"Un regard sur Yves Saint Laurent", Olivier Chatenet dévoile ses trésors vintage à Dinan
"Je n'avais jamais fait une exposition de cette envergure en province. C'est l'occasion de permettre aux gens de découvrir - hors de la structure parisienne et des grandes métropoles - une exposition qui fait partie du patrimoine" explique Olivier Chatenet.
Comment a-t-elle été conçue ?
"L'œuvre de Yves Saint Laurent est très vaste mais le lieu m'a obligé à être concis dans le nombre de looks proposés. 40 silhouettes (36 féminines) et des foulards des années 60' couvrent la période située entre 1968 et 1978. C'est le cœur de cible de sa création, la période pendant laquelle le couturier va définir ses classiques indémodables" insiste le commissaire de l'exposition."L'exposition se divise en 2 parties. La première, déclinée dans des couleurs neutres, est très moderne. Ce sont des vêtements de jour avec une pièce très ancienne, la saharienne orange de 1968, ainsi qu'un perfecto de 1971. La deuxième partie est plus colorée, plus festive et plus ludique. C'est un aspect plus léger du couturier, avec des vêtements qui prônent l'abandon".
Quelle est votre première pièce Saint Laurent ?
"Je me souviens d'avoir acheté un trench kaki Yves Saint Laurent 10 francs chez Guérissol. C'était dans les années 70'. Ce n'est pas la pièce la plus incroyable de ma collection mais la première pièce de l'édifice".Quelle est votre pièce préférée dans cette exposition ?
"La robe grecque en jersey bleu marine".Quelle est la pièce dont vous rêvez ?
"Le smoking noir de 1966".De quand date cette passion ?
"C'est venu naturellement. J'ai toujours acheté des pièces. Je me souviens quand j'avais 15 ans, j'allais aux puces et dans les salles de vente avec mon père. J'ai ainsi acheté un trench kaki Yves Saint Laurent 10 francs chez Guérissol dans les années 70.Combien de pièces composent votre collection ?
"Les pièces Yves Saint Laurent y occupent une large place. Je possède entre 3.000 et 4000 références. J'ai beaucoup d'accessoires : foulards, ceintures, bijoux, chapeaux et lunettes. Après ce chiffre de 3.000, j'ai arrêté de compter"."C'est un job de tout répertorier ! J'ai photographié ma collection, tout est sur Ipad. Il me sert pour travailler mais je pourrai faire un catalogue avec. Ma collection va être de plus en plus visible puisqu'elle a été déménagée. Elle sera bientôt ouverte sur RDV. J'ai au total entre 6000 à 7000 pièces".
Où dénichez-vous vos trésors ?
"La recherche de nouvelles pièces a évolué depuis 15 ans avec la passion pour le vintage. Hier, j'allais aux puces, puis je suis passé aux brocantes et, ensuite, aux ventes aux enchères, qui aujourd'hui se sont démultipliées. Les vêtements n'y sont plus aussi abordables. Artcurial par exemple a, en plus de son département bijoux, un département spécialisé Hermès Vintage & Fashion Arts. Je trouve, encore, sur les sites de ventes en ligne qui font des enchères mais mon volume d'achat a diminué. En 10 ans, les prix ont été multipliés par 10. Aujourd'hui, je suis plus sélectif qu'hier. Je recherche des pièces rares. Je m'intéresse à l'émergence du prêt-à-porter, à l'arrivée des premiers stylistes et designers. C'est le début de leurs parcours qui me passionne avant tout".Olivier Chatenet, parcours d'un passionné
Prix de l'Andam en 1991 et Venus de la mode en 1993, professionnel de la mode depuis 30 ans, Olivier Châtenet a débuté sa carrière en tant qu’assistant d’Azzedine Alaïa, puis de Thierry Mugler. Il a travaillé, entre autres, pour Hermès et sa propre marque.Il a développé en parallèle une collection textile centrée sur les stylistes et créateurs des années 60 à 80, constituée aujourd'hui de plus de 6000 pièces.
Ce fonds privé, unique, consacré à Yves Saint Laurent lui a permis de réaliser plusieurs expositions à Paris, Shanghai, Hong Kong. Certaines de ses pièces ont habillé les acteurs du film de Bertrand Bonello. En 2012 et 2013, il a participé à deux évènements consacrés à Yves Saint Laurent. Et en 2015, la Galerie Joyce a accueilli une exposition consacrée à ses pièces vintage.
Yves Saint Laurent, toujours d'actualité
Deux musées consacrés au couturier ouvriront le 3 octobre 2017 à Paris et le 19 octobre 2017 à Marrakech. Ils permettront à la Fondation, qui conserve 40 années de création, d'exposer une partie de ses collections composées de 5.000 vêtements haute couture et 15.000 accessoires.Précurseur, Yves Saint Laurent est le seul couturier de sa génération à avoir archivé tout son travail.
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