"Réparer ses vêtements est un savoir-faire qui est en train de disparaître" : à la Fashion Week de Paris, une créatrice propose des vêtements rapiécés
Eliane Heutschi n'a pas attendu la signature du "Fashion Pact" en août dernier, pour s'engager pour l'environnement. Pour élaborer ses collections, cette créatrice réutilise des tissus et limite ses déchets.
C'est le premier grand événement dans le monde de la mode, depuis la signature du "Fashion Pact" l'été dernier lors du sommet du G7 à Biarritz. La Paris Fashion Week se poursuit jusqu'à mardi 1er octobre. Alors que trente industriels du secteur textile se sont engagés à réduire leur impact environnemental, la Suisse Eliane Heutschi applique déjà ce principe, avec sa toute jeune marque Savoar fer. Elle a présenté sa collection printemps/été 2020 au Palais de Tokyo.
Lors de ce défilé, qui ressemblait plutôt à une saynète au ralenti, les mannequins se croisent, se saluent, sourient. "On amène quelque chose de beaucoup plus honnête et de beaucoup plus sincère, pour prendre conscience du mouvement que l'on fait, et du coup de l'impact que l'on a", explique Arthus Monat qui a imaginé la chorégraphie. Il s'agit donc de "marcher librement". "Si j'ai envie d'aller à droite, je vais à droite (...). De toute façon, l'homme donnera quelque chose à ce vêtement par cette rencontre que les gens auront en circulant", poursuit-il.
Réparer des vêtements au lieu de les jeter
Le ton est donné. On est très loin de la "fast fashion". Eliane Heutschi a même construit sa collection autour des techniques de réparation, le rapiéçage et le reprisage. "Ce savoir-faire très domestique est en train de disparaître. Dans notre société, c'est presque du prêt-à-jeter. On achète quelque chose, on le porte quelques fois et on le jette", explique la créatrice.
L'idée, c'est de dire que réparer ses vêtements est un savoir-faire que l'on est en train d'oublier
Eliane Heutschià franceinfo
Comme une bonne ménagère des années 1950, la jeune créatrice est économe. Pas de surproduction, pas de gaspillage. "C'est ma responsabilité de faire attention à tout cela : j'utilise beaucoup de tissus de stock, de fin de série. C'est vraiment important pour nous d'utiliser ce que l'on a déjà. Par exemple, on a déchiré nos toiles avec lesquelles on a trouvé des volumes, et on les a utilisées pour faire les invitations. Pareil pour tous les boutons qui sont en polyester; le fil est recyclé. On essaie d'avoir des déchets les plus faibles possibles. On a pas mal de lois qui sont passés, qui font qu'on ne peut plus déchirer nos stocks. Tout cela va venir et va complètement changer le jeu", poursuit Eliane Heutschi.
Des vêtements pour toutes les femmes
Elle a aussi choisi des mannequins qui ne sont pas classiques. À 59 ans, Caroline défile pour la première fois : "Ce n'est pas évident, avec des bouts de tissu, que cela donne quelque chose qui se tienne. Voyez ces deux matières différentes, je n'aurai pas pensé à les associer, alors qu'en fait, c'est joli".
Dans ces vêtements, on se sent bien, on se sent femme, on se sent libre, et à n'importe quel âge.
Carolineà franceinfo
"On est pas beaucoup à avoir plus de 50 ans dans les défilés. Moi, je ne fais pas un 38, je fais un 42. Et voyez, je porte ces vêtements !" s'amuse Caroline. Quelques vêtements dans lesquels on se sent vraiment bien, et c'est tout. Eliane Heutschi en est convaincue : il faudra désormais impérativement consommer moins.
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