: Reportage "Je pense que je serais cliente" : le lancement de la plateforme de seconde main de Zara attendu en France
Zara, c'est l'une des marques préférées de Giuseppa qui avoue y aller "plusieurs fois par mois" et la Parisienne voit plutôt d'un bon œil le lancement jeudi 7 septembre de "Pre-owned", la plateforme de seconde main réservée à la marque. Il sera possible de revendre ses vêtements déjà portés ou ses accessoires à d'autres particuliers, à condition qu'ils viennent... de chez Zara.
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La marque d'Inditex aux 12 000 nouveaux produits chaque année entend ainsi être plus durable, faire des efforts pour la planète. "C’est plutôt un bon départ", applaudit Giuseppa, d’autant plus que "Zara est accusé de fast-fashion. Je pense que c’est une manière de redorer leur image et pour nous, de réutiliser les vêtements, de participer au développement durable... Je pense que je serais cliente".
Un marché de 105 milliards d'euros
Mais la "seconde main", c'est aussi un nouveau marché de 105 milliards d'euros dans le monde et Manon Richert, de l'assocation Zero Waste France, regarde l’initiative de Zara elle avec méfiance. L'association écologique a récemment traqué des vêtements qu'elle a mis dans des boîtes à dons chez Zara.
Et à l'exception d'un produit, l'entreprise a plutôt eu de mauvais résultats. "Les vêtements tracés sont restés coincés dans les entrepôts. Donc, concrètement, on ne sait pas ce qu’il en est advenu. Ce que ça montre surtout, c’est, encore une fois, que les marques de mode elles-mêmes, sont incapables de gérer la fin de vie des vêtements qu’elles mettent en marché".
Inditex répond que ces produits sont encore en attente de leur nouvelle vie, mais il en faut plus pour convaincre Zero Waste France, persuadée que l'objectif de cette nouvelle plateforme est ailleurs. "C’est une réponse de Zara à la demande croissante des consommateurs pour la seconde main, et une réponse aussi de l’entreprise aux évolutions réglementaires en cours. Au niveau européen, on parle notamment de mettre en place une responsabilité élargie du producteur qui consisterait donc à inciter les industriels, les distributeurs de la filière textile à réemployer de plus en plus de vêtements", précise Manon Richert.
La prochaine tendance sera la location
Selon elle, le vrai problème reste la surproduction : l'industrie textile est l'une des plus polluantes de la planète. Et si rien ne change, elle concentrera en 2050 un quart des émissions de gaz à effet de serre du monde.
Au-delà de l'aspect supposé écologique, pour Dominique Roux, professeure de sociologie de la consommation à l'Université de Reims, c'est une nouvelle façon de fidéliser les clients. "On tentait de vendre des choses au client, puis on a eu les modèles qui passaient essentiellement par des programmes de fidélité et maintenant, une forme de troisième modèle se met en place. Les clients ne cessent pas d’acheter du neuf, on ne tarit pas le marché puisqu’on peut revendre d’occasion derrière", avance Dominique Roux. La chercheuse en est convaincue : si les conditions économiques et écologiques ne s'arrangent pas, la prochaine tendance, ce sera la location.
En plus de la plateforme de revente, dès jeudi, il sera possible de faire des dons chez Zara, qui seront repris par l’association le Relais, mais aussi de donner des achats à réparer. Et l'entreprise s'engage à ce que les réparations soient faites auprès d'un prestataire français.
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