SPOOF 2 : Nathalie Croquet parodie des campagnes de publicité en chinant chez Emmaüs
En 2015, SPOOF1 mettait en scène des visuels où la rédactrice de mode Nathalie Croquet parodiait des campagnes de mode vues dans des magazines sous l'objectif du photographe publicitaire Daniel Schweizer. SPOOF1 avait soulevé des questions sur les standards de beauté dans la mode, la place de la retouche numérique et la question de la condition de la femme à travers sa représentation dans les médias.
Si SPOOF2 conserve son ton humoristique et léger, Nathalie Croquet -en association avec les travailleurs des ateliers d'insertion d'EMMAUS Alternatives à Montreuil- a chiné dans les stocks, vêtements et accessoires pour créer des looks s’approchant de ceux des campagnes de référence. SPOOF2 montre qu'une silhouette ou un look peut s'inventer ou se reproduire avec des vêtements de seconde main.
La styliste décomplexe les femmes et leur montre qu'elles peuvent rivaliser avec les mannequins. Ces photos sont présentées dans des cadres vintage chinés chez EMMAUS. Les tirages en série limitée, numérotés et signés Daniel Schweizer s'adaptent aux cadres qui sont tous de taille et d’aspects différents. D'une certaine manière, chaque épreuve est unique.
Lors de l’exposition, le visiteur peut voir les campagnes publicitaires sources d'inspiration en scannant avec son smartphone un flashcode in situ. Un va-et-vient de son écran à l'oeuvre exposée lui permet de dénicher les différences et de questionner la notion d'original et d'oeuvre d'art.
Une boutique éphémère présentant une sélection de vêtements luxe choisis par Nathalie Croquet griffés SPOOF2 x EMMAUS est en vente pendant l'exposition.
En quoi consiste le travail de styliste ?
"Etre styliste pour les magazines, c'est créer des sujets de mode, inventer son univers. Le mien est composite. Je mélange souvent la mode des créateurs à des effets personnels ou des pièces vintage pour donner une âme à des photographies couchées sur du papier."
Comment est né SPOOF ?
"Je suis styliste photo, je propose des séries de mode pour des magazines et j’accessoirise aussi la partie vestimentaire pour des campagnes de pub. L’idée de SPOOF m’est venue quand je me suis rendue compte que pour expliquer à mes équipes de photographes, maquilleurs, coiffeurs, ce que j’avais en tête pour des sujets de mode, je faisais des auto-portraits en situation. Cela faisait beaucoup rire et nous partions toujours sur une note amusée, curieuse, et créative".
Quel message souhaitez-vous faire passer ?
"L’année passée, SPOOF avait soulevé des questions multiples sur les standards de beauté dans la mode, la place de la retouche numérique et surtout la question de la condition de la femme à travers sa représentation dans les médias. Pour SPOOF2, tout en conservant le ton humoristique et léger, le message a changé. Les vêtements et accessoires sortent des entrepôts et boutiques d’EMMAÜS. Nous donnons à imaginer qu’il est possible d’accéder à la mode pour tous et qu’un look peut s’inventer avec des vêtements de deuxième main et que l’on peut valoriser ainsi sa propre garde-robe fashion. Ce que vous verrez est un copié-collé improbable de vêtements recyclés qui ont l’aspect de vêtements de luxe des campagnes publicitaires. Un tour de passe-passe insolent qui nous conduit à voir la reproduction aussi crédible que l’original".
Comment s'est passé la recherche des vêtements ?
"Dans la saison 1 de SPOOF, effectivement je porte les vêtements et accessoires des marques, à quelques exceptions. En revanche dans SPOOF2, l’idée est de faire coïncider des vêtements provenant des dons de l’association caritative EMMAÜS et les avoir choisis pour être au plus proche de la campagne de mode. C’était une gageure et le résultat est étonnant.... J'ai travaillé avec le réseau d'Alternatives à Montreuil, qui alimente les boutiques parisiennes. Une équipe de tri a recherché les vêtements dont j'avais besoin. Cela a pris un mois et demi".
"Jamais ne m’a effleuré l’envie de tourner en ridicule ces campagnes de pub qui sont le fruit d’un travail de qualité. Paradoxalement ce qui pourrait être interprété comme de la moquerie, s’est avéré un hommage et curieusement met en valeur les visuels d’origine tout en créant un autre univers. Il ne s’agit pas de plagiat mais d’une pause ludique dans mon travail et cela les marques l’ont bien compris. Notre travail de qualité a été pris au sérieux et certaines de ces marques me suivent maintenant sur Instagram".
Exposition "SPOOF2" jusqu'au 30 mars 2016. Galerie Joyce. 168-173, Galerie de Valois. Jardins du Palais Royal. 75001 Paris. www.joyce.com
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