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Upcycling, seconde main, vintage, location et réparation des vêtements : des pistes pour s'habiller éthique

Dans son livre "Une mode éthique est-elle possible ?", la sociologue Majdouline Sbai montre qu’en 20 ans, les Français ont doublé leur consommation de vêtements mais que 30 % de leurs achats ne seront jamais portés. Quelque 600 000 tonnes de textile sont ainsi jetées chaque année. Voici cinq pistes pour freiner cette course à la consommation tout en étant éco-responsable.
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Pulls de la marque 1083 réalisés à partir de pulls de pompiers recyclés
 (Courtesy of 1083)

Le nouveau luxe pour le consommateur, c'est aujourd'hui de s'habiller éthique. Les marques l'ont bien compris et redorent leur image en adoptant de bonnes pratiques. D'autres moyens comme l'upcycling, les vêtements de seconde main, le vintage, la location et la réparation des vêtements permettent aussi une consommation éco-responsable. 

1 L'upcycling

En marge de cette course effrénée à la surconsommation, l’upcycling s’avère une alternative. C’est l’art de transformer des matériaux récupérés en un produit de qualité supérieure. On ne jette rien, on transforme en utilisant d’anciens vêtements et en les destructurant pour en façonner de nouveaux : pulls de pompiers recyclés de la marque 1083, lingerie française Nénés Paris réalisée à partir de fibres recyclées, T.shirts Edition Bleue de TBS en coton et polyester recyclés, tutus en tissus recyclés de la maison FMK Paris, caleçons upcyclés Hast Paris réalisés avec des chutes de tissus en quantités trop faibles pour confectionner des chemises... Nombreuses sont les marques qui s'appuient sur ce crédo : Association Chaussettes Orphelines de Marcia de Carvalho, Gaelle Constantini, La Gentle FactorySakina M’Sa, Tumi…).

Lingerie Nénés Paris en fils recyclés
 (Courtesy of Nénés Paris )

De grandes enseignes mènent aussi des campagnes pour collecter des vêtements usagés en boutique (parfois avec contrepartie en bons d’achat). La plupart du temps, les textiles collectés sont remis à des organismes comme le Relais. Par exemple, Maison 123 a lancé avec I:CO, spécialiste de la collecte, un programme de recyclage de vêtements. En échange, les clientes bénéficient d'une réduction de 10% sur la collection. Kaporal mène également une campagne de collecte de vieux jeans, toutes marques confondues. En retour, elle propose 20 euros de réduction à valoir sur l’achat d’un nouveau jean. Ainsi du 4 avril au 12 mai, le Printemps propose une expérience shopping plus responsable et engagée. L'upcycling est mis à l'honneur dans les vitrines via des œuvres réalisées à partir de matériaux détournés. Maroussia Rebecq, directrice artistique du label Andréa Crews et pionnière du secteur, réalise une collection capsule upcyclée à partir des pièces des collections Au Printemps et Brummel, les marques propres du Printemps, et confectionnée par l'association Tissons La Solidarité.

2 Les vêtements de seconde main

Le marché de la mode de seconde main, en pleine expansion, reste une solution économique, écologique et écoresponsable pour prolonger la vie d’un vêtement. Cet engouement s'explique par une prise de conscience du gaspillage vestimentaire. Pour s'approvisionner, il y a bien entendu les charity shops - Emmaüs, La Croix Rouge, le Secours Populaire, Tissons la solidarité... - et les dépôts-vente comme La Frange à l'envers fondée par deux sœurs dont le crédo est "On aime l'idée que le vêtement ait plusieurs vies et une seule âme". Outre l'ouverture de la boutique, un pop-up store se tiendra aux Galeries Lafayette Haussmann du 4 juin au 9 juillet 2019. La vente d'articles d'occasion peut se faire aussi par les consommatrices elles-mêmes, via des applications (Vinted...). En France, 58% des textiles, linges de maison et chaussures collectés sont remis sur le marché en état (chiffres 2017 de la filière, Eco TLC selon Alice Jardillier, auteur d’un rapport sur l’économie circulaire dans l’industrie textile en 2018.

3 Le vintage

Dans ce marché de la seconde main, le vintage occupe une place de choix. Depuis quelques années, la mode joue la tendance éternel recommencement et chaque saison, une décennie de style tient la vedette sur les podiums. Beaucoup de créateurs s'inspirent, réactualisent, multiplient les clins d'œil et hommages, et les maisons qui ont un passé rééditent leurs modèles phares. Aujourd'hui, rien n'est plus actuel que de porter de l'ancien. La mode millésimée est devenue désirable de Paris à New York et de Londres à Milan : de Chloé à Prada en passant par Christian Dior, les pièces au look rétro n’ont jamais été aussi présentes sur les podiums et dans les pages des magazines. Le vintage satisfait une envie de rare, de personnel dans un monde où ce qui est à la mode se duplique à l'infini, partout au même moment. En s'offrant un sac des années 70, une robe qui a vécu ou un manteau signé d'un grand couturier de l'après-guerre, on affirme son goût pour l'authentique. Vintage est un mot anglais signifiant au sens propre “grand cru, millésime” mais il est utilisé pour qualifier tout ce qui est rétro. C’est en 2001 que le phénomène a explosé avec l’apparition de Julia Roberts à la cérémonie des Oscars, portant une robe Valentino millésimée 1992. 

4 La location et la réparation des vêtements

Les services de partage et de location de vêtements augmentent l’usage de la ressource et répondent au besoin des consommateurs de changement rapide et fréquent de vêtements. Au lieu d'investir dans de nouvelles pièces, qui souvent resteront au placard, optez pour ces sites qui proposent des services de location : le Grand Dressing, le Dresswing, Une Robe Un soirLe Closet, Panoply, Tale Me, Blingmi.... TMTF Showroom, lancé par la blogueuse de mode et Influenceuse Ayla Rasulov, propose aux blogueuses/influenceuses/célébrités une robe de soirée en échange d'une photo mentionnant la marque. Les autres clientes peuvent créer la robe de leurs rêves ou la louer.

Tendance plus récente, celle de la réparation. Certaines marques proposent des services de réparation afin d’encourager leurs clients à conserver leurs vêtements le plus longtemps possible (La Textilerie, Made My Lemonade).

5 Acheter des marques éthiques

Les marques éthiques s'engagent pour minimiser leur impact écologique et ne pas exploiter ceux qui fabriquent les vêtements. Elles sont référencés sur des sites comme Happy New Green et SloWeAre (Jules et Jenn, SKFK...). A noter que les Galeries Lafayette ont lancé fin 2018 le mouvement Go For Good pour une mode plus responsable. Les produits proposés présentent un bénéfice significatif par rapport à une production classique en matière d’environnement, de développement social ou de soutien à la fabrication française. 

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