Une exposition sur la styliste britannique Mary Quant, figure des "Swinging Sixties"
Figure des "Swinging Sixties", Mary Quant est au coeur d'une exposition à Londres. Connue pour avoir révolutionné la mode en créant des vêtements branchés mais confortables pour les femmes, elle a popularisé la minijupe. Une centaine de pièces de la styliste londonienne sont à découvrir au musée V&A jusqu'au 16 février 2020.
Article rédigé par franceinfo
- franceinfo Culture (avec AFP)
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L'exposition du Victoria and Albert Museum présente vêtements et accessoires créés de 1955 à 1975 par Mary Quant et quelques affiches publicitaires pour ses produits cosmétiques. Si son titre de créatrice de la minijupe a fait l'objet de querelles, notamment avec le Français André Courrèges, elle a participé à la promotion internationale des coupes courtes et moulantes. Sa personnalité et son style si reconnaissable ont contribué à faire d'elle l'une des créatrices de mode les plus célèbres du Royaume-Uni.
Parmi la centaine de pièces exposées au V&A, du 6 avril au 16 février 2020, 35 ont été données par des femmes qui les ont portées. Elles partagent avec les visiteurs leurs anecdotes sur des écriteaux. Un imperméable en plastique rouge pétant avec un col blanc, de 1966, a ainsi habillé deux générations de la famille de Lady Michaelle St. Vincent. Une robe de cocktail courte violette a accompagné Nicky Hessenberg dans "l'épreuve" de ses toutes premières soirées "d'adultes".
Une boutique dans le bouillonnant quartier de Chelsea en 1965
Née en 1934 à Londres, Mary Quant fait ses débuts dans la mode avec celui qui allait devenir son mari, Alexander Plunket Greene. En 1955, le couple ouvre sa première boutique, "Bazaar", dans le quartier de Chelsea alors en pleine ébullition. Le magasin de vêtements et accessoires, ainsi que le restaurant en sous-sol, deviennent le point de ralliement des jeunes et des artistes. On y retrouve Brigitte Bardot, Audrey Hepburn, les Beatles ou les Rolling Stones.
Pour les vieux messieurs ses minijupes sont "immoral ! et dégoûtant !"
"Les messieurs en chapeau melon frappaient sur notre vitrine avec leurs parapluies en criant : immoral ! et dégoûtant ! à la vue de nos minijupes sur les collants mais les clients affluaient pour acheter", écrivait-elle dans sa dernière autobiographie (2012). King's Road, où était installée la boutique, devient un lieu de défilé dans une atmosphère de fête permanente caractéristique de ce "Swinging London" dont Carnaby Street à Soho est un autre point névralgique.
Forte de son succès, la styliste ouvre un second magasin londonien, collabore avec la chaîne américaine de grands magasins JC Penney et lance une ligne accessible au plus grand nombre, The Ginger Group, en 1960. Elle est composée de robes tabliers, longues ou courtes, dans des teintes prunes, grises ou ambrées.
Une mode ludique et sans snobisme
Adepte des formes géométriques, des pois, des contrastes de couleurs et des jeux de matières, comme le PVC, Mary Quant promeut une mode ludique et sans snobisme. "Il se trouve que mes vêtements collaient exactement avec la mode adolescente, avec la pop, les bars à expresso et les clubs de jazz", commentait-elle dans "Quant by Quant", sa première autobiographie parue en 1965.
Une icône de la "démocratisation de la mode"
"Mary Quant a joué un rôle déterminant dans l'émergence de l'identité de la mode britannique dans le monde et a fait de Londres un centre international de la mode de rue", a souligné Tristram Hunt, le directeur du musée V&A. En utilisant les moyens de production de masse, elle s'érige en véritable icône de la "démocratisation de la mode". Ses créations, aux coupes volontiers androgynes, sont pensées pour être confortables et "libérer physiquement" des femmes "qui travaillaient de plus en plus", note Jenny Lister, conservatrice de l'exposition. Son oeuvre "montre comme la mode peut refléter les changements sociaux et comme la mode peut, peut-être, les provoquer", poursuit-elle. Certains de ses vêtements ne sont pas exempts d'un grain de folie, avec par exemple des robes dotées de fermetures éclair sur le torse, pour dévoiler ventres ou poitrines.
Mary Quant a marqué son époque en s'appropriant les lignes de la mode masculine. Avec des coupes volontiers androgynes, elle promeut des vêtements confortables qui "libèrent physiquement" des femmes "qui travaillent de plus en plus", explique Jenny Lister. Une vidéo de ses défilés montre des mannequins libres de se déhancher au son d'une musique entraînante.
Lorsqu'elle est décorée par la reine en 1966, la styliste porte sa courte robe "OBE", pièce phare de l'exposition, inspirée des vêtements de sport. Ce penchant pour le "sportswear" et la mode de rue a fait d'elle une avant-gardiste. Nombre de pièces exposées rappellent étrangement le vestiaire des jeunes croisés aujourd'hui dans les quartiers branchés de la capitale britannique.
Nostalgique de "l'effervescence et l'innovation" du Londres des années 1960
Vivant dans le Surrey, Mary Quant qui ne fait que de rares apparitions publiques, a vendu en 2000 à des Japonais sa société de cosmétiques, dont le logo, une fleur, est resté sa marque de fabrique. Interrogée l'année de ses 80 ans, elle confessait une certaine nostalgie pour "l'effervescence et l'innovation" du Londres des années 1960 mais jugeait qu'il était "merveilleux d'être une femme à l'heure actuelle". "Une nouvelle espèce de superwomen est apparue", se réjouissait-elle dans son autobiographie.
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