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Rencontre avec Kuki De Salvertes, découvreur de talents mode émergents

Alors que la Fashion week masculine de l'hiver 2017-18 vient de se terminer et que la semaine de la haute couture printemps-été 2017 est en cours, l’exposition "Kuki de Salvertes, une vie dans la mode" évoque les rencontres déterminantes et les itinéraires chaotiques mais toujours passionnés d'un personnage en quête d’une beauté novatrice ou disruptive. Rencontre avec un passionné.
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Kuki de Salvertes et le créateur Raf Simons
 (Totem Fashion Paris)

Des débuts auprès de Nicole Ciano, à la découverte des talents de demain, en passant par les succès des créateurs belges à la fin des années 90, l'exposition opte pour un axe chronologique volontairement subjectif, composé des meilleurs moments mais aussi des moins bons. 

Kuki de Salvertes et le créateur Bernhard Willhelm 
 (Totem Fashion Paris)

Quel est le jeune talent qui vous a le plus bluffé ?

"Walter Van Beirendonck, il y a 25 ans déjà il a su imposer son style inédit et unique à travers les décennies qui ont succédé, il a surfé avec les tendances tout en respectant son identité. Aujourd'hui il est toujours présent en haut de l'affiche, il n'a jamais renié ses codes tout en les réactualisant. Il est pour moi l'exemple parfait de ce que la mode fait de mieux et de plus pur".

Quel est le talent pour lequel vous vous êtes le plus battu ?

"Je me suis battu pour tous, néanmoins j'ai mis un acharnement certain à défendre Raf Simons dès sa première collection et ce pendant 17 ans. Je l'ai fait découvrir à la profession, je l'ai imposé avec acharnement, j'y ai mis toute mon énergie et toutes mes forces car l'enjeu m'a dès le départ semblé être de premier ordre".
Kuki de Salvertes et le créateur Raf Simons
 (Totem Fashion Paris)

Quel est le talent en qui personne ne croyait ?

"Lorsque j'ai découvert et pris en contrat Manish Arora, tout le monde a éclaté de rire. Les professionnels comparaient Manish Arora a un ersatz du carnaval de Rio. Il est vrai qu'à l'époque nous étions en pleine vague minimaliste, les belges étaient encore au premier rang et cette explosion de couleur correspondait peu à ce que l'on pouvait voir sur les podiums. Néanmoins je croyais en Manish Arora, je savais que ça allait marcher et j'ai tout fait pour l'imposer à une profession très dubitative".

Quelle est l'école de mode à suivre pour son vivier de jeunes talents ?

"La Central Saint Martins school me semble être l'école la plus impressionnante qui existe. Dans cette école, aucun computer, aucune notion marketing, on travaille avec les mains, on dessine, on peint... C'est incroyablement impressionnant. Impressionnant aussi le nombre de génies sortis de cette école depuis 30 ans".
Un modèle du créateur Richard Quinn lors d'un défilé
 (Totem Fashion Paris)

Quel est le talent à suivre ?

"Incontestablement le nouveau talent à suivre est Richard Quinn. Fraîchement diplômé de la Central Saint Martins school, il réinvente les codes de la féminité dans un univers ludique, imprimé, coloré, extrêmement glamour et romantique qu'il twiste avec un univers sado-masochiste, latex et bondage. Tout cela est terriblement excitant et nouveau. C'est le génie de demain".

Un bon et un mauvais souvenir de Fashion week ?

"Lorsque l'on parle de Fashion week, tous les souvenirs sont bons. C'est assurément la chose la plus excitante au monde qui puisse être que les défilés. Ceux qui ont des mauvais souvenirs de Fashion week sont définitivement des losers et n'ont rien à voir avec la mode. Il n'y a rien de plus passionnant qu'une Fashion week".

Un homme de passions

Diplômé d'Esmod en 1982 dans la section style, illustration de mode, histoire de la mode et du costume, il débute en 1983 comme attaché de presse chez Moschino, où il sera en charge du secteur européen jusqu'en 1989. De 1989 à 1991, il est attaché de presse international de Vivienne Westwood tout en collaborant en freelance depuis 1984 avec Marcel Marongiu et Alain Mikli. A partir de 1992, au sein du bureau de presse Totem, qu'il crée avec Patrick Girault, il contribuera au lancement et à la notoriété de créateurs d'avant-garde : Jeremy Scott, Olivier Theyskens, Raf Simons, Veronique Branquinho, Bernhard Willhelm, Walter van Beirendonck, A.F. Vandevorst, Haider Ackermann, Iris Van Herpen, Manish Arora, Richard Quinn...
Isabelle Blow (the famous english magazine editor and muse of hat designer Philip Treacy) & Kuki De Salvertes
 (Totem Fashion Paris)
Animé par une passion pour la création, il a détecté nombre de ces nouveaux talents dès la fin de leurs études, notamment à l'Académie Royale des Beaux-Arts d'Anvers, pépinière fertile en matière d'avant-garde de la mode. 

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