinoise, Yves Saint Laurent emploie de façon récurrrente des motifs floraux qui renvoient explicitement à l'Extrême-Orinet. Il les découvre par sa collections de céramiques et des lectures. Ici trois ensembles chinois brodés de soie, automne-hiver 1970
 (Corinne Jeammet)
Il a plongé au coeur des coutumes locales, exploré le folklore, détourné les clichés afin de proposer une représentation sublimée de traditions vestimentaires. Parmi ses "exotismes", l’Asie occupe une place particulière qui ponctue toute son oeuvre.
Veste de soir automne-hiver 1977. Cette veste brillante à la staure imposante est frappée d'un médaillon qui fait allusion aux badges impériaux, ainsi qu'au mobilier chinois dont les vantaux de portes sont ornés d'un motif circulaire en laque. 

L’Inde, la Chine et le Japon donnent vie à ses créations couture

C'est une vision à la fois littérale et imaginaire de l’Asie. Tout au long de sa carrière, il a regardé les costumes traditionnels indiens, chinois et japonais, pour donner vie à des créations haute couture. Dès ses premières collections, il réinterprète les somptueux manteaux des souverains de l’Inde.
Dès sa première collection du printemps-été 1962, YSL réinterprète les vêtements de la garde-robe impériale dans une vision personnelle et féminisée du manteau traditionnel indien. 
 (Corinne Jeammet)
Ensuite, la Chine impériale lui inspire la collection de l’automne-hiver 1977, pour laquelle il donne une image théâtrale et transformée du pays. Le créateur mettra même en exergue ces influences asiatiques à travers une nouvelle fragrance, la "sulfureuse" Opium qui suscite un vent de scandale et lui confère un succès mondial. Fasciné par le Japon, et en particulier le théâtre Kabuki, il revisite plus tard le kimono.
"Il me suffit de regarder un très beau livre sur l'Inde pour dessiner comme si j'y avais été, c'est le rôle de l'imaginaire" disait le couturier
 (Corinne Jeammet)

Un premier parcours rétrospectif

Présenté dans le lieu historique de l’ancienne maison de couture, le parcours inaugural du musée compile les multiples facettes esthétiques et techniques des créations de la maison Yves Saint Laurent. Le 1er parcours inaugural - qui s’est tenu jusqu’au 9 septembre 2018 - rendait compte du génie créatif du couturier via des pièces haute couture accompagnées d’accessoires, de croquis, de photographies ou de films. Les modèles les plus emblématiques - smoking, saharienne, jumpsuit, trench-coat - qui sont la quintessence de son style, côtoyant ses hommages à l’art, en passant par ses collections inspirées de la Chine, du Maroc, de l’Espagne et de la Russie.
"Très tôt, je suis allé à la rencontre du Japon et tout de suite j'ai été fasciné par ce pays ancien et moderne, et j'ai, depuis, à diverses reprises subi son influence" disait YSL
 (Corinne Jeammet)

Un musée témoin de l’Histoire du XXe siècle

Chaque année, la programmation du musée, ouvert fin 2017, est rythmée par une exposition temporaire thématique (d’octobre à janvier) puis par un retour à un parcours rétrospectif (de février à septembre). La visite se terminant toujours dans le bureau de travail du couturier. 

Installé dans l’hôtel particulier historique du 5 avenue Marceau où naquirent, de 1974 à 2002, les créations du couturier, le parcours explore la vie de la maison de couture et le processus de création d’une collection. Il se veut le témoin de l’Histoire du XXe siècle et d’une haute couture qui accompagnait un certain art de vivre aujourd’hui disparu.
L'exposition se termine dans le bureau du couturier Yves Saint Laurent, là ou il créait toutes ses collections
 (Corinne Jeammet)

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