"Sneakers, les baskets entrent au musée", une exposition en grande pompe au Musée de l'homme
Plus qu'une mode, c'est un objet culte qui attise désormais la convoitise des collectionneurs. Indispensable du style, la sneaker franchit les portes du Musée de l’homme à Paris. A découvrir jusqu'au 25 juillet 2022.
Avec l'exposition Sneakers, les baskets entrent au musée, le Balcon des sciences du Musée de l’homme à Paris met en lumière la montée en puissance d'un phénomène de société. Jusqu'au 25 juillet 2022, objets de collection, affiches, documents d’archives, films audiovisuels et, surtout, 70 modèles iconiques retracent toute son histoire des origines à nos jours.
Sneakers, baskets, tennis... peu importent leurs noms, elles marquent notre façon de vivre et de nous habiller depuis le début du vingtième siècle. Portées par des millions de personnes à travers le monde, elles sont devenues, en quelques décennies, un objet de consommation de masse qui transcende le genre, l’âge et les milieux socio-culturels.
"Décortiquer un phénomène de culture urbaine contemporain"
"L'idée de l'exposition est de décortiquer un phénomène de culture urbaine contemporain" explique Noémie Verstraete, muséographe, et d'ajouter "nous avons fait des focus sur différents modèles iconiques pour retracer des moments forts de l'histoire des baskets".
L'exposition, bien que petite, offre un parcours chronologique très riche divisé en quatre sections : les origines, l'émergence de la culture sneakers, l'explosion du marché et le futur. Deux axes ont retenu notre attention : d'un côté, le rappel consacré à l'origine de la chaussure et à l'émergence de l'utilisation du caoutchouc et de l'autre, l'importance du mouvement hip hop dans l'explosion du phénomène.
Aux origines, le caoutchouc
L'exposition débute par un rappel historique, avec une partie consacrée au caoutchouc, composant aujourd'hui essentiel de cette chaussure. Mais à l'origine, il n'en est rien : les joueurs de tennis portent des espadrilles en corde. Ces dernières n'aident pas à la performance car elles ne permettent pas le rebond contrairement au caoutchouc. Le visiteur peut faire le test avec deux semelles mises à disposition : l'une en caoutchouc, l'autre en corde. L'utilisation de cette matière végétale (issue de la transformation du latex naturellement sécrété par certaines plantes comme l'hévéa) va donc être essentielle puisqu'elle va permettre à la semelle d'être performante, légère et rebondissante. Dès lors, les semelles en caoutchouc seront privilégiées pour les chaussures destinées à la course à pied, au tennis et au basket.
La mise au point d’une semelle en caoutchouc, discrète et silencieuse, donne son nom à la sneaker : "to sneak" (se faufiler, marcher sans bruit). "C'est pour cela que la sneaker a été utilisée aussi par certaines communautés urbaines : c'est à la fois une chaussure confortable, qui permet de s'enfuir vite une fois que l'on a tagué et que l'on ne veut pas que la police nous rattrape. Cela permet aussi de marcher silencieusement" explique Noémie Verstraete avant de préciser "aujourd'hui quand on parle de tennis et de baskets, on évoque plutôt des chaussures que l'on va utiliser pour le sport alors que les sneakers, ce sont des chaussures issues du sport mais qui seront portées dans la vie de tous les jours".
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"My Adidas" de RUN DMC, une chanson liée à la culture hip hop
A partir des années 70, les sneakers commencent à être portées dans la rue notamment par les jeunes urbains. Mais ce qui va lancer cette culture, c'est le mouvement hip-hop aux États-Unis. Les jeunes admirent de nouvelles idoles, "des rappeurs et les basketteurs qui portaient des baskets lors de leur exposition médiatique."
Ce que l'on sait moins - et que l'on découvre ici - c'est que c'est une chanson intitulée My Adidas de RUN DMC qui a fait le véritable lien entre la culture hip hop et les marques de basket. "Ce groupe de hip hop iconique portait des Adidas Superstar et lors d'un concert ils ont demandé au public de brandir leur paire de Superstar... Devant ce succès, le directeur marketing d'Adidas - présent à ce concert -, s'est dit que si avant on associait les sportifs aux marques, il fallait désormais y associer les rappeurs pour qu'ils deviennent des égéries pour les marques" explique encore Noémie Verstraete.
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Cette chaussure devient alors le symbole d’une affirmation sociale et culturelle de certaines minorités. Symbole de liberté et d’émancipation les sneakers deviennent par la suite un véritable accessoire de mode, jouant un rôle essentiel pour les marques, comme le démontre les 70 modèles iconiques exposés.
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